mercredi 11 novembre 2009

Décennie 2.0

Avril 2010. Les agapes et les "Unes" de magazines célébrant l'entrée dans la nouvelle décennie n'étant plus qu'un lointain souvenir hivernal, La Mouche du Coq, tout à son avant-gardisme, peut désormais enterrer les années 90 - France qui gagne, Web balbutiant au rythme du 56k et séries TV sur fond de rires préenregistrés - pour entrer dans le nouveau millénaire. Et comme nos lecteurs sont décidément de petits veinards on vous délivre, en exclusivité, une sélection non exhaustive (et hautement subjective) de phénomènes qui marqueront les années 2000. A vos claviers pour nous poster VOTRE vision de "l'esprit 2K" !


Vous regardez trop la télé...

Dans une Amérique rongée par les spectres du 11 septembre, Jack Bauer applique, avec la ferveur d’un écolier les préceptes de l’administration Bush : travail, famille, patrie. Torture. Un sacré coup de pied dans le monde sclérosé de la télé : au-delà d'une idéologie aux relents de Pont-l'Evêque, 24 impose le règne du cliffhanger (pas le grimpeur viril incarné par Stallone, le procédé scénaristique !). La série TV se fait addiction. Non content d’avoir déjà sauvé sept fois l’Amérique (série en cours), Jack Bauer a aussi volé au secours d’un business de plus en plus menacé par Internet. La télé devient l'eldorado du scénariste. Le format a tellement le vent en poupe qu'il devient difficile d'en suivre l'actualité. Ironie du sort, en mettant en scène un des premiers présidents noirs de l’histoire du petit écran, la production de la Fox – propriété de l’ultra républicain Rupert Murdoch - a déroulé le tapis au démocrate Barack Obama.



Ladies and gentlemen, please welcome (back) the Chuck Taylor All Star.


Du neuf avec du vieux

Disparue des échoppes françaises depuis près de 10 ans, la centenaire Converse fait son retour en grandes pompes. Symbole universel de la godasse de rue pas chère et increvable, cette résurgence des années 80 (la marque était le principal sponsor des Jeux Olympiques de 1984) peut aussi servir d’indice du coût de la vie. Combien de samedi après-midi passés à laver la voiture de papa pour récolter les 250 francs (38 €) requis pour acquérir ce symbole de la coolitude absolue ? Compter au minimum 60 € dans les années 2000. L'effet d'un rachat par Nike en 2003 ? Possible. Quoiqu'il en soit, la Chuck Taylor All Star, du nom du basketteur qui popularisa le modèle dès 1923, est passée dans les années 2000 du statut de symbole d'une certaine culture rock à celui de véritable uniforme pédestre. Comme une réconciliation entre la fashion victim, la rock star et le geek qui sommeille en chacun de nous.


Rock on the dancefloor

Parlant de "wock'n'woll", c’est d’une bande de fils à papa des beaux quartiers new yorkais que soufflera un vent de fraîcheur à l’automne 2001. Is this it ? 36 minutes d’un brulôt rock comme on en avait peu entendu depuis Nirvana. A la différence près que les Strokes nous rappellent que dans "rock" il y a "roll". Pas révolutionnaire pour un sou, le quartet garage new yorkais troque la déprime grunge contre une attitude plus glamour, ramène les guitares sur le dancefloor et fait swinguer nos oreilles. Les émules, évidemment téléchargées, sont nombreuses: The White Stripes, Franz Ferdinand, The Hives, The Libertines, Arctic Monkeys... Toute une génération de babyrockeurs biberonnés à grands renforts de Nevermind et impatiente de prouver que, non, le rock n’est pas mort un jour d’avril 1994. Le look de la bande emmenée par Julian Casablancas est également très symptomatique de la mode du moment : allures dégingandées, vestes et cravates pour les plus téméraires. A des kilomètres du combo jean troué/chemise à carreaux made in 90's. Tenez vous le pour dit: être rock en 2000 c’est sortir d’une famille bourgeoise - Casablancas n'est autre que le rejeton du fondateur de l'agence Elite -, prendre une moue désabusée et porter la mèche aussi aisément que le slim (et la Converse, donc).

http://www.youtube.com/watch?v=jrmtySpO3Fs




Bienvenue dans l'ère du tout numérique

A l'instar des Arctic Monkeys, ces bébés rockeurs n’auraient probablement pas connu pareil succès sans l’avènement du MP 3 et de son objet de culte : l’iPod, lancé en 2001. Là encore, un retour en grâce après une longue traversée du désert pour Steve Jobs, patron vedette évincé de sa propre société en 1985 avant d’effectuer son retour aux manettes en 2000. Chacun connaît la suite : malgré une part de marché toute relative, Apple arbore une croissance à faire pâlir le plus capitaliste des chinois. Le design épuré des produits frappés de la pomme s’invite à peu près partout. Avec Apple, la marque se fait religion ; les gadgets numériques s'imposent comme le couteau suisse de l'homme moderne et embarquent avec eux une révolution culturelle et sociale : l’avènement d’Internet en tant qu’espace de socialisation. Chats, forums, réseaux sociaux, blogs : en quelques années, le Web 2.0 s’est invité chez M. tout le monde. Big Brother est là mais une chose a changé depuis Orwell : personne n’en a cure ! Bien au contraire. En 2000, l'adage "pour vivre heureux, vivons cachés" s'écrirait plutôt "pour vivre heureux, vivons en ligne". Ce blog en est la meilleure preuve...

http://www.youtube.com/watch?v=9mRaZNqGABI

La mort aux trousses

Le zombie est aux angoisses de l'Humanité ce que le bouton d’acné est à la soirée picole : un avatar. En ces temps d’incertitude climatique, économique et sécuritaire, il est donc normal que les créatures rendues populaires par Georges Romero resurgissent d’outre-tombe. Sauf qu’elles reviennent après des années 90 passées en disgrâce et cette fois, c'est personnel elles sont pas contentes. Le zombie sauce Romero était aussi lent et froid que la guerre qu’il symbolisait ? Dans les années 2000, le péril est insidieux. Votre voisin peut à tout moment se transformer en terroriste. Le zombie se doit donc d’être moins visible – exit le fond de teint bleu - et surtout nettement plus agressif. En cela, L’Armée des morts (2004), remake du Zombie de 1979, est une transition parfaite entre les deux grandes époques du film de morts -vivants. Etre un zombie en 2000, c’est courir après sa proie et nombre de films (28 jours/semaines plus tard, Planète Terreur, Shaun of the Dead, Je suis une légende, etc.) ont suivi - en galopant - la voie ouverte par Zack Snyder: celle d'un film d'épouvante clipesque, apocalyptique et/ou ludique (rayer les mentions inutiles).

De paria, le zombie est devenu hype. Le 31 octobre dernier, près de 700 morts-vivants déambulaient dans les rues de Paris à l'occasion de la deuxième Zombie Walk.

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