mardi 24 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : le sport comme une chimère (3)

Partie 3 : Les scandales et le dopage dans le sport


RDA : une soupe au hormones mâles pour les sportives


Le premier scandale que nous allons évoquer est un cas de dopage dit d'Etat. Dans les années 70, la RDA met au point un vaste programme de dopage de ses sportifs afin de faire bonne figure dans les compétitions sportives internationales. La finalité de ce projet est autant de prouver que le modèle est-allemand génère des résultats, que de faire de la propagande par le biais de ses sportifs. Un véritable secret de polichinelle dans le milieu du sport, qui perdurera toutefois pendant près de 25 ans.


Il faut attendre la chute du Mur de Berlin pour que l'affaire soit enfin officielle et que les premiers témoignages de destins brisés par ces pratiques réussissent à indigner la communauté sportive internationale.

On apprend alors à l'époque que pendant des décennies, des doses de testostérone et d'anabolisant ont été injectées aux sportifs est-allemands afin de rafler un maximum de compétitions sportives en natation et en athlétisme. Les sportives étaient régulièrement stérilisées et traitées aux hormones afin d'augmenter leur capacité physique, en les rapprochant le plus possible de celles des hommes. Enfin, comble de l'horreur, ce dopage organisé commençait bien souvent dès le plus jeune âge, ce qui créa une génération de sportifs relégués à de simples rôles de cobayes.

La Chine ne fera pas beaucoup mieux par la suite avec ses nageuses dans les années 90, en les traitant toutes au somatotropine (hormone de croissance indétectable à l'époque). 30 d'entre elles sont contrôlées positives en 1998 après une série d'excellents résultats inexplicables.

Le cyclisme victime de la politique anti-doping dans les années 90 ?

L'Affaire Festina se présent définitivement comme la référence absolue en matière de dopage collectif organisé. Le 8 juillet 1998, les douaniers présents à la frontière franco-belge trouvent dans le coffre d'une voiture de quoi ravitailler toute une pharmacie. Le conducteur s’appelle Willy Voet. Il est le soigneur belge de l’équipe Festina. A partir là, les enquêteurs vont remonter le fil de la plus importante affaire de dopage de tous les temps, symbole d’un cyclisme gangrené par l’EPO. Et dont le Tour de France aura du mal à se remettre.

Quatre jours avant le départ du Tour (de Dublin), un stock de produits dopants saisi à Neuville-en-Ferain précipite la chute de la plupart des membres de la formation cycliste Festina. L'affaire fait tâche d'huile et plusieurs équipes sont également exclues du Tour. Richard Virenque ne reconnaîtra pas cette année là s'être dopé "volontairement" et se défendra en matraquant dans les médias que ces pratiques étaient faites " à l'insu de son plein gré " par les médecins de l'équipe Festina, sur ordre. Du coup il n'est pas immédiatement suspendu par les instances du cyclisme, faute de preuves. Il prendra quand même un an de suspension en 2000 après avoir fait des aveux sous la pression du témoignage à charge du médecin de Festina, Willy Voet, qui l'implique à tous les niveaux du système de dopage de l'équipe.


Cette affaire aurait du amener une véritable réflexion sur le dopage dans le sport dans son ensemble. Mais tout le monde pense unanimement à l'époque que seul le cyclisme est gangréné à ce point par ce mal. C'est la raison pour laquelle le cyclisme va subir un acharnement de la part des médias et de la justice, et rapidement montrer toutes les limites de sa version moderne au travers des affaires de dopage collectif à répétition : Ulrich, Riis, et beaucoup d'autres se font épingler. Pendant ce temps, d'anciens cyclistes n'arrivent plus à se débarrasser de leurs addictions aux produits, comme Marco Pantani, qui décède dans un hôtel misérablement au milieu de boîtes de pizzas. L'enquête montrera qu'il est mort d'une overdose de cocaïne, drogue à laquelle il était devenu accro après avoir mis un terme à sa carrière.

C'est pourtant un fait : les autres sports sont de toute évidence moins souvent montrés du doigt (à l'exception de la natation et de l'athlétisme) alors que la plupart d'entre eux ne sont pas pour autant de meilleurs élèves. De plus les législations différentes entre les pays ne facilitent pas les choses. Le football en est un bon exemple avec l'utilisation généralisée depuis longtemps de la créatine (qui permet d'augmenter le volume d'eau dans la masse musculaire) dans certains pays comme l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie, mais interdite en France en raison d'une législation la considérant comme dopante et du coup, dangereuse. Au final toute cette résistance n'aura servi à rien puisque la Commission Européenne en a obligé la commercialisation en France récemment.

Des sportifs pas toujours exemplaires...

L'image "coubertine" du sport s'est donc progressivement détériorée en raison de dérives politico-économiques l'ayant poussé à adopter le culte de l'obligation de résultats. Mais quelques sportifs ont aussi contribué individuellement à dégrader l'image du sport (en plus de leur propre image) en jouant des rôles considérables dans certaines affaires et scandales des années 90. Voici quelques exemples de cette époque qui tendent à prouver que certains sportifs se sont comportés en francs-tireurs, et qu'il n'a pas toujours été nécessaire d'être sous l'influence d'une fédération, d'un Etat ou d'un système pour péter un plomb !

Affaire Ben Johnson : 1988
Reprenons les choses dans l'ordre chronologique. Nous avons évoqué précédemment les différents problèmes de dopage organisé. Mais depuis longtemps il existe dans le sport un sujet tabou : le dopage à l'initiative des sportifs. L'affaire Ben Johnson est de ce point de vue intéressante. La presse la révèle en 1988 en dénonçant le cas du sprinteur (100m) canadien Ben Johnson, contrôlé positif au Stanozolol (un stéroïde anabolisant). Ben Johnson sera destitué de ses titres et records, au plus grand bonheur de Carl Lewis, son rival de l'époque. Il reconnaitra publiquement s'être dopé à la fois aux Championnats du monde d'athlétisme et aux Jeux Olympiques de Séoul.

Affaire OM-VA : 1993
L'honnêteté de certains sportifs est à nouveau mise à mal en 1993 au travers du tollé que fait l'Affaire OM-VA en France, qui implique directement Jean Jacques Eydelie, (OM), Christophe Robert et Jorge Burruchaga (Valenciennes). Si le premier a servi d'intermédiaire dans l'affaire, les deux autres se sont faits "acheter" afin de laisser filer le match. Les 3 accusés passeront rapidement aux aveux et reconnaitront avoir touché des sommes importantes d'argent. Jacques Glasmann (Valenciennes), seul protagoniste clean de l'affaire, sera remercié de son honnêteté en étant quasiment banni du milieu du football. Il mettra un terme à sa carrière assez rapidement, lassé d'être considéré comme un traitre dans ce sport.

Kung-Fu/ Eric Cantona : 1995
Certains sportifs n'aiment visiblement pas les injustices, et cherchent des coupables...dans le public. C'est le cas du "King" Eric Cantona, alors star de Manchester United, qui pète un plomb lors du match Crystal Palace - MU en 1995 après qu'un arbitre l'ait expulsé pour une faute un peu douteuse. Cette décision fait entrer le joueur originaire de Marseille dans un état second. Sur le chemin des vestiaires, il s'en prend à un supporter de l'équipe adverse directement dans les tribunes en lui assénant un coup de pied digne d'un maître Shaolin et une série de coups de poing. La presse anglaise ne lâchera plus le joueur durant de longues semaines. Cantona sera finalement suspendu par les instances de la Premier League pendant un an.



Mike Tyson / Holyfield : 1997
La boxe est un sport violent, mais de là à en devenir anthropophage...Un pas que pourtant Tyson n'a pas hésité à franchir. 1997: Evander Holyfield accepte un second combat avec Mike Tyson à la demande de Don Kong après que leur première confrontation en 1996 ait été élue combat du siècle. Il offre alors à Mike Tyson la possibilité de prendre sa revanche. Le premier combat avait été acharné et fourni en coups irréguliers. Mais ce jour là, Mike Tyson va trop loin : il mord et arrache un morceau de l'oreille droite d'Holyfield avant de le recracher avec son protège dents. Le combat doit continuer comme le règlement le stipule. Tyson prend 2 points de pénalité mais s'en prend à l'autre oreille de son adversaire. Il est immédiatement disqualifié par l'arbitre, mais il est déjà trop tard : un semblant d'émeute se répand progressivement dans la salle. On recensera tout de même ce jour là une quarantaine de blessés autour du ring. Bill Clinton sera obligé par la suite de faire une intervention afin de calmer une opinion publique américaine indignée.

Affaire Schumacher / Villeneuve : 1997
Dernier exemple assez révélateur de l'état d'esprit de certains sportifs : l'Affaire Schumacher. A l'époque double champion du monde de formule 1 connu pour sa combativité légendaire, Michael Schumacher dépasse pourtant en 1997 le simple cadre de celle-ci via un acte d'anti-sportivité qui restera dans les annales de la F1. En effet, il effectue sur le circuit de Jerez en Espagne un tampon volontaire sur Jacques Villeneuve qui provoque l'abandon des deux pilotes. Michael Schumacher sera rayé purement et simplement cette année là du classement des pilotes de F1 et la FIA l'obligera à participer à des actions pour la sécurité routière. Il conservera quant même ses victoires et ses points.

Les instances du sport au cœur de la tourmente


Pour finir, il est nécessaire de rappeler que les instances internationales sont loin d'être exemplaires sur le sujet. En effet remémorons-nous le scandale du CIO en 1998, la même année que le scandale Festina. Des révélations selon lesquelles des responsables du CIO avaient accepté des pots-de-vin de la part de lobbyistes œuvrant pour l'obtention des Jeux olympiques d’hiver de 2002 par Salt Lake City. Cela déboucha sur la création d’une commission d’éthique au sein du CIO, et un paradoxe évident : une structure pour surveiller les gens sensés surveiller les sportifs et le respect des règles d'éthique dans le sport !


Déjà publiés :

1. L'apparition du Sport Business
2. La redistribution des cartes à l'Est

A venir :

4. Des exploits quant même ?

3 commentaires:

  1. oui alors cher Bernard je me permets d'intervenir d'une mesquine pichenette quant à l'accident Schumi-Villeneuve : tout d'abord Villeneuve l'avait tout à fait mérité vu qu'il a une tête qui ne revient à personne (dois-je rappeler la tignasse peroxydée qu'il arborait à l'époque), ensuite Schumi s'est pris la même quelques années plus tard de la part de David Coulthard, qui lui en revanche avait délibérément pilé devant la monoplace de notre champion teuton (certains mécanos l'avaient d'ailleurs qualifié l'accident de tentative de meurtre).
    Comme j'aime bien ruer dans les brancards, j'ajoute que D.Coulthard a reçu en 1998 le titre de "pilote le plus fairplay" aux FF1C Awards...

    Ma valda étant régurgitée, je vous la souhaite bonne et retourne à mes ouailles.

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  2. J'ai lu votre remarque Albert : concernant l'affaire de la tignasse de Villeneuve, le pauvre n'est qu'un '"fils de" et a donc la tignasse qui colle à son statut dans la F1.

    Pour L'Affaire David Coulthard, vos remarques sont discutables : en effet c'est Michael Schumacher qui avait déclaré avoir eu l'impression que David Coulthard "avait voulu le tuer sur la piste" pour justifier sa tentative d'agression dans les stands envers le pilote britannique. Les mécanos dans les stands n'avaient servi qu'à essayer d'empêcher un pugilat de la part du pilote teuton. Coulthard a d'ailleurs reconnu quelques années plus tard avoir fait une erreur de pilotage ce jour là.

    Au plaisir d'en rediscuter avec vous cher Albert.

    BV

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  3. Coulthard n'est qu'un Jean Foutre. Je maintiens.

    Je n'en discuterai avec vous que l'arme à la main. Je vous jette mon gland.

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