mercredi 25 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : le sport comme une chimère (2)

Partie 2 : la redistribution des cartes à l'Est



La CEI, en attendant le démantèlement

Nous sommes en décembre 1991. Les proclamations d'indépendance se succèdent au sein de l'URSS qui ne peut plus les maîtriser. Mikhaïl Gorbatchev annonce officiellement la création de la Communauté des Etats Indépendants (CEI) par le Traité de Minsk. Cette entité gouvernementale un peu floue a pour rôle de faire disparaître l'URSS en "douceur" et de préparer la transition inéluctable vers une Russie détachée de ses Etats-Satellites. Elle est constituée de 11 pays.

Du point de vue sportif, l'affaire est compliquée. Il est décidé en urgence en janvier 1992 de constituer une équipe de football sélectionnant les meilleurs footballeurs de la CEI, qui regroupe donc 12 anciennes républiques soviétiques devenues indépendantes après la fin de l’URSS. L’équipe est alors un symbole "fragile" de l’unité politique de la CEI. L'affaire tourne rapidement au vinaigre en raison de nombreuses crises diplomatiques, notamment celle opposant la Russie à l'Ukraine à propos de la Crimée.


En juin 1992, l'équipe de football de la CEI est officiellement dissoute après l'Euro en Suède. L'équipe joue désormais pour la Russie, ce qui va avoir des conséquences très importantes sur l'organisation des compétitions sportives internationales. De plus, cette même année 1992 voit se dérouler les Jeux Olympiques d'Albertville et de Barcelone. Les athlètes y prennent part en tant que délégation unifiée. Mais ils concourront sous les couleurs de la CEI aux JO de Barcelone pour la dernière fois en août 1992.

Comme un symbole, l'Estonie, La Lettonie et La Lituanie participent à ces JO sous leurs couleurs. Dans la foulée, toutes les organisations sportives internationales sont amenées à repenser l'organisation des tours préliminaires des compétitions car 11 pays issus de l'ex bloc soviétique sont désormais à intégrer au sein de l'Europe du sport : Russie, Ukraine, Belarus, Estonie, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Georgie, Azerbaidjan, Arménie, Kazakhstan.

Mais l'histoire de l'année 1992 ne s'arrête pas là. Si on y rajoute la Croatie et la Slovénie devenus indépendantes en janvier, la Bosnie-Herzégovine en avril, et la scission en 2 pays de la Tchécoslovaquie (République tchèque et Slovaquie) en décembre 1992, c'est en tout 16 pays supplémentaires que l'année 1992 doit intégrer à ses compétitions sportives. La Yougoslavie quant à elle devient La République Fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro).

Les conséquences sportives de l'intégration des PECO


La transition se fait relativement facilement pour les nouveaux Pays d'Europe Centrale et Orientale (PECO). L'émancipation des pays indépendants nécessite certes une remise à plat des organisations sportives nationales et des fédérations qui se détachent enfin totalement des contraintes sub-nationales, mais l'idée de jouer sous ses propres couleurs, de concourir pour sa propre nation et de dépendre d'une fédération nationale après des décennies d'attente est vécue par les sportifs de ces pays comme une révolution à sa manière.

Beaucoup plus difficile est par contre la transition pour la Russie ou la République Fédérale de Yougoslavie. En effet, ces pays ne disposent désormais plus du vivier de sportifs que leur fournissaient des pays comme l'Ukraine ou la Croatie. De plus la crise économique ou les années de guerre que vivent ces pays là font que les infrastructures sportives sont laissées à l'abandon, l'organisation politique et administrative du sport frôle le niveau zéro. Dans le cas de la République Fédérale de Yougoslavie, elle se voit même exclue de l'Euro 92 de foot et remplacée par le Danemark (qui remportera d'ailleurs le tournoi!).


Il existe pourtant beaucoup de spécificités nationales qui vont faire que les pays de l'Est ne vont pas connaître les mêmes succès sportifs. En effet, certains pays comme la Croatie (1/4 de finaliste à l'Euro 96 et 1/2 finaliste à la Coupe du Monde 98) et La République Tchèque (finaliste à l'Euro 96) vont rapidement se distinguer dans les compétitions internationales comme le foot, alors que les pays issus de l'ancien bloc soviétique, comme l'Ukraine ou le Belarus, ont encore beaucoup de mal à s'affirmer 20 ans plus tard, notamment dans les sports collectifs.

Cela peut être du à plusieurs raisons. D'abord, le joug de la Russie, encore trop présent. L'histoire de l'URSS est trop lourde à porter pour pas mal de ces pays, et il est parfois difficile de se détacher de la tutelle de la Russie (Belarus, Ukraine). Dans d'autres cas, la priorité nationale n'est pas donnée au sport mais plutôt à l'essor économique (les 3 pays baltes). Aussi, de par leur petite taille, certains pays ne peuvent placer de bons représentants dans tous les sports (Moldavie, Arménie...). Enfin plus généralement, le manque de moyens et d'infrastructures adaptées sont un frein à leur essor sportif.


Mais les véritables raisons sont aussi à chercher dans les cultures de ces pays : les sports dans lesquels certains arrivent à tirer leur épingle du jeu sont bien souvent ceux représentés et médiatisés pendant les Jeux Olympiques, notamment ceux d'hiver : Hockey sur Glace, Saut à Ski, Combiné Nordique, Biathlon, ou Gymnastique, Cyclisme, Aviron, Natation, Lutte etc...L'histoire des sports dans lesquels brillait jadis l'URSS était donc bien souvent liée à ces spécificités sportives locales ou à des volontés des dirigeants de produire des équipes de sports collectifs meilleures que leurs ennemis américains.

Déjà publié :

1. L'apparition du Sport Business

A venir :

3. Les scandales et le dopage dans le sport
4. Des exploits quant même ?

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