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samedi 1 septembre 2012

Le frisbee, un disque qui ne connaît pas la crise...


A l'époque du tout multimédia, il existe un produit industriel hardware qui tire encore et toujours son épingle du jeu : le disque volant (DV) ou frisbee. Cette petite galette en plastique, d'une vingtaine de centimètres de diamètre avec un rebord, conçue de manière à pouvoir planer sur une certaine distance quand on la lance en lui imprimant un mouvement de rotation, fait tourner les têtes depuis près de 60 ans sans jamais avoir été réellement concurrencée par aucune innovation ou technologie de substitution. En effet, Le premier DV date de 1948 après que son créateur ait observé des jeunes se lancer des moules à tartes sur une plage, par la suite un industriel en 1957 en rachètera le concept en vue de le commercialiser sous le nom de frisbee (en référence à la marque de moules à tartes Frisbie Pie Company).

Pari gagné, le DV allait se répandre comme des petits pains sur toutes les plages et tous les parcs de la planète grâce à sa facilité de transport et à son aspect design . C'est dans les années 70 que les premières maisons de disques volants virent le jour, comme nous le rappelle Chuck Barney, Chef de Produit chez Beach Disc Company : " A l'époque tout le monde avait un Flying Disc (disque volant) dans son sac, surtout après que les premiers clips de Surf Music aient été tournés pour faire sa promotion. Je me rappelle ce clip des Beach Boys où on les voit en train de manger dans des Flying Disc, passer de la musique avec des Flying Disc ou remplacer leurs enjoliveurs de voitures par des Flying Disc...c'était juste de la folie."

Par la suite, le DV allait connaître dans les années 80 une légère traversée du désert (qui au passage reste le meilleur spot pour jouer au Disque Volant) quant le Beach Tennis fit son apparition et le cerf-volant son retour sur nos plages. Mais c'était sans compter sur la créativité de publicitaires américains dans les années 90, qui fort du succès et de la notoriété d'antan du produit, décidèrent d'en faire un outil de beach marketing. C'est ainsi que des marques de pizzas, de boissons et de voitures se lancèrent dans la folle aventure Flying Disc. La gratuité du disque volant était alors devenu raison. Mais comme nous l'explique Noémie Grabüge, Directrice Marketing chez Trabzonsport Disc et responsable de la FFDT (principal syndicat du disque), 2 raisons majeures ont permis le retour en force du disque : " La première raison, c'est que les gens ont eu envie de jouer à nouveau à des jeux collectifs comme l'ultimate (ça se joue avec un disque volant entre 2 équipes) qui a donc contribué au renouveau du Flying Disc dans la fin des années 90, la seconde raison fut l'apparition de collectionneurs de disques volants, et cela, personne ne l'avait prévu ".

Ainsi en 2001, la société GoldenDisc comprit tout de suite l'intérêt de proposer le DV enveloppé dans un écrin de type "pochette" afin de présenter l'histoire du disque, sa conception, sa démarche...carton plein, les geek en raffolent sur internet et se les arrachent à prix d'or sur des sites de vente en ligne (eBeach.com...). Ce renouveau phénoménal du DV allait permettre par la suite de décliner son utilisation à des fins des plus diverses et cela dans le monde entier : Flying DJing, Flat Freestyle, Fashion Disc, Design Disc, Disc Ads et même des panneaux de signalétique routière ! Les spécialistes ont donc décidé d'appeler cette révolution le frisb 2.0 pour bien identifier cette nouvelle vague qui a rendu la planète complètement folle. Aucun risque, l'objet s'inscrit donc définitivement dans une tendance à long terme, rendant le marché du disque et ses fans euphoriques. Les têtes ne sont pas prêts de s'arrêter de tourner, et c'est tant mieux !

dimanche 23 mai 2010

Expérience 3 : transformer son Rottweiler en gardien de hockey sur glace


Troisième expérience de la série "La vie est une chimère". Aujourd'hui, nous allons tenter d'ouvrir le carma de votre chien. Pour cela, je préconise de tenter de l'humaniser au travers d'une expérience mettant en avant le poste clé d'un sport nord-américain, afin de faire le parallèle entre la race humaine et la race canine. L'objectif pour moi aujourd'hui sera donc de transformer votre Rottweiler en gardien de hockey sur glace, et d'en faire un mur imparable à toutes tentatives de slap shots et de tirs au but.... A vos rondelles ! - BV

// EXPERIENCE ON STAGE //

17h32 : Réveillez votre Rottweiler de sa sieste en l'agrippant avec votre crosse, puis en lui hurlant "debout feignasse, il est temps que tu deviennes un homme, on file à la patinoire ". Commencez à le préparer à l'expérience en lui jetant à la gueule la fin de glaçons de votre whisky. De votre côté, prenez votre tenue de hockeyeur (si vous n'en avez pas, l'expérience s'arrête là cette fois-ci), vos clés de voiture (si vous n'en avez pas, prenez le bus, mais c'est plus long), et la nouvelle muselière en forme de cage métallique que vous avez confectionné pour votre Rottweiler.

17h48 : Vous voici à la patinoire, lieu de cette expérience inouïe (idem, si vous n'avez pas de patinoire à proximité, l'expérience peut s'arrêter). Dans les vestiaires, installez-lui sa muselière sur la gueule. Prenez-le en photo, afin qu'il puisse avoir un petit souvenir de ce moment inoubliable. Assurez-vous quand même que la rondelle ne passera pas entre les barreaux de sa cage à gueule, ce serait dommage de défigurer votre Rott, il risquerait en plus de vous en vouloir. Dans votre main gauche, tenez votre chien en laisse. Dans votre main droite, tenez fièrement votre crosse de champion. Ready ?

18h03 : C'est parti ! Commencez par détacher votre Rott, et expliquez-lui que sa place est dans la cage, comme à la maison. Après tout, c'est vous l'attaquant, et surtout : c'est vous le maître. Rappelez-lui qu'il n'est du coup que le gardien de but de ce nouveau jeu. Ensuite, sortez de votre sac le stock de rondelles. Assurez-vous que cet idiot de chien a compris son rôle en assénant un premier slap shot du milieu de terrain. Baaaaaam ! En plein sur la cage, le chien n'a rien vu venir. Vous menez 1-0. Assénez un second slap shot avec votre 2ème rondelle afin qu'il relâche la première, et ainsi de suite...avec son tempérament joueur, il relâchera forcément la rondelle et cela vous évitera de devoir aller la chercher dans sa gueule à chaque tir.

18h10 : Vous menez 8-0 et le chien n'en a pas arrêté un seul. Il n'est vraiment pas doué...

18h13 : Le Rott a quitté sa cage, il va falloir que vous alliez lui faire une mise en échec au plus vite pour qu'il arrête de courir comme un idiot sur la glace. Prenez votre élan (lâchez votre crosse si besoin), et dès qu'il s'approche de la balustrade : Baaaaaaam ! Si jamais la première mise en échec est justement un échec, retentez jusqu'à obtention d'un résultat digne de ce nom. Une fois le mauvais élève corrigé, tirez-le par la cage à gueule pour qu'ils continue à s'entrainer.

18h21 : Briefez-le à nouveau. Par exemple, parlez-lui de Mabrouk, devenu une star du football dans les années 80. Rappelez-lui que la volonté et le sérieux ont fait de lui un gardien de but ultra célèbre, et que c'est de cette manière que lui aussi deviendra un star... Une fois que votre Rott montre (enfin) des signes de compréhension, repositionnez-le sur la ligne de sa cage.

18h22 : Improvisez une séance de "tirs de fusillade". Si vous êtes droitier, partez avec la rondelle vers la droite, et hop, tirez. Mais...c'est incroyable ! La rondelle est partie contre la balustrade ! Il semblerait que votre Rott vienne d'arrêter votre tir de fusillade !!! Revisionnez du coup au ralenti la scène dans votre tête : votre tir, son bond, sa patte gauche avant, et la rondelle contre la balustrade. C'est bien un arrêt de classe québécoise que vient d'effectuer votre Rott !!! Récompensez-le en déversant de la pâtée pour chien au milieu de la patinoire. Mettez-lui un peu de sirop d'érable dans une gamelle.

18h32 : Votre Rott a enfin fini son festin. Il avait faim le bougre ! Pourtant quelque chose de suspect s'est passé pendant que vous récupériez toutes vos rondelles : en plein milieu de la cage trône un énorme étron en mode "Hibernatus", au milieu d'un liquide jaunâtre. C'est la totale ! Il faut pénaliser tout de suite : 5 minutes de pénalité pour avoir souillé la cage des buts ! Vous êtes désormais tout seul sur la glace. Après 3 nouveaux tirs sur l'autre but (qui lui n'est pas souillé), vous êtes pris d'ennui face à cette cage vide. Vous vous dites que le hockey sur glace, tout seul, c'est vraiment chiant.

18h34 : C'est à ce moment que le gardien portugais de la patinoire, alerté par les bruits de votre chien qui hurle, vient pour vous interpeller. Il vous pourrit la gueule car la glace est dégueulasse. Il a une très mauvaise tête et ça vous énerve. Au moment où vous allez lui mettre un coup de crosse "à l'italienne" au niveau des jambes, votre Rottweiler lui saute dessus et tente de le mordre de toutes parts. Malheureusement, il a encore sa cage à gueule, et du coup il n'arrive à rien.

18h36 : Vous prenez la fuite. Comme vous n'avez pas eu le temps de retirer vos patins à glace, vous éprouvez toutes les peines du monde à courir. Heureusement, votre voiture est garée juste devant la patinoire. Votre chien est déjà à la voiture. Il faut croire qu'il sent bien mieux le danger que les rondelles !!! Vous démarrez en trombe (pas évident de conduire avec les patins). Votre Rott, toujours encagé, est assis sur le fauteuil passager. Vous esquissez un petit sourire narquois en regardant la bave coulée de sa cage à gueule au rythme de sa respiration. Vous vous dites qu'à défaut d'être un bon gardien de but, votre chien est un bon chien, certes un peu con. L'expérience est officiellement terminée.

Récapitulatif : 1 équipement de hockey sur glace. 1 crosse. 1 sac de rondelles. 1 voiture. 1 patinoire. 1 boîte de pâtée pour chien. 1 bouteille de sirop d'érable. 1 gamelle. 1 bouteille de whisky. 1 verre. 2 glaçons. 1 appareil photo. 1 cage à gueule (muselière). Et bien sûr, 1 Rottweiler. 1H 10 environ.

jeudi 26 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : le sport comme une chimère (1)

Introduction + Partie 1 : L'apparition du Sport Business


La fin des illusions

Les années 90, comme cela a été stipulé dans les précédents articles de notre dossier qui leur sont consacrés, ont bouleversé irrémédiablement les paradigmes que constituaient les oppositions de blocs et l'espérance utopique d'un monde meilleur, unifié et mondialisé qu'inspirait cette situation. Dans le cas du sport, les bouleversements durant les années 90 ont été progressifs et indolores : apparition du sport business, émergence de nouvelles nations du sport sur les cendres du bloc communiste, premières révélations de dopage planifié en ex-RDA, instrumentalisation des organisations sensées régir le sport mondial...

Nombreux sont les exemples qui tendent à prouver que les exploits de Mark Spitz ou des Verts de Saint-Etienne appartiennent définitivement au passé. Et pourtant cette décennie a fourni son lot d'exploits, et comme durant les périodes qui précédèrent les années 90, il a été possible de s'extasier devant la beauté du sport à maintes reprises, notamment grâce à l'état d'esprit vertueux de certains champions qui ont enfilé records et titres comme des perles. Ces sportifs au dessus du lot, devenus rares, ont bel et bien marqué l'histoire du sport à tout jamais.

Le modèle Sport Business européen : le football


Le bouleversement le plus marquant de cette décennie se situe au niveau de l'apparition visible de l'argent massivement dans certains sports. En créant de nouveaux formats de compétitions plus rentables, certaines organisations sportives mondiales ont réussi à renégocier les droits TV et à intéresser des annonceurs sentant les bons coups à jouer.

Le meilleur exemple illustrant cette évolution est le football, notamment quand l'UEFA décide de remodeler en 1992 la vieille Coupe des Clubs Champions en Champions League. Les participants à cette nouvelle formule allaient être désormais stimulés par une grille de primes monstrueuses offertes par l'UEFA pour une simple participation, les victoires, les matchs nuls et le parcours effectué durant la coupe. La hausse des droits TV et les contrats juteux avec les marques ont essentiellement permis ce changement. De plus, un système de poules avec matchs aller et retour permettant de déterminer les 16 qualifiés pour le dernier round est alors mis en place. Cela provoqua naturellement une augmentation du nombre de matchs à jouer - ce qui nécessite encore plus de régularité - spécialité des clubs ayant les plus gros effectifs et qui peuvent les faire tourner.


Mais pour que les matchs soient attractifs et que tout le monde ait sa part du gâteau, il a fallu aussi s'assurer que les équipes qui représentent l'histoire du football européen participent tous les ans à cette compétition (Liverpool, MU, Real Madrid, FC Barcelone, Juventus, Milan AC...), sur la base de quotas liés à des indices UEFA qui reprennent une moyenne de résultats sur une période donnée. Régularité, argent, palmarès...Autant dire quasiment plus aucune chance que des clubs "petits poucets" ne remportent cette compétition, comme ce fut le cas parfois dans le passé.

Parallèlement à ce bouleversement structurel, des hommes d'affaires influents prennent les commandes du foot business : Sylvio Berlusconi en est le meilleur exemple quant il décide de racheter l'A.C Milan en 1986 et d'investir massivement pour bâtir une équipe qui deviendra la meilleure au monde durant presque une décennie, grâce à son trio hollandais magique : Ruud Gullit, Frank Rijkaard, Marco Van Basten. Les années Tapie à l'OM marquent également en France l'apogée du rapprochement entre l'argent et le foot, ce qui conduira le club à offrir à la France en 1993 contre l'A.C Milan (justement) sa première coupe d'Europe après des décennies de disette. Il est vrai que le président Bez avait montré la voix peu avant à Tapie avec les Girondins de Bordeaux, ce qui conduit d'ailleurs la DNCG à rétrograder son club en 1990-1991 pour déficit budgétaire.

Face à cette montée en puissance du foot business, les effets pervers se font vite sentir. Des scandales éclatent à tous les niveaux du foot : Affaire Glassman (OM/VA), rumeurs de matchs achetés dans le Calcio (le scandale finira par éclater dans les années 2000), transferts bidons, blanchiment d'argent... mais la machine est lancée et bien trop rentable pour s'arrêter. 15 décembre 1995 - Arrêt Bosman. Désormais les équipes ne sont plus limitées dans leur recrutement et les clubs les plus riches peuvent acheter et faire jouer autant de stars internationales dans une même équipe pour un même match officiel. Cela met fin aux derniers espoirs de revenir à un football propre et moins tourné vers l'argent et la rentabilité.

Le modèle sport business américain : le basket

Pendant ce temps-là de l'autre côté de l'Océan Atlantique, le basket fait recette. Mais pas de la même manière qu'en Europe. Pour en parler, il faut remonter en 1950, lors de la création de la NBA, qui verra le jour après la fusion des 2 ligues de baskets majeures du pays. Depuis cette date, le championnat est divisé en 2 conférences, Est et Ouest. Les équipes deviennent de fait des franchises de la NBA. Cela leur laisse toutefois une certaine liberté juridique et financière, et surtout la possibilité de changer de ville (la franchise des Lakers était à l'origine à Minneapolis avant de partir s'installer à Los Angeles). Toutefois, c'est la NBA qui décide chaque année du nombre de franchises qui participeront au championnat de basket national, et non leurs résultats de l'année précédente en championnat.



L'histoire de la NBA commence à décoller véritablement à partir des années 80 avec l'arrivée des premières stars du basket US comme Lary Bird (3 titres avec les Celtic Boston) et Magic Johnson (5 titres avec les Los Angeles Lakers), qui deviendront de véritables légendes dans leur pays. Les marques américaines commencent alors à s'intéresser de près au basket. Il est vrai que le salary cap défini par la NBA ne permet pas aux franchises d'avoir champ libre en terme de salaires et primes pour attirer les stars montantes. Les marques, via les contrats publicitaires astronomiques proposés aux joueurs, profitent de cette faille. Elles joueront un rôle majeur dans l'apparition du premier sport 100% business aux USA, et bientôt dans le monde entier.

Un joueur de basket va révolutionner le basket américain et en faire un produit exportable partout dans le monde. Ce joueur, c'est Michael "Air" Jordan. Il est déclaré athlète et basketteur de la décennie 90. En 1992, il gagne la totalité des récompenses et trophées nationaux de basket avec son club des Chicago Bulls et internationaux avec son pays, les USA. Il sera champion NBA 6 fois entre 90 et 98. Le potentiel exportable des produits griffés "Michael Jordan" atteindra un tel niveau qu'il restera le sportif le plus payé au monde pendant très longtemps. Son image sera longtemps associée à l'invincibilité sportive, et très souvent reprise par des campagnes publicitaires dans le monde entier. Dans la foulée, d'autres basketteurs bénéficieront de "l'effet Jordan" et les meilleurs joueurs de la planète commenceront alors à affluer en NBA. Il faudra attendre 1997 et la venue de Tariq Abdul Wahad pour voir le premier français jouer en NBA.

Les 2 modèles sont-ils si éloignés ?


L'UEFA et la NBA ont utilisé des modèles économiques différents pour asseoir leur domination sur leurs sports respectifs. L'UEFA, qui se trouve en situation de monopole en Europe, a favorisé l'investissement de businessmen dans les clubs de foot et poussé l'Union Européenne à légiférer pour ultra-libéraliser les transferts de joueurs (Arrêt Bosman). La NBA, quant à elle, a régulièrement été en concurrence avec d'autres ligues, la poussant dans un premier temps à encadrer les équipes par un système de franchises, puis à se développer à l'international grâce à la puissance de ses marques et de ses stars.

Ces différences ont fait naître une élite de clubs dans le football européen, alors que le niveau des franchises américaines semble plus homogène. Des similitudes dans leurs modèles économiques se retrouvent toutefois au niveau de leur stratégie en termes de droits de diffusion TV à l'étranger. Les deux structures ont basé une partie de leur indépendance financière sur la vente des ces droits, et ont parallèlement fait en sorte que les compétitions soient attrayantes et rentables. Dans ces conditions, peu de chances que l'AJ Auxerre (Bourgogne) remporte un jour la Champions League ou que Frederick (Maryland) remporte un jour les plays-offs !!!

A venir :

2. La redistribution des cartes à l'Est
3. Les scandales et le dopage dans le sport
4. Des exploits quant même ?

mercredi 25 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : le sport comme une chimère (2)

Partie 2 : la redistribution des cartes à l'Est



La CEI, en attendant le démantèlement

Nous sommes en décembre 1991. Les proclamations d'indépendance se succèdent au sein de l'URSS qui ne peut plus les maîtriser. Mikhaïl Gorbatchev annonce officiellement la création de la Communauté des Etats Indépendants (CEI) par le Traité de Minsk. Cette entité gouvernementale un peu floue a pour rôle de faire disparaître l'URSS en "douceur" et de préparer la transition inéluctable vers une Russie détachée de ses Etats-Satellites. Elle est constituée de 11 pays.

Du point de vue sportif, l'affaire est compliquée. Il est décidé en urgence en janvier 1992 de constituer une équipe de football sélectionnant les meilleurs footballeurs de la CEI, qui regroupe donc 12 anciennes républiques soviétiques devenues indépendantes après la fin de l’URSS. L’équipe est alors un symbole "fragile" de l’unité politique de la CEI. L'affaire tourne rapidement au vinaigre en raison de nombreuses crises diplomatiques, notamment celle opposant la Russie à l'Ukraine à propos de la Crimée.


En juin 1992, l'équipe de football de la CEI est officiellement dissoute après l'Euro en Suède. L'équipe joue désormais pour la Russie, ce qui va avoir des conséquences très importantes sur l'organisation des compétitions sportives internationales. De plus, cette même année 1992 voit se dérouler les Jeux Olympiques d'Albertville et de Barcelone. Les athlètes y prennent part en tant que délégation unifiée. Mais ils concourront sous les couleurs de la CEI aux JO de Barcelone pour la dernière fois en août 1992.

Comme un symbole, l'Estonie, La Lettonie et La Lituanie participent à ces JO sous leurs couleurs. Dans la foulée, toutes les organisations sportives internationales sont amenées à repenser l'organisation des tours préliminaires des compétitions car 11 pays issus de l'ex bloc soviétique sont désormais à intégrer au sein de l'Europe du sport : Russie, Ukraine, Belarus, Estonie, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Georgie, Azerbaidjan, Arménie, Kazakhstan.

Mais l'histoire de l'année 1992 ne s'arrête pas là. Si on y rajoute la Croatie et la Slovénie devenus indépendantes en janvier, la Bosnie-Herzégovine en avril, et la scission en 2 pays de la Tchécoslovaquie (République tchèque et Slovaquie) en décembre 1992, c'est en tout 16 pays supplémentaires que l'année 1992 doit intégrer à ses compétitions sportives. La Yougoslavie quant à elle devient La République Fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro).

Les conséquences sportives de l'intégration des PECO


La transition se fait relativement facilement pour les nouveaux Pays d'Europe Centrale et Orientale (PECO). L'émancipation des pays indépendants nécessite certes une remise à plat des organisations sportives nationales et des fédérations qui se détachent enfin totalement des contraintes sub-nationales, mais l'idée de jouer sous ses propres couleurs, de concourir pour sa propre nation et de dépendre d'une fédération nationale après des décennies d'attente est vécue par les sportifs de ces pays comme une révolution à sa manière.

Beaucoup plus difficile est par contre la transition pour la Russie ou la République Fédérale de Yougoslavie. En effet, ces pays ne disposent désormais plus du vivier de sportifs que leur fournissaient des pays comme l'Ukraine ou la Croatie. De plus la crise économique ou les années de guerre que vivent ces pays là font que les infrastructures sportives sont laissées à l'abandon, l'organisation politique et administrative du sport frôle le niveau zéro. Dans le cas de la République Fédérale de Yougoslavie, elle se voit même exclue de l'Euro 92 de foot et remplacée par le Danemark (qui remportera d'ailleurs le tournoi!).


Il existe pourtant beaucoup de spécificités nationales qui vont faire que les pays de l'Est ne vont pas connaître les mêmes succès sportifs. En effet, certains pays comme la Croatie (1/4 de finaliste à l'Euro 96 et 1/2 finaliste à la Coupe du Monde 98) et La République Tchèque (finaliste à l'Euro 96) vont rapidement se distinguer dans les compétitions internationales comme le foot, alors que les pays issus de l'ancien bloc soviétique, comme l'Ukraine ou le Belarus, ont encore beaucoup de mal à s'affirmer 20 ans plus tard, notamment dans les sports collectifs.

Cela peut être du à plusieurs raisons. D'abord, le joug de la Russie, encore trop présent. L'histoire de l'URSS est trop lourde à porter pour pas mal de ces pays, et il est parfois difficile de se détacher de la tutelle de la Russie (Belarus, Ukraine). Dans d'autres cas, la priorité nationale n'est pas donnée au sport mais plutôt à l'essor économique (les 3 pays baltes). Aussi, de par leur petite taille, certains pays ne peuvent placer de bons représentants dans tous les sports (Moldavie, Arménie...). Enfin plus généralement, le manque de moyens et d'infrastructures adaptées sont un frein à leur essor sportif.


Mais les véritables raisons sont aussi à chercher dans les cultures de ces pays : les sports dans lesquels certains arrivent à tirer leur épingle du jeu sont bien souvent ceux représentés et médiatisés pendant les Jeux Olympiques, notamment ceux d'hiver : Hockey sur Glace, Saut à Ski, Combiné Nordique, Biathlon, ou Gymnastique, Cyclisme, Aviron, Natation, Lutte etc...L'histoire des sports dans lesquels brillait jadis l'URSS était donc bien souvent liée à ces spécificités sportives locales ou à des volontés des dirigeants de produire des équipes de sports collectifs meilleures que leurs ennemis américains.

Déjà publié :

1. L'apparition du Sport Business

A venir :

3. Les scandales et le dopage dans le sport
4. Des exploits quant même ?

mardi 24 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : le sport comme une chimère (3)

Partie 3 : Les scandales et le dopage dans le sport


RDA : une soupe au hormones mâles pour les sportives


Le premier scandale que nous allons évoquer est un cas de dopage dit d'Etat. Dans les années 70, la RDA met au point un vaste programme de dopage de ses sportifs afin de faire bonne figure dans les compétitions sportives internationales. La finalité de ce projet est autant de prouver que le modèle est-allemand génère des résultats, que de faire de la propagande par le biais de ses sportifs. Un véritable secret de polichinelle dans le milieu du sport, qui perdurera toutefois pendant près de 25 ans.


Il faut attendre la chute du Mur de Berlin pour que l'affaire soit enfin officielle et que les premiers témoignages de destins brisés par ces pratiques réussissent à indigner la communauté sportive internationale.

On apprend alors à l'époque que pendant des décennies, des doses de testostérone et d'anabolisant ont été injectées aux sportifs est-allemands afin de rafler un maximum de compétitions sportives en natation et en athlétisme. Les sportives étaient régulièrement stérilisées et traitées aux hormones afin d'augmenter leur capacité physique, en les rapprochant le plus possible de celles des hommes. Enfin, comble de l'horreur, ce dopage organisé commençait bien souvent dès le plus jeune âge, ce qui créa une génération de sportifs relégués à de simples rôles de cobayes.

La Chine ne fera pas beaucoup mieux par la suite avec ses nageuses dans les années 90, en les traitant toutes au somatotropine (hormone de croissance indétectable à l'époque). 30 d'entre elles sont contrôlées positives en 1998 après une série d'excellents résultats inexplicables.

Le cyclisme victime de la politique anti-doping dans les années 90 ?

L'Affaire Festina se présent définitivement comme la référence absolue en matière de dopage collectif organisé. Le 8 juillet 1998, les douaniers présents à la frontière franco-belge trouvent dans le coffre d'une voiture de quoi ravitailler toute une pharmacie. Le conducteur s’appelle Willy Voet. Il est le soigneur belge de l’équipe Festina. A partir là, les enquêteurs vont remonter le fil de la plus importante affaire de dopage de tous les temps, symbole d’un cyclisme gangrené par l’EPO. Et dont le Tour de France aura du mal à se remettre.

Quatre jours avant le départ du Tour (de Dublin), un stock de produits dopants saisi à Neuville-en-Ferain précipite la chute de la plupart des membres de la formation cycliste Festina. L'affaire fait tâche d'huile et plusieurs équipes sont également exclues du Tour. Richard Virenque ne reconnaîtra pas cette année là s'être dopé "volontairement" et se défendra en matraquant dans les médias que ces pratiques étaient faites " à l'insu de son plein gré " par les médecins de l'équipe Festina, sur ordre. Du coup il n'est pas immédiatement suspendu par les instances du cyclisme, faute de preuves. Il prendra quand même un an de suspension en 2000 après avoir fait des aveux sous la pression du témoignage à charge du médecin de Festina, Willy Voet, qui l'implique à tous les niveaux du système de dopage de l'équipe.


Cette affaire aurait du amener une véritable réflexion sur le dopage dans le sport dans son ensemble. Mais tout le monde pense unanimement à l'époque que seul le cyclisme est gangréné à ce point par ce mal. C'est la raison pour laquelle le cyclisme va subir un acharnement de la part des médias et de la justice, et rapidement montrer toutes les limites de sa version moderne au travers des affaires de dopage collectif à répétition : Ulrich, Riis, et beaucoup d'autres se font épingler. Pendant ce temps, d'anciens cyclistes n'arrivent plus à se débarrasser de leurs addictions aux produits, comme Marco Pantani, qui décède dans un hôtel misérablement au milieu de boîtes de pizzas. L'enquête montrera qu'il est mort d'une overdose de cocaïne, drogue à laquelle il était devenu accro après avoir mis un terme à sa carrière.

C'est pourtant un fait : les autres sports sont de toute évidence moins souvent montrés du doigt (à l'exception de la natation et de l'athlétisme) alors que la plupart d'entre eux ne sont pas pour autant de meilleurs élèves. De plus les législations différentes entre les pays ne facilitent pas les choses. Le football en est un bon exemple avec l'utilisation généralisée depuis longtemps de la créatine (qui permet d'augmenter le volume d'eau dans la masse musculaire) dans certains pays comme l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie, mais interdite en France en raison d'une législation la considérant comme dopante et du coup, dangereuse. Au final toute cette résistance n'aura servi à rien puisque la Commission Européenne en a obligé la commercialisation en France récemment.

Des sportifs pas toujours exemplaires...

L'image "coubertine" du sport s'est donc progressivement détériorée en raison de dérives politico-économiques l'ayant poussé à adopter le culte de l'obligation de résultats. Mais quelques sportifs ont aussi contribué individuellement à dégrader l'image du sport (en plus de leur propre image) en jouant des rôles considérables dans certaines affaires et scandales des années 90. Voici quelques exemples de cette époque qui tendent à prouver que certains sportifs se sont comportés en francs-tireurs, et qu'il n'a pas toujours été nécessaire d'être sous l'influence d'une fédération, d'un Etat ou d'un système pour péter un plomb !

Affaire Ben Johnson : 1988
Reprenons les choses dans l'ordre chronologique. Nous avons évoqué précédemment les différents problèmes de dopage organisé. Mais depuis longtemps il existe dans le sport un sujet tabou : le dopage à l'initiative des sportifs. L'affaire Ben Johnson est de ce point de vue intéressante. La presse la révèle en 1988 en dénonçant le cas du sprinteur (100m) canadien Ben Johnson, contrôlé positif au Stanozolol (un stéroïde anabolisant). Ben Johnson sera destitué de ses titres et records, au plus grand bonheur de Carl Lewis, son rival de l'époque. Il reconnaitra publiquement s'être dopé à la fois aux Championnats du monde d'athlétisme et aux Jeux Olympiques de Séoul.

Affaire OM-VA : 1993
L'honnêteté de certains sportifs est à nouveau mise à mal en 1993 au travers du tollé que fait l'Affaire OM-VA en France, qui implique directement Jean Jacques Eydelie, (OM), Christophe Robert et Jorge Burruchaga (Valenciennes). Si le premier a servi d'intermédiaire dans l'affaire, les deux autres se sont faits "acheter" afin de laisser filer le match. Les 3 accusés passeront rapidement aux aveux et reconnaitront avoir touché des sommes importantes d'argent. Jacques Glasmann (Valenciennes), seul protagoniste clean de l'affaire, sera remercié de son honnêteté en étant quasiment banni du milieu du football. Il mettra un terme à sa carrière assez rapidement, lassé d'être considéré comme un traitre dans ce sport.

Kung-Fu/ Eric Cantona : 1995
Certains sportifs n'aiment visiblement pas les injustices, et cherchent des coupables...dans le public. C'est le cas du "King" Eric Cantona, alors star de Manchester United, qui pète un plomb lors du match Crystal Palace - MU en 1995 après qu'un arbitre l'ait expulsé pour une faute un peu douteuse. Cette décision fait entrer le joueur originaire de Marseille dans un état second. Sur le chemin des vestiaires, il s'en prend à un supporter de l'équipe adverse directement dans les tribunes en lui assénant un coup de pied digne d'un maître Shaolin et une série de coups de poing. La presse anglaise ne lâchera plus le joueur durant de longues semaines. Cantona sera finalement suspendu par les instances de la Premier League pendant un an.



Mike Tyson / Holyfield : 1997
La boxe est un sport violent, mais de là à en devenir anthropophage...Un pas que pourtant Tyson n'a pas hésité à franchir. 1997: Evander Holyfield accepte un second combat avec Mike Tyson à la demande de Don Kong après que leur première confrontation en 1996 ait été élue combat du siècle. Il offre alors à Mike Tyson la possibilité de prendre sa revanche. Le premier combat avait été acharné et fourni en coups irréguliers. Mais ce jour là, Mike Tyson va trop loin : il mord et arrache un morceau de l'oreille droite d'Holyfield avant de le recracher avec son protège dents. Le combat doit continuer comme le règlement le stipule. Tyson prend 2 points de pénalité mais s'en prend à l'autre oreille de son adversaire. Il est immédiatement disqualifié par l'arbitre, mais il est déjà trop tard : un semblant d'émeute se répand progressivement dans la salle. On recensera tout de même ce jour là une quarantaine de blessés autour du ring. Bill Clinton sera obligé par la suite de faire une intervention afin de calmer une opinion publique américaine indignée.

Affaire Schumacher / Villeneuve : 1997
Dernier exemple assez révélateur de l'état d'esprit de certains sportifs : l'Affaire Schumacher. A l'époque double champion du monde de formule 1 connu pour sa combativité légendaire, Michael Schumacher dépasse pourtant en 1997 le simple cadre de celle-ci via un acte d'anti-sportivité qui restera dans les annales de la F1. En effet, il effectue sur le circuit de Jerez en Espagne un tampon volontaire sur Jacques Villeneuve qui provoque l'abandon des deux pilotes. Michael Schumacher sera rayé purement et simplement cette année là du classement des pilotes de F1 et la FIA l'obligera à participer à des actions pour la sécurité routière. Il conservera quant même ses victoires et ses points.

Les instances du sport au cœur de la tourmente


Pour finir, il est nécessaire de rappeler que les instances internationales sont loin d'être exemplaires sur le sujet. En effet remémorons-nous le scandale du CIO en 1998, la même année que le scandale Festina. Des révélations selon lesquelles des responsables du CIO avaient accepté des pots-de-vin de la part de lobbyistes œuvrant pour l'obtention des Jeux olympiques d’hiver de 2002 par Salt Lake City. Cela déboucha sur la création d’une commission d’éthique au sein du CIO, et un paradoxe évident : une structure pour surveiller les gens sensés surveiller les sportifs et le respect des règles d'éthique dans le sport !


Déjà publiés :

1. L'apparition du Sport Business
2. La redistribution des cartes à l'Est

A venir :

4. Des exploits quant même ?

lundi 23 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : le sport comme une chimère (4)

Partie 4 : Des exploits quand même ?


1990-2000 : La France se décomplexe enfin !

C'est une réalité : les années 90 ont réussi à décomplexer les sportifs français. C'est en tout cas la première fois (ou tout du moins depuis longtemps) de sa longue histoire liée au sport que des compétitions internationales de disciplines sportives majeures (football, tennis, athlétisme...) lui reviennent. En effet, la France n'a pendant longtemps pas fait mieux que bonne figure dans ces compétitions, en nourrissant un véritable complexe vis-à-vis des nations rivales (Allemagne, USA, URSS, Espagne, Yougoslavie...). Certains parlaient même de "malédiction" ou de "mal français". Il était donc bien naturel de conclure la rubrique quadripartite sur le sport dans les années 90 par un rappel des exploits sportifs individuels et collectifs qui ont marqué cette décennie en France. Cela permet au passage de finir sur une note plus positive car, hélas, ce dossier a bien montré que le sport avait beaucoup changé et pas forcément en bien !

Les exploits marquants de la décennie 90 en France *

1990 - Voile : Florence Arthaud remporte la Route du Rhum entre St Malo et Pointe à Pitre. A bord de son trimaran "Pierre 1er", la navigatrice française arrive en Guadeloupe après 14 jours, 10 heures, 8 minutes et 28 secondes. Elle est la première femme à remporter une course transatlantique en solitaire.



1991 - Tennis : La France remporte la Coupe Davis pour la première fois depuis 1933. Elle s'impose 3-1 en finale à Lyon face aux USA. Henri Leconte et Guy Forget faisaient alors face à André Agassi et Pete Sampras. Yannick Noah était le sélectionneur de cette équipe. Cette victoire permettra à Noah de se lancer dans la musique grâce à son excellent titre "Saga Africa".



1992 - JO d'hiver : Albertville. Edgar Grospiron devient le premier champion olympique de de ski de bosses. Il est également sacré 3 fois champion du monde (1989, 1991 et 1995) et remporte à quatre reprises la Coupe du monde de la discipline (1990, 1991, 1992 et 1994). La France fait aussi le doublé olympique en combiné nordique (saut à ski + ski de fond) avec Fabrice Guy et Sylvain Guillaume.



1993 - Basketball : Le CSP Limoges remporte l'Euroligue à Athènes face à Trévise sur le score de 59-55 après un match des plus stressant. C'est la première fois qu'un club français pratiquant un sport collectif remporte une compétition européenne de premier ordre. Richard Dacoury, Frédéric Forte, Michael Young, Jim Bilba sont les premiers héros français en club.



1993 - Football : L'Olympique de Marseille remporte la Coupe d'Europe des Clubs Champions. C'est la première fois qu'un club français remporte une compétition de football en Europe. Après 3 finales perdues (Stade de Reims vs Real Madrid (1956), AS St Etienne vs Bayern Munich (1976) et Olympique de Marseille vs Etoile Rouge de Belgrade en 1990), la malédiction française finit par s'arrêter contre le grand A.C Milan de Berlusconi. L'OM bat bat Milan 1-0 sur une tête de Basile Boli. Le Vieux Port et La France entière sont en effervescence.



1993 - F1 : Alain Prost sur sa Williams-Renault finit premier au classement des pilotes F1 avec 99 points. C'est son 4ème et dernier titre de champion du monde. Il met un terme à sa carrière cette même année. A noter : belle année pour les pilotes français puisque Jean Alesi finit lui 6e au classement des pilotes avec 16 points.



1994 - Rallye : Didier Auriol et Bernard Occelli (co-pilote) sont les premiers français à devenir champions du monde des Rallyes sur Toyota Celica. Le titre leur avait échappé de peu en 1992 malgré 6 victoires. Cette victoire fera des émules en France : par la suite beaucoup de français se feront remarquer dans cette discipline. Était-ce le père spirituel de Sébastien Loeb ?



1995 - Handball : La France est championne du Monde de Handball. Les Barjots font tomber la Croatie (23-19) en finale à Reykjavik et offrent à la France le premier titre de Champion du Monde en sport collectif. Personne n'oubliera jamais les "roucoulettes " de Richard Richardson (qui lui ont valu le titre de meilleur joueur du monde cette année là) et l'exploit réalisé par cette équipe emmenée par Stéphane Stoecklin, Eric Quintin, Pascal Mahé, Laurent Munier...et bien sûr leur mythique coach Daniel Costantini.



1996 - JO d'été : Marie José Perec devient la seule athlète française à être triple championne olympique après l'obtention de deux nouvelles médailles d'or (200m et 400m ) aux JO d'Atlanta, faisant suite à sa médaille d'or (400m) obtenue aux JO de Barcelone en 1992. 1996, année faste pour l'athlétisme français, qui voit également Jean Galfione devenir champion olympique de saut à la perche.



1997 - Ski : Luc Alphand remporte la coupe du monde de ski devant les spécialistes américains, norvégiens et autrichiens. Il lève alors cette année là le "Gros Globe de Cristal" qui récompense sa domination toute la saison en Super Géant + Descente. Il ne s'était d'ailleurs pas inscrit dans les autres épreuves (Géant, Combiné, Slalom). Le dernier skieur français a l'avoir remporté était Jean-Claude Killy en 1967, 30 ans plus tôt !



1998 - Football : Cocorico ! La France a désormais une première étoile cousue sur le maillot de son équipe de foot. Elle s'est permise le luxe de remporter sa première coupe du monde de football à domicile au Stade de France lors d'une nuit magique qui restera dans les mémoires collectives. Elle bat facilement le Brésil de Ronaldo 3-0 avec deux buts de Zidane et un but de Petit. Elle avait atteint la finale malgré un parcours assez chaotique (But en or contre le Paraguay, tirs aux buts contre l'Italie et double exploit de Thuram contre la Croatie). La France deviendra hystérique pendant plusieurs jours. Des économistes ont dit de l'année 1998 que sa bonne croissance économique aurait été impulsée en partie par le victoire à la Coupe du Monde et l'optimisme généré par cette dé-frustration collective...



1999 - Rugby : Pas un titre, mais tout comme. L'Équipe de France de rugby bat à Twickenham la Nouvelle Zélande en demi-finale de La Coupe du Monde sur le score de 43-31 après un match d'anthologie. 4 essais de Lamaison, Dominici, Dourthe et Bernat-Salles auront réussi à faire plier l'invincible armada All-Blacks. Peut-être trop en confiance après ce succès sur la Nouvelle Zélande de Jonah Lomou, l'Équipe de France s'incline en finale contre l'Australie.


Conclusion


S'il fallait élire le sportif de cette décennie, notre choix se ferait tout naturellement sur un sportif imbattable et qui ne triche pas (pas un cycliste ou un nageur du coup). Il y en a peu. A ma connaissance il n'y en a qu'un : le véliplanchiste hollandais Björn Dunkerbeck qui fut champion du monde PWA et Race PWA 12 fois d'affilée de 1988 à 1999. Il n'a jamais été battu durant la décennie.



* Attention, un fake s'est glissé dans la liste des vidéos. Bonne lecture !


Déjà publiés :

1. L'apparition du Sport Business
2. La redistribution des cartes à l'Est
3. Les scandales et le dopage dans le sport

lundi 26 octobre 2009

La Boxe de Fer, un sport de bovins...


Dans la grande lignée de nos articles traitant du difficile thème du sport (se référer à la rubrique La Cantine Du Stade et les articles sur le Sport Féminin et le frisbee), voici aujourd'hui le summum de la bêtise humaine. Aucun risque qu'on ne retrouve ce sport de combat aux Jeux Olympiques, non non, sa place se trouve au mieux au Salon de L'Agriculture ou dans une quelconque foire aux bestiaux de province. Ce sport, c'est La Boxe de Fer (rien que le nom déjà...).

Le concept est assez simple : prenez 2 individus armés d'un front bombé et d'un cou de taureau, mettez les à la hauteur d'une table (pas plus haut) puis enchaînez les à celle-ci. Ligotez leur conjointement un bras chacun comme s'ils se préparaient à faire un bras de fer. Les deux boxeurs sont prêts ? C'est parti ! Un festival de coups de poings envoyés avec le bras libre s'abat alors des deux côtés avec pour seul objectif de dézinguer le plus possible l'adversaire du jour qui est aussi votre boulet puisque attaché à vous. Visiblement l'utilisation des genoux est tolérée (pour les plus souples).



Vous me direz et Fight Club dans tout ça ? Pourquoi on a aimé ? Parce que Tyler Durden bon sang, rien à voir ! Le bovin (en l'occurrence Brad Pitt) n'est que le fruit de l'imagination du héros (en l'occurrence Edward Norton) et les velléités à se battre à mains nus de tous ces jeunes chiens enragés ne s'affirment que dans le but de rejoindre la grande armée qui doit changer la face du monde. Avec la Boxe de Fer, on se situe en fait plus dans un élevage de culturistes cherchant à combattre tels des coqs dans une grange mexicaine.

Non sincèrement, même la racine étymologique de ce sport ne fait pas rêver : il se pourrait (les infos sont difficiles à trouver, ce sport n'étant répandu que dans certaines régions des Etats-Unis) que l'allusion au fer ne soit pas uniquement liée au concept de l'Ironman ou du bras de fer, mais plutôt une référence finement observée à un petit appareil utilisé dans la boxe dite "conventionnelle" et qu'on appelle fer médical ou fer à pommettes (c'est le fer qui permet d'appliquer la glace pour lisser les pommettes quant un visage est tuméfié).


Bref, en attendant que la Wii se jette sur ce sport en inventant à la fois un cordon qui vous relie au bras de votre adversaire et un jeu pour se défouler chez soi, vous pouvez si vous le souhaitez vous entraîner avec des bovins, ils raffolent de ce genre de combats. Meuuhhhhhh !

lundi 29 juin 2009

Suuuuuper dunk de...Cathy Melain ?

Dans le quasi anonymat le plus total, nos basketteuses françaises sont devenues championnes d'Europe à Riga pour la deuxième fois de leur histoire le samedi 20 juin 2009. Ont-elles pour autant fait vibrer les parquets au point de nous donner envie de nous intéresser de près à ce sous-segment des sports collectifs ?


LES FRANÇAISES CHAMPIONNES D'EUROPE 2009

Samedi 20 juin 2009, Riga. Il est 20h45. Le "5 Majeur" féminin français empoche à la fois son second titre de champion d'Europe de basket, et son billet pour la prochaine coupe du monde. Les "Bleues" viennent de battre leurs homologues russes en finale sur le score catastrophique de 57-53. France Télévisions a décidé finalement de retransmettre le match sur France 2 / France 3 pour rester fidèle à sa politique du "on fait tout ce qu'on peut pour proposer un éventail de sports le plus large possible en surfant sur l'actualité". Mais existe -t-il véritablement un public et des médias en France prêts à soutenir les sports collectifs féminins comme le basket ?

L'OBJECTIF MÉDIATIQUE MANQUÉ DE FRANCE TÉLÉVISIONS

Depuis quelques années, les journalistes sportifs de France TV ont pris l'habitude de chercher à imposer aux téléspectateurs des sports collectifs et des événements à l'aura médiatique quasi nulle. On pense par exemple au Football Américain via la diffusion du Super-Bowl tous les ans (diffusé un dimanche soir à 01h30 du matin...), ou à La Coupe de La Ligue de Football que France Télévisions a accepté de payer 8 millions d'euros afin d'en être l'unique diffuseur. Pire, pour la finale du championnat d'Europe de basket féminin, France 2 / France 3 ont changé leur programme en dernière minute après avoir quémandé les droits du match à Sport + et décidé de commenter le match depuis Paris. La couverture médiatique des compétitions féminines (surtout les sports collectifs) fait donc également parti de ces missions de service publique qui ressemblent plus à de la propagande maladroite et chauviniste qu'à un vrai pari sur le long terme pour rendre ces sports attractifs.

LE PUBLIC FRANÇAIS FAN DE BASKET US

De toutes façons, il faudra repasser pour séduire les vrais fans de basket en France tant les amateurs suivent pour la plupart ardemment la NBA (National Basket Association) mais ne se mobilisent pas pour le basket français. Il est vrai que l'idée de voir des Bourg en Bresse / Gravelines ou des Hyères-Toulon / Orléans sur France 2 en lieu et place des Orlando Magics / LA Lakers ou Boston Celtics / Chicago Bulls que propose Canal+ ne parait pas très séduisante. De plus, le niveau du basket français ne justifie pas vraiment qu'on s'y intéresse de près car le championnat manque de moyens pour recruter de réelles stars qui font le spectacle. Or sans spectacle, pas de médiatisation. Et sans médiatisation, peu de chances de devenir une nation du basket reconnue.

LES RAISONS DU DÉSINTÉRÊT DES TÉLÉSPECTATEURS POUR LE BASKET FÉMININ

La NBA écrase tout sur son passage et le basket est peu médiatisé dans l'hexagone. La place réservée au basket féminin y est donc très mince. 3 autres raisons viennent en plus accentuer ce problème :

Tout d'abord le manque d'intensité. Si vous demandez à nos accros de la NBA ce qu'ils pensent du basket féminin français, ils vous répondront que les matchs importants du genre démontrent une énorme différence d'engagement par rapport aux hommes. Le score de 57-53 en finale de l'Euro féminin samedi dernier illustre parfaitement cela (chaque équipe en NBA marque en moyenne une centaine de points).

Ensuite la lenteur. Aux vues des images, on se demande parfois si ce n'est pas du basket handi-sport en fauteuil roulant qui nous est proposé en lieu et place d'une finale de championnat d'Europe. Cette différence de rapidité est valable aussi pour pas mal d'autres sports collectifs à vrai dire, mais elle est très marquée dans le basket car les hommes ont des avantages physiques qui jouent sur la vitesse du jeu (taille, détente, muscles...).

Enfin l'absence réelle de spectacle. Aucun risque de voir un smatch, ni un dunk. Aucun risque non plus de confondre les joueuses car personne ne les connait. En effet les stars françaises répondent aux doux noms de Cathy Melain, Isabelle Yakoubou-Dehui, Florence Lepron, Elodie Godin...Elles sont malheureusement considérées comme des soldates inconnues du sport.


LA MIXITÉ DES FÉDÉRATIONS SPORTIVES FRANÇAISES BLOQUE LA PROMOTION DES SPORTS COLLECTIFS 100% FÉMININS

Pour rendre les sports collectifs féminins plus attrayants, finalement peut-être aurait-il mieux valu imposer des sports différents entre hommes et femmes. L'histoire de la création du basket féminin est intéressante de ce point de vue là. En effet, apparu juste après le basket-ball en Angleterre (mais originaire des Etats-Unis), le Netball était censé devenir un basket-ball féminin. Joué à 7, il est de nos jours pratiqué principalement dans les pays du Commonwealth en Océanie. Mais comme souvent en Europe, on a préféré créer des Fédérations en charge du sport masculin ET féminin. Pour autant ces même Fédérations n'ont pas jugé utile d'expliquer à ses licenciées qu'il était très difficile de dunker avec des ongles longs vernis en bleu/blanc/rouge, comme ce fut le cas pour les françaises lors de leur finale. Mais de toutes façons, personne ne s'en souviendra...

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