lundi 30 novembre 2009

Tribe : retour du mytique collectif jazz après 30 ans d'absence


Après 30 ans d'absence, le collectif de jazz mythique de Détroit Tribe fait son grand retour pour notre plus grand plaisir avec ce nouvel album Rebirth qui est sorti le 30 novembre. Pour la petite histoire, le groupe s'était reformé en 2007 pour accompagner le pionnier de l’électro de Detroit Carl Craig sur scène. Ils ont d'ailleurs joué le 10 septembre dernier à Paris dans le cadre du festival Jazz à La Villette. Le live avait été retransmis en direct sur le site de Grandcrew.

TRIBE
"Rebirth"
Sortie le 30.11.09
(COMMUNITY PROJECTS / PLANET E / DISCOGRAPH)


Pur plaisir pour les oreilles, Rebirth nous rappelle aux bons souvenirs de la grande époque du collectif fondé à l'origine par Wendell Harrison (Saxophone, Clarinette), véritable expert du jazz à la fois précurseur des sonorités modernes et alchimiste à l'oreille jazz quasi parfaite. Quant le collectif se sépare en 1975, il est principalement formé de Wendell et de ses 3 amis activistes : Harold McKinley (Piano), Marcus Belgrave (Trompette) et Phil Ranelin (Trombonne).

Comme une preuve de la reconnaissance des plus grands et de l'influence de la musique de Tribe (notamment dans la musique électronique), le gourou de la musique techno Carl Graig a dit d'eux qu'il était "impensable que la musique de la scène musicale underground techno internationale ne s'inspire pas de la musique des 30 dernières années de Tribe".

Pour revivre le spectacle “Tribe” du magicien des platines américain accompagné entre autres par le trompettiste Marcus Belgrave, le batteur Doug Hammond et le pianiste Harold McKinney.

Les "Années 90" au pied du Mur : Le Dossier






Chères Mouches,

L'actualité, l'actualité, toujours et encore l'actualité...Dès qu'un événement commémoratif vient se positionner dans le calendrier, les médias s'en donnent à cœur joie et exercent un matraquage des plus pénibles. La couverture médiatique relative aux 20 ans de la chute du Mur de Berlin a obéit à la même logique en novembre dernier. Web, Tv, Radio, Presse...tout le monde y est allé de son petit dossier spécial chute du Mur.

Mais pour autant, et pour une fois, nous avons mis nos principes et notre éthique un peu de côté en tentant de surfer un peu aussi sur l'actualité. Enfin l'actualité...Hum...Disons pas vraiment celle qui commémore la chute d'un Mur, mais plutôt celle qui revient sur les faits marquants d'une époque, celle des années 90, et de ses nombreux bouleversements. C'est donc bien avec cet objectif que LaMoucheDuCoq a cherché à vous proposer une série d'articles passant en revue l'ensemble des thématiques de la dernière décennie du 3ème millénaire, les Nineties.

Vous avez donc pu découvrir au fil des semaines une batterie d'articles rédigés par vos désormais célèbres chroniqueurs Eve Huile, Radis Donc, Albert Gamote, Benhamou Tarde, Eric Orée et Bernard Vinaigre qui ont torturé (tels des sadiques) musique, mode, sport, médias, guerres, jeux vidéos, cinéma, mœurs, société etc... pour vous faire prendre conscience que notre mémoire fonctionne à court terme et qu'elle a régulièrement besoin d'un petit coup de karcher !!!!

Bonne lecture à tous. Profitez bien de ce dossier qui s'est donc constitué au fil des semaines. N'hésitez pas à le partager !

Bzzzz

L'équipe de LaMoucheDuCoq

dimanche 29 novembre 2009

Résultats du sondage : Quelle Smart êtes-vous ?

Ça y est ! le grand jury de LaMoucheDuCoq a délibéré ce soir pour déterminer quelle Smart améliorée vous attire le plus, et sous laquelle vous avez placé le plus de pouces. Le vainqueur est donc...

1. La Smart "Limousine"

Voici les résultats de l'enquête sur les Smart (en pourcentage de votes) :

1) La Smart "Limousine"- 46%
2) La Smart " Alpine"- 31%
3) La Smart "Amphibie" - 23%

Les "Années 90" au pied du Mur : grands événements (1)

Partie 1 : D'une révolution, l'autre : la liberté expliquée aux mouches



1989, l'année ludique.

La fumée des pétards du bicentenaire commençait à peine à se dissiper. La France se remettait tout juste des tonitruantes festivités du 14 juillet 89 dont le point d’orgue, le défilé du publicitaire Jean-Paul Goude, sensé offrir à la nation une célébration grandiose de ses vertus cardinales - liberté et droadloms en tête - ne fut qu'une débauche de matériaux aussi spectaculaire qu’inutile.

Le bon peuple, repu de feux d’artifices, semblait encore groguis de cet élan d’espérance mystique, tremblotant comme une fillette après un orgasme accidentel.

Tout le monde n’a pas eu la chance de voir débarquer dans sa classe, en ce beau matin du 10 novembre, une grosse prof d’histoire l’air à demi paniquée et les cheveux hirsutes, gesticulant comme une démente dans son chemisier Cyrillus : « aujourd’hui, exceptionnellement, on va pas suivre le programme, le mur de Berlin est tombé… c’est trop important ! ».


A écouter la vieille, enfiévrée, vibrante, on était « trop petits pour comprendre » mais on devait se réjouir de la mort annoncée du communisme et de sa promesse égalitariste de MERDE. Les masques tombaient et nous, les gentils, avions gagné. Et elle nous lançait des explications en petits geysers d’arguments comme une baleine projette son eau en giclées.
C’était une vraie comédie musicale ; les nuques longues rejoignaient les vestes en jean délavées pour fracasser à coups de masse le mur couvert de graffitis qui les séparait depuis 30 ans. Flairant la bonne affaire, le vieux Rostropovitch plantait son violoncelle au milieu des gravats pour donner récital en pleine euphorie. Pour lui, c’était la postérité à peu de frais, la pub Benneton sans le cachet d’Oliveriro Toscani. Comme quoi, célébrer la liberté avec trois accords que plus personne n’a envie d’entendre peut faire entrer dans l’histoire. Cette symphonie destructrice donnerait encore plus de valeur à un catalogue que Rostro allait bientôt céder à André Rieu, le hollandais volant qui lui-même le recyclerait en valses pour vendre des assurances.



Couple de nuques longues sortis de captivité, Berlin, 1989.

Non, Rostropovitch n’était ni opportuniste ni cynique, il montrait juste la voie de la raison. Le mur s’effondrait mais il se vendrait mieux à la découpe.

Nous vivions ce que le néo-conservateur Francis Fukuyama appelait avec un sens de la mesure typiquement Yankee : « la fin de l’histoire ». C’en était bientôt fini de la guerre froide. Notre ennemi à tous, l’ogre soviétique était définitivement terrassé. Il gisait de tout son long, éventré, et de ses tripes éclatées s’échappaient déjà des millions d’opprimés pressés de se vautrer à crédit dans le mode de vie occidental. Le nid de frelons explosait à coups de barres à mine. L’ouest triomphait sur le mal et, princier, lui avançait même la thune nécessaire à sa reconversion en suppôt du bien.

A Berlin, Check-point Charlie vomissait des hordes de soumis pressés de ramper sous d’autres formes de domination. Le grand souffle de liberté poussait un troupeau béat vers l’enclos concentrationnaire de la liberté et du chacun pour sa gueule.
En effet, il n’aura pas fallu deux jours pour que les plus dégourdis des nuques longues, reniflant tels des bêtes le nouveau ghetto dans lequel on les parquait, se mettent à vendre des morceaux du mur comme des petits parpaings. Trois Deutsch Marks la crotte de béton maculée de peinture, c’était le prix du souvenir, le prix du symbole qui s’exposerait avec style sur des étagères d’humanistes rêveurs et petits bourgeois. L’est apprenait à mettre de la graisse sur ses rutabagas.


Après la queue pour s'alimenter, la queue pour travailler,
Europe de l'ouest, 90's.


Ne touchez pas la liberté, elle est virale bande de connards.
Le mois suivant, jaloux de l’étalage de bonheur de ses petits voisins, le peuple Roumain pousse comme un magma la chape de béton qui l’étreint depuis des décennies. Toute bonne éruption commence par une émission de gaz. A l’occasion d’un discours public prononcé depuis le balcon de son palais de sciences fiction, le conducator Nicolae Ceaucescu, AKA le Danube de la pensée, entend monter les sifflets d’une foule qui trépigne telle une adolescente privée de sortie. Résultat : lacrymo et douilles 7,62 pour tout le monde.
Mais, manque de pot, devant l’ampleur de la rébellion, stimulée par la presse occidentale qui retransmet tout et n'hésite pas à en faire des tonnes sur le charnier de Timisoara, l’armée, pas dingue, comprend qu’il est préférable de rejoindre le camp des futur gagnants tant qu’il en est encore temps. Fin de la blague pour le génie des Carpates qui tente de s’enfuir avec sa femme mais se fait arrêter à Pitesti, le Varenne roumain.
C’est ainsi qu’à l’issue d’un procès qu’on aurait dit improvisé dans une arrière-cuisine, le légendaire couple de satrapes se fait dessouder à coups d’AK 47 sur le sol boueux d’une cour de ferme. Des images de snuff movie les montrent comme des chats crevés, les yeux grands ouverts, incrédules et méchants, figés dans une ultime expression de défi envers un peloton auquel ils avaient autrefois ordonné d’arroser la foule.


TF1, déjà dans les bons coups, Bucarest, 1989.

Un régime tyrannique finit par un procès arbitraire. Qu’on se le dise, à partir de maintenant, la « civilisation » répondrait à la barbarie par la barbarie. La décennie de notre adolescence serait une décennie pleine d’hémorragies, mêlant les unes aux autres leurs rhésus incompatibles. On avait pas fini de grandir.

Radis Donc.

samedi 28 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : grands événements (2)

Partie 2 : Tu t'en pètes du désert...

CIA versus KGB, 1945-1989.

On l’a vu, l’adolescence version 90's a débuté par la fin de l’histoire, aux yeux bridés de Francis Fukuyama, penseur néoconservateur américain mondialisé d’origine sino-nippone - à moins que ce ne soit l’inverse, ce qui revient au même, c’est à dire à rien. Désormais nous promettait-il, il n'y aurait plus de bloc, plus de rivalité, plus de conflit ni de provocations stérile façon baie des cochons. Une période réconfortante allait s'ouvrir. Une période où l’Humanité -avec un grand H vaniteux- toute entière allait poser ses yeux de veaux sur la même boussole déglinguée. Le monde deviendrait une immense communauté des béatitudes, agenouillée comme un seul disciple en direction de l’hémisphère nord.

Francis le visionnaire s'excitait comme un bookmaker hors d'haleine. Et pour cause, le gong médiatique venait de retentir sur le plus grand et le plus sauvage de tous les combats de coqs de l'histoire. Le match CIA-KGB prenait fin dans un fracas d’acclamations journalistico-hystériques qui laissaient sur les plateaux, euphorie incontrôlée oblige, comme une odeur de perte blanche. Partout, les grands prêtres cathodiques célébraient le triomphe des gentils, s'oubliant un peu le regard tourné vers un ciel prometteur et bienveillant. Le monde libre n'était qu'embrassades et célébrations. Il avançait nu dans les champs de la vertu.

Mais les romains, ces petits coquins visionnaires, l’avaient bien senti : POST COITUM ANIMAL TRISTE EST. Aussi, après s’être enivré du sang de la liberté dans le calice des rouges, le froc à peine remonté, l’heure était venue pour le Monde Libre de se trouver de nouveaux ennemis, afin de continuer d’être le meilleur.


Agent du KGB débusquant une taupe de l'ouest, 1945-1989.

Les russes n'existent plus, c’est l’été 1990 et la France n’a pas participé au Mundiale Italien, remporté par des allemands moustachus et réunifiés sur un penalty contestable exécuté par Andreas Brehme, une sorte de Rahan avec des crampons et un short noir. Aucune incidence sur le cours des événements internationaux, mais pour des passionnés de sport c’est un motif presque suffisant pour entrer en guerre. Surtout quand on a dix ans.
L'été 90, donc, suit son cours et nous nous ébrouons sur les plages, nos corps juvéniles tout beurrés de monoï, offerts aux premiers émois. Lorsque le 02 août, tombe la terrible nouvelle : Saddam Hussein qui s’emmerdait un peu après avoir rejoué Verdun pendant huit ans contre l’Iran - conquérir un banc de sable marécageux à coups de centaines de milliers de morts juste pour faire chier les Mollahs - envahit le Koweït pour punir ce dernier d’être plus riche que lui, d’avoir un peu trop joué avec les cours du brut, et accessoirement pour élargir son accès à la mer – ce qui peut se comprendre, dans la chaleur absurde de l’été persique. Koweït city tombe en 2 jours sous l’œil concupiscent de CNN qui commente le pillage par l’armée irakienne des énormes réserves de cariatides en plâtre, d'animaux en marbre et de quincaillerie en or massif.
La condamnation est unanime : la démocratie, notre trésor et la liberté, notre idéal (in)fini sont menacées. Il est impératif de se lancer à la rescousse de ce bon peuple Koweiti, soudainement opprimé par un nouveau tyran moustachu et cruel, mégalomaniaque et télégénique. Il faut faire vite. Sonner les cuivres et tonner les canons pour défendre les valeurs morales de ce petit Emirat si moderne et civilisé, si ouvert et proche de nous culturellement que son ablation de la carte du moyen-orient aura forcément de graves répercussions sur notre avenir à tous.

Il faut surtout en profiter, pendant que les soviétiques, amorphes et trop occupés à se répartir les tripes rougeoyantes d’un empire en décomposition, ne peuvent guère plus qu’éructer une faible protestation de bout de table, tel l’idiot alcoolique du repas de famille duquel tout le monde a honte et que personne n’écoute.

C’est ainsi que 1991 débute sous un déluge de feu lointain : 34 pays amis envoient 1 million de copains botter le cul de Saddam en chantant. Une débauche de technologies rassurantes, un joyeux tonnerre d’acier et une démonstration grandeur nature de la toute puissance de nos forces du bien : l’opération « tempête du désert » débute sous nos yeux. L'ère du marketing de la mort s'ouvre, celle où l'on baptise des opérations guerrières de petits noms de code à jolis champs évocatoires. A entendre "tempête du désert", on pense à des bédouins à dos de chameau, à leur visage drapé de noir pour se protéger du sable tourbillonnant, à Lawrence d’Arabie, à Thierry Sabine, - fondateur du Paris Dakar- bref, on pense à ces héros modernes au visage buriné par le soleil qui parcourent des terres hostiles en quête d'aventure et de gloire personnelle. Bienvenue dans l'ère de la confusion où tout se mélange dans l'esprit du public. Grâce au marketing : les armes guérissent, les frappes sont chirurgicales, les ennemis sont des terroristes, la guerre devient la paix.

Suppositoire intelligent de conception américaine, 1991.

Déjà publié :

1. D'une révolution, l'autre : la liberté expliquée aux mouches

A venir :

3. La moutarde monte au nez des Kurdes

vendredi 27 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : grands événements (3)

Partie 3 : La moutarde monte au nez des Kurdes


Saddam s'administrant un missile Patriot pour faire dodo, Baghdad 1991.


Les missiles Tomahawk s’enfonçaient dans la nuit comme des suppositoires effervescents. Le ciel de Bagdad, crépitant de milliers d’éclats verdâtres, semblait couvert de lucioles éphémères. Du fond d'un palais de Saladin à l’architecture déraisonnable, Saddam, tout à son lyrisme de poète arabe, promettait aux alliés de les noyer dans un « fleuve de sang » et de les engloutir dans une « mer de feu ». Ses troupes de bouffeurs de dattes en pyjama, affamées et vidées par la peur, allaient faire avaler leurs queues à ces chiens d’infidèles de la coalition, envahisseurs imprudents des terres de Nabuchodonosor. C’était écrit, la Mesopotamie deviendrait le tombeau d’un occident hérétique et belliqueux.

Moyennant quoi, reconnu par les experts comme l’un des plus absurdes stratèges militaires de tous les temps, le « Glorieux leader » fils du Tigre et de l’Euphrate, triomphateur des Perses et roi de Babylone conduit son armée à l’abattoir. Taillée en pièce division par division, unité par unité, char par char, elle est rapidement désertée par plus de 100 000 fantassins qui se mêlent à la population civile pour mieux se faire décimer par des bombes à fragmentation - c’est tout de même plus pratique de tester ces engins in situ, a fortiori sur des peuplades inutiles et nuisibles.

Coalition de démocrates reniflant les tyrans, 1991-2010.

Les protecteurs de la démocratie attaquent toujours en meute, c’est à ça qu’on les reconnaît. Puis, comme des animaux sauvages, ils se repartissent le butin en suivant la hiérarchie du groupe. Les dominants dépècent la victime en premier pour se garder les morceaux nobles. Tandis que les seconds couteaux attendent fébrilement qu’on leur condescende le droit de ronger la peau. Les USA, ces grands charognards aux ailes sombres, redessinent en catimini la région qui les arrangent, manigancent un échange usurier « pétrole contre nourriture » qui fera plus d’un million de morts civils parmi la population irakienne et, une fois repus, abandonnent sa carcasse désossée en tapant sur l’épaule de Saddam. Le Raïs, qui beuglait à qui voulait l'entendre qu'il mourrait en martyr pour son peuple, signe sa reddition sous une tente de bédouin, et rentre tranquillement à Bagdad commander aux généalogistes de lui fabriquer de toute pièce un lien de sang avec le prophète Mahomet - lequel lien sera consigné dans un document de 600 pages écrit avec sa propre hémoglobine - et s'occuper des affaires intérieures.
Assis sur les plus grosses réserves de pétrole après l’Arabie Saoudite, le Kurdistan irakien s’en est toujours pris plein la cantine. Persécutés pendant des décennies par les Turcs et martyrisés par le régime de Saddam, les kurdes pensent en voyant le débarquement allié que l’heure de leur libération a sonné. Un peu partout de Mossoul à Kirkouk, ils sortent de leur léthargie, bombent leur maigre torse en brandissant des casseroles dans la rue et se mettent à hurler des « à bas Saddam, à bas Saddam… » enfiévrés et joyeux, convaincus que Georges Bush père - le fils de Prescott Bush qui rappelons-le c’est toujours un plaisir, a fait sa fortune en commerçant avec les nazis - allait kicker Saddam’s ass. Monumentale erreur d’appréciation. Georges et ses amis s’en vont en laissant implicitement carte blanche à Saddam pour régler ses affaires en famille. C’est alors que cousin Ali, le chimique, en pacificateur spécialiste de la région, reprend du service pour distribuer à tout le monde de la moutarde sous forme gazeuse. La Mesopotamie retrouvait enfin un peu de sérénité.

Saddam Aleikum.

"Pour les kurdes, il n'y a qu'Ali qui Maille."
Saddam, 1991.


Déjà publiés :

jeudi 26 novembre 2009

Quelle Smart êtes vous ?

Sondage LaMoucheDuCoq lié à l'article Une Smart en ville sinon rien !

Parmi les 3 photos de Smart ci-dessous, déterminez celle qui vous correspond le plus. Pour participer à ce sondage, il vous suffit de vous rendre sur la page facebook de notre blog et de placer un pouce sous la photo que vous préférez en cliquant sur "J'aime". Nous rendrons public les résultats dimanche soir sur notre blog.

1. La Smart "Limousine"



2. La Smart "Alpine"



3. La Smart "Amphibie"

Une Smart en ville sinon rien!


Les débuts très difficiles de la Smart


A l'origine un projet initié en 1990 par le PDG de Swatch (Nicolas Hayek) sous le nom de Swatchmobile, la Smart a fini par se faire une place dans nos villes depuis seulement quelques années. Il aura fallu attendre une succession de facteurs pour que ce mini-véhicule citadin qui pollue peu tire son épingle du jeu : hausse du prix des carburants, contraintes grandissantes liées au stationnement en ville, et acceptation du modèle par des utilisateurs majoritairement habitués à des véhicules plus grands.

La Smart a donc vécu un véritable parcours du combattant pour parvenir à se faire une place sur le marché automobile. Le projet, considéré par tous comme peu fiable, a mis quelques années à trouver un constructeur automobile partenaire : PSA, Renault, Volkswagen et General Motors ont tour à tour décliné l'offre de Swatch. Il faut attendre 1995 et un accord avec Mercedes Benz pour que le premier engagement entre le concepteur et un constructeur soit signé.


La première Smart sort de l'usine d'Hambach en Moselle en 1998 sous le nom de Cité-coupé 2 places (rebaptisé ForTwo par la suite). Mais les débuts sont très timides, le projet a même presque failli capoter après que DaimlerCrysler ait racheté MCC qui détient alors Mercedes-Benz. Nicolas Hayek est évincé du projet dans la foulée. Les 4 années qui suivent sont difficiles pour la Smart. Une version 4 portes est lancée en 2002 (ForFour) mais les résultats ne suivent toujours pas.

Ce n'est qu'en 2007 après une succession de restructurations dans le secteur automobile que la nouvelle version de la Smart ForTwo trouve son marché. Elle est produite un peu plus longue pour pénétrer le marché américain. Et Il faut dire aussi qu'entre son prototype en 1990 et la commercialisation de cette série en 2007, les mentalités des consommateurs ont beaucoup changé : la crise économique les pousse vers des voitures moins chères et moins polluantes.

Une citadine pour citadin(e)s ?

Désormais, le paysage automobile des grandes villes a un peu changé. Il n'est plus rare de croiser une Smart stationnée perpendiculairement à un trottoir ou plusieurs Smart garées les unes derrière les autres. Qui sont leurs conducteurs ? La nouvelle ForTwo semble avoir conquis davantage les femmes actives qui lui trouvent des avantages répondant aux besoins des grandes villes dynamiques : elle se faufile dans les voies de circulation facilement et permet un gain de temps non négligeable en terme de stationnement. Ces messieurs sont plus réfractaires car ses performances sur route ne sont pas très bonnes.




Pour autant il ne semble pas que les motivations des consommateurs soient liées à une prise de conscience écologique ou une problématique de prix. C'est l'idée même de posséder désormais une petite voiture en ville qui prédomine. Certains automobilistes citadins hésitent d'ailleurs bien souvent entre un hummer pour son côté sécurisant passe partout et ce type de voitures pour son côté pratique. L'argument écologique ne fonctionne donc pas encore très bien.

La Smart est par ailleurs souvent également utilisée comme support publicitaire "street marketing" d'une marque souhaitant associer ses produits à une conception de la vie en ville. Inutile de vous dire que personne ne fait le lien entre l'écologie et la marque. Cette stratégie de communication donne plutôt l'impression que le business de la marque est en plein essor ou en développement.

Enfin, les pouvoirs publics cherchent vainement depuis des années à se débarrasser des automobiles de leurs centres villes, en mettant en place une politique de la ville favorisant les transports en commun. Ils ont sondé et admis que leurs électeurs citadins considèrent ce problème comme une propriété au même titre que les problèmes d'emploi ou de logement.

Du coup arriveront-ils à réduire ce problème en poussant les consommateurs à acheter des petites voitures ? la question est posée, espérons surtout que ça n'incite pas au contraire les piétons, cyclistes ou usagers des transports en commun à faire marche arrière et à s'acheter une voiture pour se simplifier la vie !!!


(N'oubliez pas de participer au sondage LaMoucheDuCoq sur facebook pour déterminer quelle Smart êtes vous !!!)

Les "Années 90" au pied du Mur : le sport comme une chimère (1)

Introduction + Partie 1 : L'apparition du Sport Business


La fin des illusions

Les années 90, comme cela a été stipulé dans les précédents articles de notre dossier qui leur sont consacrés, ont bouleversé irrémédiablement les paradigmes que constituaient les oppositions de blocs et l'espérance utopique d'un monde meilleur, unifié et mondialisé qu'inspirait cette situation. Dans le cas du sport, les bouleversements durant les années 90 ont été progressifs et indolores : apparition du sport business, émergence de nouvelles nations du sport sur les cendres du bloc communiste, premières révélations de dopage planifié en ex-RDA, instrumentalisation des organisations sensées régir le sport mondial...

Nombreux sont les exemples qui tendent à prouver que les exploits de Mark Spitz ou des Verts de Saint-Etienne appartiennent définitivement au passé. Et pourtant cette décennie a fourni son lot d'exploits, et comme durant les périodes qui précédèrent les années 90, il a été possible de s'extasier devant la beauté du sport à maintes reprises, notamment grâce à l'état d'esprit vertueux de certains champions qui ont enfilé records et titres comme des perles. Ces sportifs au dessus du lot, devenus rares, ont bel et bien marqué l'histoire du sport à tout jamais.

Le modèle Sport Business européen : le football


Le bouleversement le plus marquant de cette décennie se situe au niveau de l'apparition visible de l'argent massivement dans certains sports. En créant de nouveaux formats de compétitions plus rentables, certaines organisations sportives mondiales ont réussi à renégocier les droits TV et à intéresser des annonceurs sentant les bons coups à jouer.

Le meilleur exemple illustrant cette évolution est le football, notamment quand l'UEFA décide de remodeler en 1992 la vieille Coupe des Clubs Champions en Champions League. Les participants à cette nouvelle formule allaient être désormais stimulés par une grille de primes monstrueuses offertes par l'UEFA pour une simple participation, les victoires, les matchs nuls et le parcours effectué durant la coupe. La hausse des droits TV et les contrats juteux avec les marques ont essentiellement permis ce changement. De plus, un système de poules avec matchs aller et retour permettant de déterminer les 16 qualifiés pour le dernier round est alors mis en place. Cela provoqua naturellement une augmentation du nombre de matchs à jouer - ce qui nécessite encore plus de régularité - spécialité des clubs ayant les plus gros effectifs et qui peuvent les faire tourner.


Mais pour que les matchs soient attractifs et que tout le monde ait sa part du gâteau, il a fallu aussi s'assurer que les équipes qui représentent l'histoire du football européen participent tous les ans à cette compétition (Liverpool, MU, Real Madrid, FC Barcelone, Juventus, Milan AC...), sur la base de quotas liés à des indices UEFA qui reprennent une moyenne de résultats sur une période donnée. Régularité, argent, palmarès...Autant dire quasiment plus aucune chance que des clubs "petits poucets" ne remportent cette compétition, comme ce fut le cas parfois dans le passé.

Parallèlement à ce bouleversement structurel, des hommes d'affaires influents prennent les commandes du foot business : Sylvio Berlusconi en est le meilleur exemple quant il décide de racheter l'A.C Milan en 1986 et d'investir massivement pour bâtir une équipe qui deviendra la meilleure au monde durant presque une décennie, grâce à son trio hollandais magique : Ruud Gullit, Frank Rijkaard, Marco Van Basten. Les années Tapie à l'OM marquent également en France l'apogée du rapprochement entre l'argent et le foot, ce qui conduira le club à offrir à la France en 1993 contre l'A.C Milan (justement) sa première coupe d'Europe après des décennies de disette. Il est vrai que le président Bez avait montré la voix peu avant à Tapie avec les Girondins de Bordeaux, ce qui conduit d'ailleurs la DNCG à rétrograder son club en 1990-1991 pour déficit budgétaire.

Face à cette montée en puissance du foot business, les effets pervers se font vite sentir. Des scandales éclatent à tous les niveaux du foot : Affaire Glassman (OM/VA), rumeurs de matchs achetés dans le Calcio (le scandale finira par éclater dans les années 2000), transferts bidons, blanchiment d'argent... mais la machine est lancée et bien trop rentable pour s'arrêter. 15 décembre 1995 - Arrêt Bosman. Désormais les équipes ne sont plus limitées dans leur recrutement et les clubs les plus riches peuvent acheter et faire jouer autant de stars internationales dans une même équipe pour un même match officiel. Cela met fin aux derniers espoirs de revenir à un football propre et moins tourné vers l'argent et la rentabilité.

Le modèle sport business américain : le basket

Pendant ce temps-là de l'autre côté de l'Océan Atlantique, le basket fait recette. Mais pas de la même manière qu'en Europe. Pour en parler, il faut remonter en 1950, lors de la création de la NBA, qui verra le jour après la fusion des 2 ligues de baskets majeures du pays. Depuis cette date, le championnat est divisé en 2 conférences, Est et Ouest. Les équipes deviennent de fait des franchises de la NBA. Cela leur laisse toutefois une certaine liberté juridique et financière, et surtout la possibilité de changer de ville (la franchise des Lakers était à l'origine à Minneapolis avant de partir s'installer à Los Angeles). Toutefois, c'est la NBA qui décide chaque année du nombre de franchises qui participeront au championnat de basket national, et non leurs résultats de l'année précédente en championnat.



L'histoire de la NBA commence à décoller véritablement à partir des années 80 avec l'arrivée des premières stars du basket US comme Lary Bird (3 titres avec les Celtic Boston) et Magic Johnson (5 titres avec les Los Angeles Lakers), qui deviendront de véritables légendes dans leur pays. Les marques américaines commencent alors à s'intéresser de près au basket. Il est vrai que le salary cap défini par la NBA ne permet pas aux franchises d'avoir champ libre en terme de salaires et primes pour attirer les stars montantes. Les marques, via les contrats publicitaires astronomiques proposés aux joueurs, profitent de cette faille. Elles joueront un rôle majeur dans l'apparition du premier sport 100% business aux USA, et bientôt dans le monde entier.

Un joueur de basket va révolutionner le basket américain et en faire un produit exportable partout dans le monde. Ce joueur, c'est Michael "Air" Jordan. Il est déclaré athlète et basketteur de la décennie 90. En 1992, il gagne la totalité des récompenses et trophées nationaux de basket avec son club des Chicago Bulls et internationaux avec son pays, les USA. Il sera champion NBA 6 fois entre 90 et 98. Le potentiel exportable des produits griffés "Michael Jordan" atteindra un tel niveau qu'il restera le sportif le plus payé au monde pendant très longtemps. Son image sera longtemps associée à l'invincibilité sportive, et très souvent reprise par des campagnes publicitaires dans le monde entier. Dans la foulée, d'autres basketteurs bénéficieront de "l'effet Jordan" et les meilleurs joueurs de la planète commenceront alors à affluer en NBA. Il faudra attendre 1997 et la venue de Tariq Abdul Wahad pour voir le premier français jouer en NBA.

Les 2 modèles sont-ils si éloignés ?


L'UEFA et la NBA ont utilisé des modèles économiques différents pour asseoir leur domination sur leurs sports respectifs. L'UEFA, qui se trouve en situation de monopole en Europe, a favorisé l'investissement de businessmen dans les clubs de foot et poussé l'Union Européenne à légiférer pour ultra-libéraliser les transferts de joueurs (Arrêt Bosman). La NBA, quant à elle, a régulièrement été en concurrence avec d'autres ligues, la poussant dans un premier temps à encadrer les équipes par un système de franchises, puis à se développer à l'international grâce à la puissance de ses marques et de ses stars.

Ces différences ont fait naître une élite de clubs dans le football européen, alors que le niveau des franchises américaines semble plus homogène. Des similitudes dans leurs modèles économiques se retrouvent toutefois au niveau de leur stratégie en termes de droits de diffusion TV à l'étranger. Les deux structures ont basé une partie de leur indépendance financière sur la vente des ces droits, et ont parallèlement fait en sorte que les compétitions soient attrayantes et rentables. Dans ces conditions, peu de chances que l'AJ Auxerre (Bourgogne) remporte un jour la Champions League ou que Frederick (Maryland) remporte un jour les plays-offs !!!

A venir :

2. La redistribution des cartes à l'Est
3. Les scandales et le dopage dans le sport
4. Des exploits quant même ?

mercredi 25 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : le sport comme une chimère (2)

Partie 2 : la redistribution des cartes à l'Est



La CEI, en attendant le démantèlement

Nous sommes en décembre 1991. Les proclamations d'indépendance se succèdent au sein de l'URSS qui ne peut plus les maîtriser. Mikhaïl Gorbatchev annonce officiellement la création de la Communauté des Etats Indépendants (CEI) par le Traité de Minsk. Cette entité gouvernementale un peu floue a pour rôle de faire disparaître l'URSS en "douceur" et de préparer la transition inéluctable vers une Russie détachée de ses Etats-Satellites. Elle est constituée de 11 pays.

Du point de vue sportif, l'affaire est compliquée. Il est décidé en urgence en janvier 1992 de constituer une équipe de football sélectionnant les meilleurs footballeurs de la CEI, qui regroupe donc 12 anciennes républiques soviétiques devenues indépendantes après la fin de l’URSS. L’équipe est alors un symbole "fragile" de l’unité politique de la CEI. L'affaire tourne rapidement au vinaigre en raison de nombreuses crises diplomatiques, notamment celle opposant la Russie à l'Ukraine à propos de la Crimée.


En juin 1992, l'équipe de football de la CEI est officiellement dissoute après l'Euro en Suède. L'équipe joue désormais pour la Russie, ce qui va avoir des conséquences très importantes sur l'organisation des compétitions sportives internationales. De plus, cette même année 1992 voit se dérouler les Jeux Olympiques d'Albertville et de Barcelone. Les athlètes y prennent part en tant que délégation unifiée. Mais ils concourront sous les couleurs de la CEI aux JO de Barcelone pour la dernière fois en août 1992.

Comme un symbole, l'Estonie, La Lettonie et La Lituanie participent à ces JO sous leurs couleurs. Dans la foulée, toutes les organisations sportives internationales sont amenées à repenser l'organisation des tours préliminaires des compétitions car 11 pays issus de l'ex bloc soviétique sont désormais à intégrer au sein de l'Europe du sport : Russie, Ukraine, Belarus, Estonie, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Georgie, Azerbaidjan, Arménie, Kazakhstan.

Mais l'histoire de l'année 1992 ne s'arrête pas là. Si on y rajoute la Croatie et la Slovénie devenus indépendantes en janvier, la Bosnie-Herzégovine en avril, et la scission en 2 pays de la Tchécoslovaquie (République tchèque et Slovaquie) en décembre 1992, c'est en tout 16 pays supplémentaires que l'année 1992 doit intégrer à ses compétitions sportives. La Yougoslavie quant à elle devient La République Fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro).

Les conséquences sportives de l'intégration des PECO


La transition se fait relativement facilement pour les nouveaux Pays d'Europe Centrale et Orientale (PECO). L'émancipation des pays indépendants nécessite certes une remise à plat des organisations sportives nationales et des fédérations qui se détachent enfin totalement des contraintes sub-nationales, mais l'idée de jouer sous ses propres couleurs, de concourir pour sa propre nation et de dépendre d'une fédération nationale après des décennies d'attente est vécue par les sportifs de ces pays comme une révolution à sa manière.

Beaucoup plus difficile est par contre la transition pour la Russie ou la République Fédérale de Yougoslavie. En effet, ces pays ne disposent désormais plus du vivier de sportifs que leur fournissaient des pays comme l'Ukraine ou la Croatie. De plus la crise économique ou les années de guerre que vivent ces pays là font que les infrastructures sportives sont laissées à l'abandon, l'organisation politique et administrative du sport frôle le niveau zéro. Dans le cas de la République Fédérale de Yougoslavie, elle se voit même exclue de l'Euro 92 de foot et remplacée par le Danemark (qui remportera d'ailleurs le tournoi!).


Il existe pourtant beaucoup de spécificités nationales qui vont faire que les pays de l'Est ne vont pas connaître les mêmes succès sportifs. En effet, certains pays comme la Croatie (1/4 de finaliste à l'Euro 96 et 1/2 finaliste à la Coupe du Monde 98) et La République Tchèque (finaliste à l'Euro 96) vont rapidement se distinguer dans les compétitions internationales comme le foot, alors que les pays issus de l'ancien bloc soviétique, comme l'Ukraine ou le Belarus, ont encore beaucoup de mal à s'affirmer 20 ans plus tard, notamment dans les sports collectifs.

Cela peut être du à plusieurs raisons. D'abord, le joug de la Russie, encore trop présent. L'histoire de l'URSS est trop lourde à porter pour pas mal de ces pays, et il est parfois difficile de se détacher de la tutelle de la Russie (Belarus, Ukraine). Dans d'autres cas, la priorité nationale n'est pas donnée au sport mais plutôt à l'essor économique (les 3 pays baltes). Aussi, de par leur petite taille, certains pays ne peuvent placer de bons représentants dans tous les sports (Moldavie, Arménie...). Enfin plus généralement, le manque de moyens et d'infrastructures adaptées sont un frein à leur essor sportif.


Mais les véritables raisons sont aussi à chercher dans les cultures de ces pays : les sports dans lesquels certains arrivent à tirer leur épingle du jeu sont bien souvent ceux représentés et médiatisés pendant les Jeux Olympiques, notamment ceux d'hiver : Hockey sur Glace, Saut à Ski, Combiné Nordique, Biathlon, ou Gymnastique, Cyclisme, Aviron, Natation, Lutte etc...L'histoire des sports dans lesquels brillait jadis l'URSS était donc bien souvent liée à ces spécificités sportives locales ou à des volontés des dirigeants de produire des équipes de sports collectifs meilleures que leurs ennemis américains.

Déjà publié :

1. L'apparition du Sport Business

A venir :

3. Les scandales et le dopage dans le sport
4. Des exploits quant même ?

GaBLé et le bidouillage folk


La Normandie n'en finit plus d'enfanter des groupes qui font parler d'eux : après avoir fourni des groupes comme Tahiti 80, Orelsan, Steeple Remove, Barth, Axel & The Farmers, La Maison Tellier, c'est au tour de GaBLé (artiste originaire de Caen) de connaître son heure de de gloire. Véritable révélation au sortir du Festival Nördik Impakt 2009, il avait également marqué les esprits lors du Festival GéNéRiQ 2009 en assurant 6 concerts en 6 jours dans le cadre de ce festival et lors des Transmusicales de Rennes 2008.

Entre boui-boui indéfinissable et bricolage ultra inspiré, GaBLé n’en finit pas d’étonner et de séduire. Influencé par des groupes comme The Books, Múm, Daniel Johnston, Why?, CocoRosie, Sonic Youth, le trio déploie un véritable chantier autour de lignes de guitare sèche, de samples électroniques et de voix venues d’ailleurs.

Accompagné de 2 autres musiciens qui sont venus le rejoindre en 2002 et en 2004, GaBLé a d'abord sorti 3 albums auto produits : Gablé (2002), Californian Touch With A Condé sur Noireau Way of Life (2004) et Seminéoproantifolk (2006). Il faut atteindre 2008 et la sortie de 7 Guitars With A Cloud Of Milk sur le label anglais LOAF Recordings pour assister au décollage de la carrière du groupe, qui remporte cette même année le concours CQFD des Inrocks. L'album est très bien produit, comme vous pouvez le constater sur le titre "Drunk Fox In London" dont voici le clip :




GaBLé a sorti son 5e album I'm Ok chez LOAF Recordings le 11/06/09. Depuis le succès est au rendez-vous et les dates de concerts / festivals s'enchaînent. Le groupe est d'ailleurs en concert ce soir à Paris au Glazart en compagnie de Seeland, Kumisolo et Anabel's Poppy Day pour la soirée LOAF vs Boutiques Sonores Party .



www.gableboulga.com
www.myspace.com/gableacute


mardi 24 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : le sport comme une chimère (3)

Partie 3 : Les scandales et le dopage dans le sport


RDA : une soupe au hormones mâles pour les sportives


Le premier scandale que nous allons évoquer est un cas de dopage dit d'Etat. Dans les années 70, la RDA met au point un vaste programme de dopage de ses sportifs afin de faire bonne figure dans les compétitions sportives internationales. La finalité de ce projet est autant de prouver que le modèle est-allemand génère des résultats, que de faire de la propagande par le biais de ses sportifs. Un véritable secret de polichinelle dans le milieu du sport, qui perdurera toutefois pendant près de 25 ans.


Il faut attendre la chute du Mur de Berlin pour que l'affaire soit enfin officielle et que les premiers témoignages de destins brisés par ces pratiques réussissent à indigner la communauté sportive internationale.

On apprend alors à l'époque que pendant des décennies, des doses de testostérone et d'anabolisant ont été injectées aux sportifs est-allemands afin de rafler un maximum de compétitions sportives en natation et en athlétisme. Les sportives étaient régulièrement stérilisées et traitées aux hormones afin d'augmenter leur capacité physique, en les rapprochant le plus possible de celles des hommes. Enfin, comble de l'horreur, ce dopage organisé commençait bien souvent dès le plus jeune âge, ce qui créa une génération de sportifs relégués à de simples rôles de cobayes.

La Chine ne fera pas beaucoup mieux par la suite avec ses nageuses dans les années 90, en les traitant toutes au somatotropine (hormone de croissance indétectable à l'époque). 30 d'entre elles sont contrôlées positives en 1998 après une série d'excellents résultats inexplicables.

Le cyclisme victime de la politique anti-doping dans les années 90 ?

L'Affaire Festina se présent définitivement comme la référence absolue en matière de dopage collectif organisé. Le 8 juillet 1998, les douaniers présents à la frontière franco-belge trouvent dans le coffre d'une voiture de quoi ravitailler toute une pharmacie. Le conducteur s’appelle Willy Voet. Il est le soigneur belge de l’équipe Festina. A partir là, les enquêteurs vont remonter le fil de la plus importante affaire de dopage de tous les temps, symbole d’un cyclisme gangrené par l’EPO. Et dont le Tour de France aura du mal à se remettre.

Quatre jours avant le départ du Tour (de Dublin), un stock de produits dopants saisi à Neuville-en-Ferain précipite la chute de la plupart des membres de la formation cycliste Festina. L'affaire fait tâche d'huile et plusieurs équipes sont également exclues du Tour. Richard Virenque ne reconnaîtra pas cette année là s'être dopé "volontairement" et se défendra en matraquant dans les médias que ces pratiques étaient faites " à l'insu de son plein gré " par les médecins de l'équipe Festina, sur ordre. Du coup il n'est pas immédiatement suspendu par les instances du cyclisme, faute de preuves. Il prendra quand même un an de suspension en 2000 après avoir fait des aveux sous la pression du témoignage à charge du médecin de Festina, Willy Voet, qui l'implique à tous les niveaux du système de dopage de l'équipe.


Cette affaire aurait du amener une véritable réflexion sur le dopage dans le sport dans son ensemble. Mais tout le monde pense unanimement à l'époque que seul le cyclisme est gangréné à ce point par ce mal. C'est la raison pour laquelle le cyclisme va subir un acharnement de la part des médias et de la justice, et rapidement montrer toutes les limites de sa version moderne au travers des affaires de dopage collectif à répétition : Ulrich, Riis, et beaucoup d'autres se font épingler. Pendant ce temps, d'anciens cyclistes n'arrivent plus à se débarrasser de leurs addictions aux produits, comme Marco Pantani, qui décède dans un hôtel misérablement au milieu de boîtes de pizzas. L'enquête montrera qu'il est mort d'une overdose de cocaïne, drogue à laquelle il était devenu accro après avoir mis un terme à sa carrière.

C'est pourtant un fait : les autres sports sont de toute évidence moins souvent montrés du doigt (à l'exception de la natation et de l'athlétisme) alors que la plupart d'entre eux ne sont pas pour autant de meilleurs élèves. De plus les législations différentes entre les pays ne facilitent pas les choses. Le football en est un bon exemple avec l'utilisation généralisée depuis longtemps de la créatine (qui permet d'augmenter le volume d'eau dans la masse musculaire) dans certains pays comme l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie, mais interdite en France en raison d'une législation la considérant comme dopante et du coup, dangereuse. Au final toute cette résistance n'aura servi à rien puisque la Commission Européenne en a obligé la commercialisation en France récemment.

Des sportifs pas toujours exemplaires...

L'image "coubertine" du sport s'est donc progressivement détériorée en raison de dérives politico-économiques l'ayant poussé à adopter le culte de l'obligation de résultats. Mais quelques sportifs ont aussi contribué individuellement à dégrader l'image du sport (en plus de leur propre image) en jouant des rôles considérables dans certaines affaires et scandales des années 90. Voici quelques exemples de cette époque qui tendent à prouver que certains sportifs se sont comportés en francs-tireurs, et qu'il n'a pas toujours été nécessaire d'être sous l'influence d'une fédération, d'un Etat ou d'un système pour péter un plomb !

Affaire Ben Johnson : 1988
Reprenons les choses dans l'ordre chronologique. Nous avons évoqué précédemment les différents problèmes de dopage organisé. Mais depuis longtemps il existe dans le sport un sujet tabou : le dopage à l'initiative des sportifs. L'affaire Ben Johnson est de ce point de vue intéressante. La presse la révèle en 1988 en dénonçant le cas du sprinteur (100m) canadien Ben Johnson, contrôlé positif au Stanozolol (un stéroïde anabolisant). Ben Johnson sera destitué de ses titres et records, au plus grand bonheur de Carl Lewis, son rival de l'époque. Il reconnaitra publiquement s'être dopé à la fois aux Championnats du monde d'athlétisme et aux Jeux Olympiques de Séoul.

Affaire OM-VA : 1993
L'honnêteté de certains sportifs est à nouveau mise à mal en 1993 au travers du tollé que fait l'Affaire OM-VA en France, qui implique directement Jean Jacques Eydelie, (OM), Christophe Robert et Jorge Burruchaga (Valenciennes). Si le premier a servi d'intermédiaire dans l'affaire, les deux autres se sont faits "acheter" afin de laisser filer le match. Les 3 accusés passeront rapidement aux aveux et reconnaitront avoir touché des sommes importantes d'argent. Jacques Glasmann (Valenciennes), seul protagoniste clean de l'affaire, sera remercié de son honnêteté en étant quasiment banni du milieu du football. Il mettra un terme à sa carrière assez rapidement, lassé d'être considéré comme un traitre dans ce sport.

Kung-Fu/ Eric Cantona : 1995
Certains sportifs n'aiment visiblement pas les injustices, et cherchent des coupables...dans le public. C'est le cas du "King" Eric Cantona, alors star de Manchester United, qui pète un plomb lors du match Crystal Palace - MU en 1995 après qu'un arbitre l'ait expulsé pour une faute un peu douteuse. Cette décision fait entrer le joueur originaire de Marseille dans un état second. Sur le chemin des vestiaires, il s'en prend à un supporter de l'équipe adverse directement dans les tribunes en lui assénant un coup de pied digne d'un maître Shaolin et une série de coups de poing. La presse anglaise ne lâchera plus le joueur durant de longues semaines. Cantona sera finalement suspendu par les instances de la Premier League pendant un an.



Mike Tyson / Holyfield : 1997
La boxe est un sport violent, mais de là à en devenir anthropophage...Un pas que pourtant Tyson n'a pas hésité à franchir. 1997: Evander Holyfield accepte un second combat avec Mike Tyson à la demande de Don Kong après que leur première confrontation en 1996 ait été élue combat du siècle. Il offre alors à Mike Tyson la possibilité de prendre sa revanche. Le premier combat avait été acharné et fourni en coups irréguliers. Mais ce jour là, Mike Tyson va trop loin : il mord et arrache un morceau de l'oreille droite d'Holyfield avant de le recracher avec son protège dents. Le combat doit continuer comme le règlement le stipule. Tyson prend 2 points de pénalité mais s'en prend à l'autre oreille de son adversaire. Il est immédiatement disqualifié par l'arbitre, mais il est déjà trop tard : un semblant d'émeute se répand progressivement dans la salle. On recensera tout de même ce jour là une quarantaine de blessés autour du ring. Bill Clinton sera obligé par la suite de faire une intervention afin de calmer une opinion publique américaine indignée.

Affaire Schumacher / Villeneuve : 1997
Dernier exemple assez révélateur de l'état d'esprit de certains sportifs : l'Affaire Schumacher. A l'époque double champion du monde de formule 1 connu pour sa combativité légendaire, Michael Schumacher dépasse pourtant en 1997 le simple cadre de celle-ci via un acte d'anti-sportivité qui restera dans les annales de la F1. En effet, il effectue sur le circuit de Jerez en Espagne un tampon volontaire sur Jacques Villeneuve qui provoque l'abandon des deux pilotes. Michael Schumacher sera rayé purement et simplement cette année là du classement des pilotes de F1 et la FIA l'obligera à participer à des actions pour la sécurité routière. Il conservera quant même ses victoires et ses points.

Les instances du sport au cœur de la tourmente


Pour finir, il est nécessaire de rappeler que les instances internationales sont loin d'être exemplaires sur le sujet. En effet remémorons-nous le scandale du CIO en 1998, la même année que le scandale Festina. Des révélations selon lesquelles des responsables du CIO avaient accepté des pots-de-vin de la part de lobbyistes œuvrant pour l'obtention des Jeux olympiques d’hiver de 2002 par Salt Lake City. Cela déboucha sur la création d’une commission d’éthique au sein du CIO, et un paradoxe évident : une structure pour surveiller les gens sensés surveiller les sportifs et le respect des règles d'éthique dans le sport !


Déjà publiés :

1. L'apparition du Sport Business
2. La redistribution des cartes à l'Est

A venir :

4. Des exploits quant même ?

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