lundi 6 juillet 2009

Yann Anus-Bertrand ou l'intoxication verte






Les rois mages qui veulent vous sauver, de gauche à droite,
Balthazar, Melchior et Yann.




Quand les historiens de l’antiquité se pencheront, dans quelques siècles, sur notre fascinante et lointaine époque, ils ne manqueront pas de souligner l’influence de certains tribuns éclairés sur le cours sinueux de notre vie quotidienne. Et l’interprétation du leg intellectuel de ces derniers donnera lieu, sans nul doute, à quelques querelles de chapelles. Entre les classiques, partisans d’une lecture à la lettre des oeuvres de Yann Arthus Bertrand, puisque c’est de lui dont il s’agira ici-, et les modernes, plus enclins à remettre les choses en perspective, à valoriser sa contribution visionnaire, bien que maladroite, à la marche vers le bien-être des générations futures.

Et le combat d'école s’annonce tendu :
c’était à chier et dangereux ? Ou c’était juste à chier ?


Dans le contexte, ce n’est un secret pour personne ni un drame pour tout le monde, nous nous approchons du jugement dernier. Quatre à quatre, avec des bottes de sept lieux. La faute à l’homme, ce goret narcissique qui bousille la planète. Ambiance short-cut vers l’apocalypse.

Mais des tréfonds de la fange malodorante dans laquelle nous croupissons, on sent l’espoir renaître. La vase commence à s’agiter un peu. Les mouches à merde se remettent à virevolter en farandole pour humer le doux parfum des bouses. C’est le signe que bientôt, peut-être, tout va rentrer dans l’ordre.

Peu d’hommes dans l’histoire auront eu la chance, comme nous, d’assister à l’avènement de nouveaux messies. Et pas des moindres. Des éveilleurs de conscience dévolus à la plus noble cause qui soit. Des gars qui sont pas des fiottes, et qui débarquent d'on ne sait où sauver l’humanité en lui montrant la voie.

On en a une de ces chances, dîtes-donc, quelque soit la direction dans laquelle on regarde, nous sommes cernés par les gentils, les vertueux à grand col, les princiers, les promoteurs du bien-être et de l’harmonie collective. Toujours les mêmes combats faciles et incritiquables, les grandes causes rabattues, le parti de la masse : hygiénisme et moralisme à la con au service de l’intérêt général. Arrosez tout ça d’unanimisme médiatique et de slogans pubards mièvres : « Depêchons-nous, ça déborde », « Faisons vite, ça chauffe », « Changeons avant qu’il ne soit trop tard », « Plantons un arbre... dans ton cul ! » et des millions de veaux applaudissent à tout rompre quand on leur assène des banalités avec grandiloquence.


Et question grandiloquence, l’ami YAB ne mégote pas sur les effets de style dans HOME
, son nouvel opus financé par le groupe PPR et coproduit avec Luc Besson, ce philanthrope de renommée mondiale qui au début refusait que le film soit téléchargeable gratuitement. Les grandes causes, c'est bien gentil, mais on ne se nourrit pas avec de la gratitude.

Mais me direz-vous, pourquoi tant d’acrimonie envers ce sympathique individu qui a fait de sa vie un sacerdoce ? C’est vrai quoi, il a ce regard de grand-père bienveillant qui a signé sa convention obsèques et va laisser un petit capital à ses enfants – et pas que des pin’s ou des breloques plaqué or héritées de la famille hein, non ma p'tite dame, c’est du lourd, pensez-donc, la planète, il l’a déposée chez le notaire.




"Dormez tranquille les enfants, j'ai déposé la planète chez le notaire... au cas où il m'arriverait un truc..."

Ben parce qu’il me gonfle, le moustachu sympa qui dessine des cœurs dans les champs avec les pâles de son hélicoptère. "Coucou les singes, coucou les girafes, coucou les ouistiti, coucou les Massaï, regardez comme je vole haut, et souriez pour la photo...". Mais dis-moi coco, ils en pensent quoi les gardiens de vache auxquels tu condescends à serrer la pogne, de ta vision messianique de l'économie ? J'imagine qu'ils sont super contents de payer une rente annuelle aux multinationales pharmaceutiques pour faire vacciner leurs troupeaux sous peine de se voir interdire de les exploiter.




"Coucou les pauvres, n'oubliez pas de vous faire vacciner par mes copains de Sanofi..."

Mais surtout pas d’attaque Ad Hominem. Je m’en tiens juste aux faits et aux propos de l’artiste. Et là, tout de même, faut reconnaître qu’on tient un magnifique spécimen. Encore un misérable onaniste qui se répand dans le désert. Un être anecdotique de plus, né pour faire foule, se promener et arroser la planète de ses fulgurantes pensées bourgeoises. Parcourir, semer, nourrir la terre de sa sève : partout, faire pousser la connerie.


Propos glané au détour d'une interview :

« c’est un film qui a une mission, et je crois que les gens de ce film ont travaillé sans doute plus que sur un autre film parce qu’ils sentaient bien que ce qu’on faisait était important… et que ce qu’on allait dire était primordial… ».

Rien de moins. Je me méfie toujours des types qui ont des missions. Et vous l’aurez compris, celle-ci décoiffe pas mal.

Sur une bande-son world music édifiante, comme si I muvrini avait partouzé avec des chanteurs des steppes et des flutistes andins – j’espère d’ailleurs qu’il leur a pas chapardé leurs ocarinas, on commence à le connaître le poète du maquis – on part en promenade au-dessus du monde en se faisant raconter par une voix doucereuse comment on a tout bousillé. Tout le monde le sait. Et tout le monde s’en fout. Tout a déjà été dit et redit des milliers de fois et cent fois mieux. On n’apprend rien. Pas la moindre queue d’une idée intéressante dans ce film. Juste de la sensiblerie au service de la culpabilisation de(s) masse(s). Et un message de fond dangereux : jusqu’à aujourd’hui vous étiez des cons irresponsables, écoutez-moi et vous deviendrez des cons qui se sentent coupables et impuissants.

Ce film présente une vision manichéenne et simpliste qui consiste à rendre l'INDIVIDU coupable de tous les maux, et non le SYSTEME dans son ensemble. Changer les comportements individuels est une idée primaire et insuffisante, réduire sa consommation, c'est tout de même consommer. La croissance verte, c'est quand même la croissance. Yanus nous raconte que l'individu doit se soumettre aux lois de la nature... ainsi qu'à celles de l'économie qui s'y superposent. Tiens donc, ça commence à sentir un peu le gaz d'un coup. Une minable opération de propagande de plus, une action de GREEN-WASHING au service de PPR. Bien joué Yanus, tu nous a bien enfilés.


Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, qu’à un hélicoptère de se poser dans les champs de la vertu.

Bon c'est vrai, je fais du mauvais esprit, le film est « compensé en carbone ». Wouahou Wouahou. Ca signifie que pour les dizaines de milliers de litres de fuels répandus dans l’atmosphère pendant le tournage, PPR a donné son obole au géant vert pour qu'il aille se pinter la gueule avec Footix et le lion du crédit lyonnais au cimetière des mascottes. Beau geste. Comme un bon catho qui expie ses fautes. On rachète sa conduite contre espèce sonnante et trébuchante. On va à confesse en lâchant de la thune. J’ai fait une connerie, pardonnez-moi mon Dieu, c’était pour la bonne cause, vous prenez la carte ?


Quand je pense que c’est pour permettre à ce prophète pontifiant de remplir son caddy en ligne que des millions de jeunes paysans analphabètes sont aller se faire éventrer dans des tas de boue au milieu des rats sur le front est, j’ai franchement envie de vomir… Ca n’a rien à voir, je sais. Mais je ne peux pas m’empêcher d’y penser un dimanche soir.

Culpabilisateur sadique, Yann Arthus Bertrand, c’est l’avènement du tout prochain totalitarisme green qui nous pend au nez. Il n’en est pas un prophète, car il ne s’en rend pas compte. Il est ce que nos regrettés amis soviétiques appelaient un idiot utile : en gesticulant dans son coin, il œuvre comme une fourmis disciplinée à la mise en place d’une matrice universelle qui le contrôlera puis l’anéantira sans pitié : le green business. L’Environnement avec un E majuscule, comme l’Etat. Prière de vous soumettre à la nouvelle idéologie globale, elle ne se conteste pas. Tremblez et repentez-vous, sinon le géant vert va vous enfiler ses boites de conserve OGM dans le cornet.

Forcément, pour tous ceux qui rechigneront, qui traineront un peu des pieds, les indécis, les sceptiques, ce sera le peloton. Tous alignés au bord de la fosse qu’on nous aura fait creuser. On aura juste le temps de sentir le rond froid du canon se poser sur nos nuques en attendant notre tour. Et on s’effondrera un par un la tête la première, entassés les uns sur les autres parce qu’on aura refusé de chier dans une litière.

Pour ceux-là, dont je suis, il est surement déjà un peu trop tard.

Pour les autres, les centaines de débiles qui ont vôté Europe Ecologie juste après avoir vu ce film, il était trop tard dès la naissance. Mais curieusement, leur avenir s'annonce beaucoup plus radieux.

GO GREEN.

Radis Donc.

Note : pour s'approcher au plus près de ce qu'est l'horreur musicale :




6 commentaires:

  1. Cher Radis Donc,

    merci pour cet article qui sera, j'en suis sûr, fondamental pour les lecteurs de notre blog. Merci d'avoir vu en YAB un franc-tireur en hélicoptère.

    J'ai entre les mains le DVD de Baraka. Je crois que je suis partagé entre le jeter ou le porter aux nues. On peut penser ce qu'on veut de ce format (traveling, nature etc...), au moins dans Baraka pas de discours politique planétaire "officiel", pas de voix off bidon, pas de sponsoring, pas de musique infernale.

    Baraka est juste chiant à regarder (parce que très lent), et c'est déjà largement suffisant.

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  2. Bah moi j'ai même pas réussi à regarder ce film plus de 3 minutes, ça m'a franchement gonflé. Ils voulaient qu'on se suicide après? Non mais j'te jure. Jaky.

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  3. Merci Radis donc de, une fois encore, lancer une croisade contre la démagogie et le discours bien pensant.
    Notre Saint Luc national, protecteur des arts et de son beef steak, devrait cesser de fanfaronner avec ses principes écologiques. Lui qui ne lésine pas sur la débauche de matériaux dans des super productions, s'enorgueillit de machineries dignes de l'American Box Office, semble débarquer dans le monde réel avec la candeur d'un berger d'Arcadie.
    Ah ça empoche ses droits d'exploitation, sert une soupe Taxi à la populace, renverse des cascadeurs et va haranguer les foules azimutées, profitant du leur temps de cerveau disponible de ces dernières pour leur vendre une mauvaise conscience!
    Heureusement que je n'ai pas vu le film...

    Eléosud

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  4. Je me demande si le moustachu sympa n'a pas pris son modèle marketing sur celui du père Noël ????

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  5. Cher Vinaigre,

    pourriez-vous me prêter Baraka ? Je cherche à parfaire mon éducation Environnementale...

    En échange, je vous duplique l'intégrale de Gombodorj Byambajargal. C'est un magnifique CD de chants des steppes, juste des incantations et des onomatopées, pas une seule parole. Ambiance je joue avec mon écho dans la vallée profonde.

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  6. Anonyme Jaky,

    si vous n'avez que trois minutes de disponible, je vous recommande le teaser magnifique en lien sur cette page. Tout y est - c'est très bien fait-. Vous pourrez admirer l'auteur et sa moustache vigoureuse en pleine séance d'onanisme, la main sur le genoux
    dans un genre de sauna suédois. Ainsi qu'un jeune sauvage lui raconter que son prénom signifie "l'homme qui voit le jour qui naît".
    Vous ne dormirez pas je vous le garantis.

    Anonyme Eleosud,

    merci de votre soutien et je vous dis à bientôt pour une petite dédicace au chevalier Saint-Luc.

    Anonyme a dit,

    comme Santa Klaus, le moustachu se promène partout autour de la planète mais ne distribue rien d'autre que des clichés. Le père Noël est beaucoup plus rusé et bien mieux entouré avec tous ses nains.

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