jeudi 12 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : les dessins animés



Nicky Nineteen's

La pluie rebondit sur le trottoir et explose en gerbes d’étincelles translucides, captées par le seul lampadaire en état de marche de la ruelle. Les murs tanguent un peu mais ça ira pour le retour. Râpant d’une main lasse sa barbe de pilier de comptoir, il se dirige au jugé vers ce qui lui sert de piste d’atterrissage depuis qu’il a raccroché. Le duplex qu’il partageait avec Kaori dans le quartier de Shinjuku n’est plus qu’un lointain souvenir, et il a perdu la force de l’évoquer depuis longtemps.

Il se sait traqué depuis quelques années, mais ce soir est un soir spécial. Il devine la présence de l’autre, il peut presque sentir son haleine. Ses longues années d’entraînement sont loin mais la grande époque a tout de même eu la bonté de lui laisser quelques réflexes dans sa fuite, et il regrette amèrement d’avoir pris si peu de soin de son grand ami chauve à présent. Même demeuré, il s’était avéré bien utile en diverses occasions.

Un grillage. La ruelle s’arrête là. Il va falloir assumer les doses exponentielles d’alcool et de médicaments qu’il s’est envoyées ces dernières années, et il ne s'est pas fait de cadeau.

Il se retourne, vif et alerte croit-il. Son demi-tour semble malgré tout durer une vie, il a le temps de s'arrêter sur chaque détail, les containers en métal, la bouche d’égout salie d’une flaque de vomi, l’emballage de cheeseburger détrempé sur le sol, et, enfin, campé sur deux jambes immenses, le grand personnage aux longs cheveux bruns et aux yeux bandés qui avait si bien su se rendre invisible jusqu'ici.

C’est l’heure.

C’est l’heure, enfin.

Pas le temps pour la réflexion. Il s’élance brusquement en dirigeant sa main vers son holster et saisit son 357, fluide, calme. L’autre ne bouge pas et semble presque ne pas le voir. Dans un cri, il stoppe brutalement sa course et vise.

Un coup de tonnerre.

L’autre n’a pas bougé. Un instant il croit s'en être sorti. Le coup était ajusté, il faut croire que c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas.
Mais une lueur folle s’agite autour de son adversaire. A quelques centimètres devant son front, un petit éclat de métal flotte dans l’air, tournoyant sur lui-même. Puis tombe sur le sol, comme une mouche qui n’aurait pas vu une vitre.

Un coup. Brutal, profond. Autre chose que les coups de massue de Kaori… Il sent quelque chose craquer dans son bassin. Le sol apparaît brusquement devant ses yeux, il a juste le temps de tourner la tête pour éviter de se briser le nez.

Un autre, dans les reins. Ses jambes ne répondent plus. Il rampe pour la forme, mais espère qu'on en finira vite.

L’autre se penche sur lui, pose un genou près de ses yeux. Ses cheveux tombent près de lui. Une voix douce, condescendante, lui donne le dernier sacrement.
« en 1990, tu as provoqué la fin de Ken le survivant. Je m’appelle Shyriu et je te cherche depuis longtemps, Nicky. Je viens de la part de Ken, mais aussi de Sangoku, Seiya, Ranma et tous les autres. Tu aurais mieux fait de te cantonner aux Hentai. »

Un choc sourd. Nicky Larson voit son corps s’éloigner, en bas, dans cette ruelle, avec ce grand type efféminé qui le regarde calmement sous la pluie. Sa tête a un angle bizarre.

Son blouson ne semble pas démodé ; les années 90 n’étaient pas encore tout à fait parties finalement.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Recettes les plus consultées