vendredi 20 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : la mode (2)

Partie 2 : optique 2000

Reprenons la Mode là où nous l’avons laissée : au milieu des années 90, la taille bien prise dans un 501, la démarche alourdie par des docs martens, trébuchant de surchemises à carreaux en pulls camionneur vers un avenir couleur taupe. Pas fraîcheur de vivre. Du tout. Heureusement, de sémillants greffons musicaux allaient prendre en France et largement impacter sur nos styles vestimentaires : le hip-hop évidemment, mais aussi dans une moindre mesure : le son dancefloor pour une même résultante : le streetwear. A quelques variables près.



Le Streetwear. Littéralement.
Par ici la bonne blague.


En France, si les early adopters de IAM ou NTM ont déjà trouvé leurs survêtements, c’est de la West Coast qu’arrivera la grosse vibe Hip-Hop. 1996, California Love, 2 Pac meurt en grandes pompes mais aussi en jean large, tee-shirt XXL, tatouages full dorsaux... C’est le règne du maxi best of, du Supersize me into a Gangsta. Cette tendance ne s’appliquera pas de manière littérale en France : foin de bandana noué sur le front mais bien l’authenticité du vêtement de travail.



Voilà ce que 2 Pac répondait aux détracteurs de son caleçon.

Les silhouettes s’aèrent tout en s’impersonnalisant : “Tu te lances dans le BTP ? - Non, j’ai block party à la Chapelle”. Caterpillar ou Carhartt se frottent les mains, les chaussures de chantier et les baggys se vendent à la pelleteuse. La street culture américaine n’en reste pas là et nous érige bientôt le skate en école de pensée. C’est le boum du style éponyme : des Oakleys, un percing à l'arcade, une rupture des ligaments croisés et tombent les filles sous votre planche à roulettes. Un phénomène au retentissement inversement proportionnel au nombre de slides réussis dans le monde durant l’année 1997... sauf sur Playstation.

Get Timberland Bootsor Die Tryn'

Parallèlement à la montée en puissance du Hip-Hop, se popularisent les musiques électroniques au prix de leur douloureux préliminaire : la Dance avec comme point d’orgue de barbarie : le Dance Machine... présenté par Ophélie Winter et Yves Noël. Des patronymes si bien accordés, rien à redire, M6 voient les choses en grand. Et tandis que Dr Alban et Corona agressent en mode 2 unlimited nos systèmes nerveux, la mode se met au diapason : les lignes se font plus provocantes, les couleurs plus criardes, les talons deviennent des plate-formes, les débardeurs des brassières... et l’impression que votre fille part au Macumba Club alors qu’elle rend juste des livres à la bibliothèque.



Les infernales Buffalo, modèle Texas Oil Nappa
.
On avait dit : plus jamais ça. Actuellement en vente chez Sarenza.


Les hommes ne sont pas épargnés non plus. Les cheveux passent par toutes les teintes : du gris au blond platine en passant par les picots oranges, les chemisettes s’ouvrent négligemment sur des tee-shirts où brillent les messages les plus opaques : Play Technologix (= ?!!?) Finalement, on se prépare à l’an 2000 en anticipant son folklore séculaire : matières synthétiques, couleurs métallisées, les gels pour cheveux deviennent des concentrés de technologies au service de coiffures désormais indestructibles.

Introducing le Tee-Shirt du Futur.
Avec un alien évidemment.

En marge de ces réjouissances pré-millénaires, des monstres à 3, 6, 8 têtes sèment la terreur dans les cercles mélomanes : les boys&girls band ou sur l’étiquette : l’affirmation d’une communauté de sensibilités musicales et d’identités culturelles différentes. Impossible alors de passer à côté des Spice Girls, cette déclinaison hexagonale de la femme en autant de tenues imparables : un body à paillettes pour la fofolle, un percing au nombril pour la féministe et tout le monde est à l’abri d’une commotion cérébrale. La femme se fait addition sur les doigts de la main là où des spécialistes s’épuisaient à résoudre des équations à plusieurs inconnues dans leurs lits. Rendez-vous compte.


Boy's band anonyme.
Si le ridicule ne tue pas, alors ils sont toujours vivants.



Les hommes, eux, chantent la liberté dans la langue de Shakespeare : 2be3 or not to be, celle d’ouvrir une chemise en soie bleu pastel sur un torse musclé, glabre et luisant. Et la métrosexualité d'inaugurer en fanfare ses premières lignes de sourcil impeccablement dessinées.

Ces débordements putassiers sont depuis tombés dans la "compta" du bug de l'an 2000, le streetwear, lui, va survivre avec pour préceptes : une allure sport, des accessoires bling et le duo baggy/sweat à capuche pour règle. Ophélie s'achète des cols roulés et nous on s’offre une attitude, une respectabilité millénaire... une sorte de mixité identitaire in progress pour un dressing 2.000 sur lequel, qui sait, nous ferons peut-être le bilan un jour.




En attendant, maintenant que nous vous avons révélé tous les secrets du vestiaire 90's, raccrochez donc vos créoles, vos groles coquées et courez célébrer notre chère décennie à la soirée : We Are the 90's ce soir à l'Elysée Montmartre. Why ? Because you like to move it.

Déjà publié : 1. Early Years

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