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mardi 11 décembre 2012

Se choisir un nom de groupe : masturbation intellectuelle ou coup marketing ?

 Crwth

10 conseils d'ami pour choisir le nom de son groupe ...

Choisir un nom pour un groupe de musique n'est jamais chose facile, et provoque  même très souvent une situation qui met les musiciens sous pression étant donné que ce choix s'avère déterminant pour la suite à donner à leur carrière, tout du moins quand le groupe a l'ambition d'en avoir une.
Et comme tout le monde n'a pas le talent pour faire partie d'un groupe de jazz de renom afin de limiter en gros les possibilités de nom à la formule suivante :

NOM DU LEADER + MOT D'ORIGINE ITALO / LATINE CORRESPONDANT AU NOMBRE DE MUSICIENS = NOM DU GROUPE

Ex : Jacky Terrasson Trio ou Dominique Fillon Quartet

Et bien il va falloir sacrément innover pour se démarquer les gars, ou tout simplement copier les autres pour être associé à un phénomène de mode qui marche. Dans tous les cas, voici un petit décryptage de choix originaux, bizarres, ou idiots de noms effectués par certains groupes. 

1. Le groupe qui ne veut absolument pas que son nom soit mémorisé 

ThE bEwItChEd HaNdS (oN tHe ToP oF oUr HeAdS)

Le groupe fait ce choix au départ mais se rend sûrement compte par la suite que c'est tellement difficile à mémoriser, à prononcer, et à écrire (encore un peu plus long et ça ne rentrait même pas dans un tweet) qu'une tolérance a été admise pour ne les appeler que "The Bewitched Hands".

2. Les groupes qui sont identifiés par un acronyme pour rester mystérieux :  

Atari Teenage Riot (ATR)

Godspeed You ! Black Emperor (GY!BE) 

Boards of Canada (BoC)

"Mortel ce concert d'ATR", "Tu sais si GY!BE prévoit de faire une tournée mondiale ?" "A quand un nouvel album des BoC ?" C'est la fête à l’acronyme, et ça aide bien à faire un premier tri entre les puristes ou fans de longue date, et les newbies... d'ailleurs ça tombe bien parce c'est le but de la démarche ! C'est toutefois plus souvent les fans intégristes que le groupe lui-même qui font ce choix d'utiliser un acronyme. Très recommandé pour les #TAG.

3. Le groupe qui décide de laisser le hasard algorithmique d'un moteur de recherche choisir son nom : 

Oneohtrix Point Never

Il aurait pu être mis sans problème dans les 2 premières catégories 1. Nom impossible à mémoriser  et 2. Acronyme pour faire son mystérieux mais Daniel Lopotin alias Oneohtrix Point Never alias OPN avait déjà sa catégorie toute trouvée de par sa démarche consistant à confier le choix du nom de son projet à une machine, en l’occurrence l'algorithme de Google. C'est peut-être quelque chose qui se généralisera avec les applications et les sites générateurs de noms de groupes, dans le futur on devrait donc avoir de belles surprises !

4. Les groupes qui utilisent un nom de ville mais qui viennent d'un autre pays :  

Architecture in Helsinki 

I'm from Barcelona

Dans le premier cas, le groupe est australien, dans l'autre il est suédois. Mais ce n'est pas grave car ça fait international, et ça fait vendre ! On notera aussi la volonté de mettre en avant une capitale climatiquement opposée pour jouer sur un côté chaud => froid, ou froid => chaud. Pas de quoi se prendre la tête non plus à 2 mains, mais bon c'est sûr qu'ils doivent souvent se bouffer des questions de journalistes qui leur demandent s'ils la scène finnoise est intéressante ou s'ils se sentent catalans.

5. Les groupes qui font le choix d'utiliser leur vrai nom d'artiste puisque c'est eux-même les boss :  

Sébastien Tellier 

Jay Jay Johanson 

Matthew Herbert 

Richie Hawtin

Et bien si l'artiste fonctionne tout seul ou s'il n'est pas très partageur avec ses petits copains de studio/ tournée, et surtout que son nom n'est pas trop pourri, pourquoi aller chercher plus loin ? Un paquet de DJ's l'ont compris depuis bien longtemps et ne se sont du coup pas trop cassés la tête à se chercher un nom. Bon, c'est vrai que le problème en français est que si on n'est pas DJ ou jazzman (cf plus haut) ça peut vite faire interprète de variété française ou nom de gourou, et il ne faut surtout pas tomber là dedans parce que bonjour les problèmes à l'exportation ! En plus on risquerait de vous demander si vous êtes suisse ou québecois avec votre nom qui ressemble à celui de Stéphane Eicher ou Robert Charlebois, alors que vous est convaincu d'être un dandy de l'électro made in france, pas le nouveau Jean-Michel Jarre !

6. Les groupes qui font le choix d'utiliser un nom qui veut dire autre chose sur internet :  

CSS 

UFO

Attention là il y a danger. Il est très important de taper son nom de groupe sur Google avant de le choisir pour vérifier les possibilités de référencement. Dans le cas de Cansei de Ser Sexy (CSS), puisque le groupe a un nom imprononçable pour les non-familiarisés avec le portugais, c'est l'acronyme "CSS" qui a évidemment pris le dessus (ce qui aurait pu les classer également dans les 2 première catégories) et si vous tapez ces 3 lettres sur Google, vous risquez plus de tomber sur les fameuses feuilles de style en cascade (Cascading Style Sheets aka CSS) bien connues des développeurs web, que sur le groupe en lui même. Que dire du nom UFO quand on connait la richesse des contenus concernant les OVNI sur le web, mais bon le groupe officiait dans les années 70's, donc on ne peut pas leur en vouloir. 
 

7. Les groupes qui sont forcés de changer de nom parce que déjà utilisé par un autre musicien ou interdit par un ayant droit :  

Caribou (Manitoba)

Death In Vegas (Dead Elvis)

N'est pas Prince qui veut, et se permettre du jour au lendemain un changement de nom de type Prince => Love Symbol n'est pas chose aisée pour le commun des mortels. Donc si vous souhaitez changer de nom, faites le très vite car votre public ne vous le pardonnera peut-être pas. Cependant certains groupes sont parfois contraints et forcés à changer de nom pour des problématiques d'ordre juridique. Vous pensiez avoir trouvé une idée de génie (dont vous étiez très fier), en plus elle faisait l'unanimité au sein du groupe ? C'était sans compter sur ce connard de musicien oublié de tous qui faisait de la country dans les 80's et qui menace de vous attaquer si vous ne changez pas de nom. C'est ce qui est arrivé à Dan Snaith avec le nom "Manitoba" qu'il a dû changer en "Caribou" afin de s'épargner un procès des plus inintéressants. Le groupe Death In Vegas quand à lui s'appelait à l'origine Dead Elvis pour bien afficher sa fascination pour le "King", mais un ayant droit d'Elvis Presley lui a demandé d'abandonner ce nom sous peine de poursuite. Le groupe a donc renoncé et décidé de s'appeler "Death In Vegas". Il donna toutefois le nom "Dead Elvis" à son premier album. Ces 2 exemples montrent bien qu'il faut être méfiant en termes de droits car le danger peut venir de partout !

8. Les groupes qui utilisent au moins un caractère spécial dans leur nom :  

Love Symbol (O(+>) 

AC/DC

Alt-J (∆) 

Why?

Que penser de l'utilisation d'au moins un caractère spécial dans un nom de groupe ? Si le "slash"d'AC/DC permet depuis toujours de bien identifier l'allusion au courant alternatif et continu anglais (le sigle avait été repéré par un des membres du groupe sur un aspirateur, et semblait bien symboliser l'énergie du groupe, donc il y eut consensus dans ce cas précis), le "point d'interrogation" de groupes comme Therapy? ou Why? nous laisse dans un questionnement le plus total. Que signifie ce "point d'interrogation" ? Très souvent rien de précis, juste l'accompagnement d'un mot. Mais au moins ça nous fait parler.  Alt-J (∆) s'en sort plutôt bien car le groupe a eu l'intelligence de mettre ce petit triangle entre parenthèses comme symbole du groupe et comme rappel du raccourci clavier du célèbre ordinateur à la pomme, cela leur permet de plus de gagner la bataille du référencement. Attention à ne pas abuser de noms à base de raccourcis claviers connus car Calogéro fait ce type de chose dans ses chansons, et ça ça fout la honte. Dernier cas, celui de Prince avec son Love Symbol (O(+>) qui resta très mystérieux aux yeux de tout le monde, et définitivement impossible à identifier ou à mémoriser. Lui qui avait le plus beau des noms d'artiste avec "Prince" (même si c'est pas le top pour le référencement sur Google) se retrouva affublé volontairement d'un nom des plus nuls avec des caractères chelous. A éviter, même si lui n'en a pas souffert tant que ça !

9. Les groupes qui choisissent de mettre "The" devant un mot pour faire rock'n'roll ou punk : 

The Strokes 

The Kills 

The Libertines 

The Raveonettes

Il est évident que cette utilisation de l'article "The" devant un ou deux mots se terminant par un "s" a pour but de clarifier la situation sur la notion de "groupe" de musique à classer dans la case "rock". Toutefois des artistes brouilleurs de piste comme The Streets (projet solo) ou The Chemical Brothers (pas vraiment rock, encore que...) nous amènent à penser que rien n'est clair en fait, et c'est bien là le problème :  héritée de toute évidence de l'époque de The Rolling Stones, The Beatles, The Doors ou The Kinks, cette mode british du "The quelque chose avec un s à la fin" a beaucoup trop été exploitée et il est bien difficile de faire son trou au milieu de tous ces groupes quand on fait ce choix. Cette solution est désormais dépassée, en plus elle sonne comme une marque de fringue pour couples, qui commence elle aussi à se ringardiser.

10. Les groupes qui utilisent un ou plusieurs lipogrammes pour faire "électro" ou "dubstep" :  

MGMT 

SBTRKT 

MTSRKRFT 

BLK JKS 

DWNTWN

Dans la plupart des cas, cela consiste juste à retirer les voyelles du nom du groupe et à les mettre en lettres capitales, mais dans le concept il s'agit plutôt de retirer une ou plusieurs lettres à un mot (pas forcément des voyelles) ! Après enquête sur le sujet, l'origine de cette pratique faite de "lipogrammes" aurait pu venir du groupe XTC (à prononcer Ecs-ta-sy avec l'accent anglais) en 1977 ou de PRML SCRM (Primal Scream) en 2000, mais je pense à titre personnel que l'origine du phénomène vient d'une fascination de certains groupes pour un instrument bien connu des gallois : le crwth.
Ceci étant dit, il faut reconnaître que le public est obligé de réfléchir à chaque lecture du nom pour identifier le mot anglais en question, et que ça claque sur un flyer ou sur une affiche : bref c'est le top ! En tout cas, c'est ce que doivent se dire les groupes qui font ce choix, mais comme le phénomène est en train de se généraliser à la vitesse d'un Instagram, ça ne va donc pas tarder à craindre, si ce n'est pas déjà le cas quand on voit que Madonna a appelé son dernier album MDNA, on peut se poser la question ... donc attention à bien réfléchir avant de faire ce choix car ensuite il sera trop tard, et il ne vous restera plus qu'à vous reconvertir en joueur de crwth.

samedi 1 septembre 2012

Vivre en grenouillère et mourir.

GRENOUILLÈRE : (n. f.)

Lieu marécageux où les grenouilles se retirent.

Il se dit, par dénigrement, d'un Lieu dont la situation est humide et malsaine. Cette maison est bâtie dans une grenouillère. Ce jardin est une grenouillère.

A l'origine vêtement pour nourrisson doté d'une praticité parfaite qui a fini de convaincre les jeunes parents depuis belle lurette, la grenouillère ne cesse pourtant de nous étonner. En effet qui n'a pas rêvé de se replonger dans sa plus tendre enfance afin de se réapproprier ces moments où l'enfant né sans être mûr est 100% dépendant de l'aide de ses parents du point de vue de l'alimentation et de l'hygiène corporelle ? Tout le monde y a déjà songé au moins une fois. Même les fabricants de grenouillère qui se sont mis du coup à fabriquer des modèles pour adulte afin de continuer à faire vivre le mythe et d'assouvir les fantasmes rétrogrades de certains individus (hum...).

MONSIEUR VINAIGRE, QUELS SONT LES AVANTAGES DE LA GRENOUILLÈRE POUR ADULTE ?
Préambule : le modèle de grenouillère qui nous intéresse dans cet article est bien celui avec pieds intégrés et semelles antidérapantes en cuir, ouverture à l'arrière (familièrement appelée "trappe à caca") avec boutons ou scratches, et fermeture zip verticale ras de cou-mollet.



1. l'aspect "thermique". La grenouillère est chaude. Très chaude. Elle devient vite un remède à l'humidité qui caractérise si bien les régions du nord de la France pendant l'automne et l'hiver. Ce qui est d'ailleurs assez paradoxal, si l'on se réfère à la définition du dictionnaire qui associe les mots "marécageux" et " humide" au mot grenouillère.

2. l'aspect "confort". Le grenouillère est très douce et on se sent extrêmement bien dedans. Elle devient très vite un réflexe vestimentaire (un peu comme des chaussons ou des sandales allemandes) en rentrant d'une journée de travail acharnée ou après un bain bouillant. Vous pouvez vous glisser dedans nu ou en sous-vêtements, au choix.

3. l'aspect "philosophie de vie". Évitez quant-même de tomber dans le piège de l'arrogance maladroite auprès de vos amis, mais bon depuis que vous avez votre grenouillère, il faut bien reconnaître que plus rien ne vous atteint :

Elle: "Chéri, on a reçu un courrier des impôts. On est majorés de 30% cette année".

Lui: "Je m'en fous complètement, je suis en grenouillère".

4. l'aspect "cocooning". Vous-êtes en couple ? Pas de problème, achetez-vous l'un et l'autre une grenouillère. Vous qui avez souvent froid mesdames, vous voilà sauvées ! C'est de plus la garantie de passer tous les deux des dimanches entiers devant la télé en mangeant des knaki-balls. Vous adorerez tout particulièrement regarder Vivement Dimanche ou Capital calfeutrés dans votre combinaison "spéciale dimanche".

5. l'aspect "excuse pour ne plus rien foutre". Votre couple bat de l'aile car vous n'en branlez pas une à la maison ? Achetez-vous une grenouillère. Elle sont difficiles à trouver, et donc rares. Une fois dedans, il devient alors impensable qu'on vous demande d'aller sortir les poubelles ou le chien, vos semelles antidérapantes en cuir ne s'en remettraient pas.

6. l'aspect "sexy (voire érotique)". Cette tenue fait de vous un être unique, et votre moitié ne pourra pas y rester insensible. Que ce soit en mode chippendale ou en strip-tease, l'ouverture arrière vous donnera des idées pour bricoler et passer des nuits entières à faire des folies.

VIEILLIR EN GRENOUILLÈRE...

Oui, il fait bon vieillir en grenouillère. Les différentes étapes de la vieillesse, vous et votre grenouillère les franchirez sans encombre. La retraite arrive à pas de loup ? Vous avez déjà la tenue! Vous vous êtes inscrit à un cours de danse ? Vous avez déjà la tenue! Vous avez enfin vos entrées dans une maison de retraite ? Vous avez déjà la tenue ! Vous êtes allé consulter les conventions obsèques ? Vous aurez déjà la tenue le moment venu !!!!

mardi 25 mai 2010

The Ease Ear Hider


De tous les objets révélés à nos yeux émerveillés par les années 80, il en est un qui, bien qu’ayant totalement disparu, restera longtemps le symbole d’un art de vivre à l’occidentale : le cache-oreilles en peluche. De couleur chatoyante la peluche si possible, en général blanche, rose ou rouge vif.
Révélé au monde par Les bronzés en 1978, le cache-oreilles a connu une carrière brillante dans les milieux autorisés, du bon père de famille soucieux de ne pas revenir au bureau avec une otite au sportif aguerri qui sait bien qu’en cas de sapin, mieux vaut protéger ses esgourdes.

On aurait pu y dissimuler un baladeur, une poche à pièces, des étuis pour le stick à lèvres volé à la caisse du loueur de skis ; que nenni, l’accessoire verra les années 90 avec ses yeux du premier jour, intact. Personne ne songea jamais à améliorer cet objet parfait, même la peluche de couleur restera toujours apparente, comme une protestation vibrante contre la dictature du style et le développement de la mode dans les stations de ski. L’objet sera le dernier résistant, dans la déferlante qui a emporté sur son passage le fuseau (avec une ou deux lignes sur le flanc, selon le niveau de fortune du propriétaire), la combinaison intégrale jaune Poivre Blanc (tentative de fashionisation des sports d’hiver rapidement considérée comme une faute de care) et le bonnet à pompon (cela dit remplacé par son évolution Pokémon, le bonnet Joker à branches en polaire).

Steven seagal nous montre l'intérêt porté au cache-oreille même dans les tribus inuit les plus proches des plates-formes pétrolières.

Utilitaire, statutaire, symbolique autant qu’efficace, le cache-oreilles voit son déclin commencer dans les années 90, à l’apparition des bonnets et bandeaux en polaire justement. Plus légers, plus pratiques, ils volent la vedette au chouchou des écoles de ski en quelques années. Les débouchés étant rares pour ce type d’accessoire, le cap de l’an 2000 fut passé dans un monde sans cache-oreilles, à l’insu d’à peu près tout le monde.
C’est pour redresser ce tort que La Mouche a voulu vous en parler aujourd’hui. Nous espérons que c'est chose faite.



samedi 21 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : la mode (1)

Partie 1 : Early Years

La mode suit le cours des errances de ce monde. Multiple, elle obéit et réagit en même temps, comme un enfant libre arbitre les principes éducatifs de ses parents. Au début des années 90, l’Histoire, elle, n’a pas eu le choix : elle a bien du enfiler le grand sweat gris du chômage et y accrocher le petit ruban rouge du sida. Le bloc soviétique éclatait, partout les aiguilles s’affolaient, plongeant notre jeunesse dans des abîmes de perplexité identitaire le soir au coucher : “Putain mais comment je m’habille moi demain avec toutes ces conneries ?"

En pleine récession, l’envie ne manque pas d’en découdre avec les années 80 et d’envoyer leur quête effrénée d’argent et de pouvoir au diable vauvert. Une approche raisonnée de notre dressing voit donc le jour avec l’idée d’y puiser des basiques renouvelables dans une visée d’accompagnement durable : le jean Levi’s ou le caban par exemple et à mon 1+ 1 = 3, on accessoirise : un trou sur le jean, un pin’s sur le caban et te voilà à peu de frais la nouvelle gloire du lycée. Sauf que la télé t'abreuve de séries où l’argent coule toujours à flots : Beverly Hills ou le Prince de Bel Air pour les plus emblématiques, et te voilà vite battu par la doudoune Chevignon, le gilet Benetton, la salopette Chipie, le tee-shirt Naf-Naf, le sac à dos Creeks... compilés en mode concile oecuménique.


Doudoune chevignon "Togs Unlimited"
Réedition 2009, prix : 450 euros. Sans blague.


L’idée c’est d’en mettre plein la vue à défaut d’avoir quelque chose à dire. A l’instar de ces jeunes veaux que les sitcoms d’AB Productions assoient à des tables de cafèt' pour remplir du vide avec du rien dans une explosion de rires préenregistrés et de couleurs vives à vous en brûler la rétine. Les séries américaines donnent le la et tout sauf le bon goût est sauvé par le gong. Une sorte de coup d'état permanent aux nombres maximum d'imprimés et de couleurs autorisés sur une seule personne. Et à ce jeu-là, la chemise de Parker Lewis ne perd jamais.


Kelly Kapowski, la star de Bayside, et ses copines Jessie et Lisa,
dans un moment de vérité documentaire.


Et oui, les années 80 ont la vie dure et continuent de souffler leurs motifs bariolés, leurs matières élasthannes, leurs coupes improbables, l'infernal chouchou signe pour un nouveau quinquennat et lentement mais sûrement se composent les silhouettes revival 2009, de celles qui vous font glapir “We are the 90’s !!!” : un look hybride entre extravagance club et confort streetwear, carrot pants et chemise ample, sneakers aux pieds et vous voilà prêt à arpenter les rues de Harlem... la rue Victor Hugo de Metz attendra.


"Allez souris petite soeur, on a tout bon là."
Early 93 style


Pourtant, le sportswear commence à faire parler de lui en France. Alors que les Etats-Unis connaissent l’âge d’or du Hip-Hop, Patrick Bruel nous tient à distance. Le rêve américain s’incarne chez nous par des figures de légende du sport : Michael Jordan et André Agassi en tête, et s'approprie via leurs baskets en autant de modèles historiques pour Nike. Qui n'a pas rêvé des Air Jordan franchement ? Les Reebok Pumps et les joggings Adidas envahissent les cours de lycée et collège, et ce dès 1990. Chez les garçons, c’est simple voire binaire : soit ils affichent fièrement leur panoplie sportive, avec de la virgule et de la tribandes à tous les étages soit ils choisissent le camp No Logo en jeans bleached et pull camionneur marron.

La classe ultime à l'époque consiste à assortir sa pump à la couleur de son chouchou.


Pendant ce temps-là, dans le désert de la Sierra Madré, des jeunes poursuivent leurs quêtes d’identité en prenant du peyotl comme l'exige la tradition romantique américaine. De fait, la mode aussi se cherche, se gratte le menton, et finalement chausse ses sandales pour un petit pélerinage seventies. Cette décennie, c’est un peu la fille de transition, douce et réconfortante, la fucking friend vers laquelle on revient toujours lorsque certains caps sont difficiles à passer. Emmené en France par les stereobabs Vanessa Paradis et Lenny Kravitz, le pantalon patte d'eph revient en éternel étendard de paix et d’amour. A la différence que celui-là était souvent noir, en lycra-viscose-polyester donc moulant, à vous rhabiller pour l’hiver en choriste de Carlos Santana. Et bien-sûr avec lui : un nouveau déluge de couleurs Tye and Die, de franges en daim véritable, de semelles compensées, de blouses glouglouttantes, et autres breloques chipées en douce à votre mère.


Vanessa Paradis s'habillait de fripes chinées à Brooklyn.
Nous ben on chinait le pull chaussette chez Camaïeu.


Bon ça nous a fait rigoler deux ans et puis, le grunge nous est tombé dessus. Les robes à fleurs allaient frayer avec les Doc Martens, et les années 90 enfin accepter leur héritage incertain. Le grunge ne désigne pas seulement les mycoses qui se logent entre vos doigts de pied comme ultimes accessoires trendy du relâchement hygiénique exigé mais une expression musicale à la confluence de tous les paradoxes : candeur et désenchantement, énergie brute et fatalisme mou. L’heure n’est plus à la Winne-what-the-fuck-make-your-move mais à la lose-oh-well-whatever-nevermind. Car oui, cette néo-identité se mesure moins à l’ambition qu’au pragmatisme. L’ascension sociale, la réussite matérielle, le dépassement de soi tombent sous le coup d’un haussement d’épaules collectif. Et la mode suivra. Plus besoin de surdimensionner les épaules ou étrangler la taille... pour finalement déplacer des dossiers d’un bureau à une salle de réu en passant la main dans ses cheveux. On respire bien à fond, on libère la silhouette de ses entraves, on espace les poses de déodorant et du “T’en as pour combien sur toi ?”, on glisse vers le “C’est quoi cette odeur, c’est toi ?”. L’ode suprême rendue à cette génération X sera ironiquement “Smells Like Teen Spirit” de Nirvana.


"Ouais les gars, trop bien vue l'idée de poser sur une benne à ordures... mais c'est peut être pas assez transversal non ? "


Que dire sinon que des nations entières de mères ont pleuré sur l’allure clodo de leurs enfants calquée sur celle de Kurt Cobain : jean 501 défoncé, chemise à carreaux ouverte sur un tee-shirt large arborant des non-messages à caractère apolitique : “Whatever”, “I don’t care”, “Parle à ma Main”, le tout lesté de godillots pourris et d’un vieux chandail qui pue. L’idée c’est basiquement de ne ressembler à rien jusqu’en 1995.

Pas dit qu'après cette date, on ressemble à grand chose non plus... nous y reviendrons dans un épisode ultérieur qui sera largement consacré à l'explosion du streetwear. Beaucoup de crossovers de courants dans cette première partie mais la mode est ainsi faite de dérives... et de superpositions.

A venir :

2. optique 2000

vendredi 20 novembre 2009

Les "Années 90" au pied du Mur : la mode (2)

Partie 2 : optique 2000

Reprenons la Mode là où nous l’avons laissée : au milieu des années 90, la taille bien prise dans un 501, la démarche alourdie par des docs martens, trébuchant de surchemises à carreaux en pulls camionneur vers un avenir couleur taupe. Pas fraîcheur de vivre. Du tout. Heureusement, de sémillants greffons musicaux allaient prendre en France et largement impacter sur nos styles vestimentaires : le hip-hop évidemment, mais aussi dans une moindre mesure : le son dancefloor pour une même résultante : le streetwear. A quelques variables près.



Le Streetwear. Littéralement.
Par ici la bonne blague.


En France, si les early adopters de IAM ou NTM ont déjà trouvé leurs survêtements, c’est de la West Coast qu’arrivera la grosse vibe Hip-Hop. 1996, California Love, 2 Pac meurt en grandes pompes mais aussi en jean large, tee-shirt XXL, tatouages full dorsaux... C’est le règne du maxi best of, du Supersize me into a Gangsta. Cette tendance ne s’appliquera pas de manière littérale en France : foin de bandana noué sur le front mais bien l’authenticité du vêtement de travail.



Voilà ce que 2 Pac répondait aux détracteurs de son caleçon.

Les silhouettes s’aèrent tout en s’impersonnalisant : “Tu te lances dans le BTP ? - Non, j’ai block party à la Chapelle”. Caterpillar ou Carhartt se frottent les mains, les chaussures de chantier et les baggys se vendent à la pelleteuse. La street culture américaine n’en reste pas là et nous érige bientôt le skate en école de pensée. C’est le boum du style éponyme : des Oakleys, un percing à l'arcade, une rupture des ligaments croisés et tombent les filles sous votre planche à roulettes. Un phénomène au retentissement inversement proportionnel au nombre de slides réussis dans le monde durant l’année 1997... sauf sur Playstation.

Get Timberland Bootsor Die Tryn'

Parallèlement à la montée en puissance du Hip-Hop, se popularisent les musiques électroniques au prix de leur douloureux préliminaire : la Dance avec comme point d’orgue de barbarie : le Dance Machine... présenté par Ophélie Winter et Yves Noël. Des patronymes si bien accordés, rien à redire, M6 voient les choses en grand. Et tandis que Dr Alban et Corona agressent en mode 2 unlimited nos systèmes nerveux, la mode se met au diapason : les lignes se font plus provocantes, les couleurs plus criardes, les talons deviennent des plate-formes, les débardeurs des brassières... et l’impression que votre fille part au Macumba Club alors qu’elle rend juste des livres à la bibliothèque.



Les infernales Buffalo, modèle Texas Oil Nappa
.
On avait dit : plus jamais ça. Actuellement en vente chez Sarenza.


Les hommes ne sont pas épargnés non plus. Les cheveux passent par toutes les teintes : du gris au blond platine en passant par les picots oranges, les chemisettes s’ouvrent négligemment sur des tee-shirts où brillent les messages les plus opaques : Play Technologix (= ?!!?) Finalement, on se prépare à l’an 2000 en anticipant son folklore séculaire : matières synthétiques, couleurs métallisées, les gels pour cheveux deviennent des concentrés de technologies au service de coiffures désormais indestructibles.

Introducing le Tee-Shirt du Futur.
Avec un alien évidemment.

En marge de ces réjouissances pré-millénaires, des monstres à 3, 6, 8 têtes sèment la terreur dans les cercles mélomanes : les boys&girls band ou sur l’étiquette : l’affirmation d’une communauté de sensibilités musicales et d’identités culturelles différentes. Impossible alors de passer à côté des Spice Girls, cette déclinaison hexagonale de la femme en autant de tenues imparables : un body à paillettes pour la fofolle, un percing au nombril pour la féministe et tout le monde est à l’abri d’une commotion cérébrale. La femme se fait addition sur les doigts de la main là où des spécialistes s’épuisaient à résoudre des équations à plusieurs inconnues dans leurs lits. Rendez-vous compte.


Boy's band anonyme.
Si le ridicule ne tue pas, alors ils sont toujours vivants.



Les hommes, eux, chantent la liberté dans la langue de Shakespeare : 2be3 or not to be, celle d’ouvrir une chemise en soie bleu pastel sur un torse musclé, glabre et luisant. Et la métrosexualité d'inaugurer en fanfare ses premières lignes de sourcil impeccablement dessinées.

Ces débordements putassiers sont depuis tombés dans la "compta" du bug de l'an 2000, le streetwear, lui, va survivre avec pour préceptes : une allure sport, des accessoires bling et le duo baggy/sweat à capuche pour règle. Ophélie s'achète des cols roulés et nous on s’offre une attitude, une respectabilité millénaire... une sorte de mixité identitaire in progress pour un dressing 2.000 sur lequel, qui sait, nous ferons peut-être le bilan un jour.




En attendant, maintenant que nous vous avons révélé tous les secrets du vestiaire 90's, raccrochez donc vos créoles, vos groles coquées et courez célébrer notre chère décennie à la soirée : We Are the 90's ce soir à l'Elysée Montmartre. Why ? Because you like to move it.

Déjà publié : 1. Early Years

mercredi 11 novembre 2009

Décennie 2.0

Avril 2010. Les agapes et les "Unes" de magazines célébrant l'entrée dans la nouvelle décennie n'étant plus qu'un lointain souvenir hivernal, La Mouche du Coq, tout à son avant-gardisme, peut désormais enterrer les années 90 - France qui gagne, Web balbutiant au rythme du 56k et séries TV sur fond de rires préenregistrés - pour entrer dans le nouveau millénaire. Et comme nos lecteurs sont décidément de petits veinards on vous délivre, en exclusivité, une sélection non exhaustive (et hautement subjective) de phénomènes qui marqueront les années 2000. A vos claviers pour nous poster VOTRE vision de "l'esprit 2K" !


Vous regardez trop la télé...

Dans une Amérique rongée par les spectres du 11 septembre, Jack Bauer applique, avec la ferveur d’un écolier les préceptes de l’administration Bush : travail, famille, patrie. Torture. Un sacré coup de pied dans le monde sclérosé de la télé : au-delà d'une idéologie aux relents de Pont-l'Evêque, 24 impose le règne du cliffhanger (pas le grimpeur viril incarné par Stallone, le procédé scénaristique !). La série TV se fait addiction. Non content d’avoir déjà sauvé sept fois l’Amérique (série en cours), Jack Bauer a aussi volé au secours d’un business de plus en plus menacé par Internet. La télé devient l'eldorado du scénariste. Le format a tellement le vent en poupe qu'il devient difficile d'en suivre l'actualité. Ironie du sort, en mettant en scène un des premiers présidents noirs de l’histoire du petit écran, la production de la Fox – propriété de l’ultra républicain Rupert Murdoch - a déroulé le tapis au démocrate Barack Obama.



Ladies and gentlemen, please welcome (back) the Chuck Taylor All Star.


Du neuf avec du vieux

Disparue des échoppes françaises depuis près de 10 ans, la centenaire Converse fait son retour en grandes pompes. Symbole universel de la godasse de rue pas chère et increvable, cette résurgence des années 80 (la marque était le principal sponsor des Jeux Olympiques de 1984) peut aussi servir d’indice du coût de la vie. Combien de samedi après-midi passés à laver la voiture de papa pour récolter les 250 francs (38 €) requis pour acquérir ce symbole de la coolitude absolue ? Compter au minimum 60 € dans les années 2000. L'effet d'un rachat par Nike en 2003 ? Possible. Quoiqu'il en soit, la Chuck Taylor All Star, du nom du basketteur qui popularisa le modèle dès 1923, est passée dans les années 2000 du statut de symbole d'une certaine culture rock à celui de véritable uniforme pédestre. Comme une réconciliation entre la fashion victim, la rock star et le geek qui sommeille en chacun de nous.


Rock on the dancefloor

Parlant de "wock'n'woll", c’est d’une bande de fils à papa des beaux quartiers new yorkais que soufflera un vent de fraîcheur à l’automne 2001. Is this it ? 36 minutes d’un brulôt rock comme on en avait peu entendu depuis Nirvana. A la différence près que les Strokes nous rappellent que dans "rock" il y a "roll". Pas révolutionnaire pour un sou, le quartet garage new yorkais troque la déprime grunge contre une attitude plus glamour, ramène les guitares sur le dancefloor et fait swinguer nos oreilles. Les émules, évidemment téléchargées, sont nombreuses: The White Stripes, Franz Ferdinand, The Hives, The Libertines, Arctic Monkeys... Toute une génération de babyrockeurs biberonnés à grands renforts de Nevermind et impatiente de prouver que, non, le rock n’est pas mort un jour d’avril 1994. Le look de la bande emmenée par Julian Casablancas est également très symptomatique de la mode du moment : allures dégingandées, vestes et cravates pour les plus téméraires. A des kilomètres du combo jean troué/chemise à carreaux made in 90's. Tenez vous le pour dit: être rock en 2000 c’est sortir d’une famille bourgeoise - Casablancas n'est autre que le rejeton du fondateur de l'agence Elite -, prendre une moue désabusée et porter la mèche aussi aisément que le slim (et la Converse, donc).

http://www.youtube.com/watch?v=jrmtySpO3Fs




Bienvenue dans l'ère du tout numérique

A l'instar des Arctic Monkeys, ces bébés rockeurs n’auraient probablement pas connu pareil succès sans l’avènement du MP 3 et de son objet de culte : l’iPod, lancé en 2001. Là encore, un retour en grâce après une longue traversée du désert pour Steve Jobs, patron vedette évincé de sa propre société en 1985 avant d’effectuer son retour aux manettes en 2000. Chacun connaît la suite : malgré une part de marché toute relative, Apple arbore une croissance à faire pâlir le plus capitaliste des chinois. Le design épuré des produits frappés de la pomme s’invite à peu près partout. Avec Apple, la marque se fait religion ; les gadgets numériques s'imposent comme le couteau suisse de l'homme moderne et embarquent avec eux une révolution culturelle et sociale : l’avènement d’Internet en tant qu’espace de socialisation. Chats, forums, réseaux sociaux, blogs : en quelques années, le Web 2.0 s’est invité chez M. tout le monde. Big Brother est là mais une chose a changé depuis Orwell : personne n’en a cure ! Bien au contraire. En 2000, l'adage "pour vivre heureux, vivons cachés" s'écrirait plutôt "pour vivre heureux, vivons en ligne". Ce blog en est la meilleure preuve...

http://www.youtube.com/watch?v=9mRaZNqGABI

La mort aux trousses

Le zombie est aux angoisses de l'Humanité ce que le bouton d’acné est à la soirée picole : un avatar. En ces temps d’incertitude climatique, économique et sécuritaire, il est donc normal que les créatures rendues populaires par Georges Romero resurgissent d’outre-tombe. Sauf qu’elles reviennent après des années 90 passées en disgrâce et cette fois, c'est personnel elles sont pas contentes. Le zombie sauce Romero était aussi lent et froid que la guerre qu’il symbolisait ? Dans les années 2000, le péril est insidieux. Votre voisin peut à tout moment se transformer en terroriste. Le zombie se doit donc d’être moins visible – exit le fond de teint bleu - et surtout nettement plus agressif. En cela, L’Armée des morts (2004), remake du Zombie de 1979, est une transition parfaite entre les deux grandes époques du film de morts -vivants. Etre un zombie en 2000, c’est courir après sa proie et nombre de films (28 jours/semaines plus tard, Planète Terreur, Shaun of the Dead, Je suis une légende, etc.) ont suivi - en galopant - la voie ouverte par Zack Snyder: celle d'un film d'épouvante clipesque, apocalyptique et/ou ludique (rayer les mentions inutiles).

De paria, le zombie est devenu hype. Le 31 octobre dernier, près de 700 morts-vivants déambulaient dans les rues de Paris à l'occasion de la deuxième Zombie Walk.

lundi 28 septembre 2009

Dans le slip, tout est bon...ou presque.




LaMoucheDuCoq vous propose de passer en revue l'ensemble des sous-vêtements en toute simplicité. Après un long débat interne et intérieur, le choix du premier article s'est porté sur le slip homme. LE slip, quoi, le vrai, le blanc avec l'élastique et tout... Celui tant décrié par la gente féminine et par sa presse. Nous avons du coup décidé de vous faire un panoramique à 360° sur ce thème qui abordera l'histoire du slip, le slip vu par un homme (et quel homme !), le slip vu par une jeune femme et via un concours pour lequel vous pouvez voter sur facebook pour nous indiquer quel slip vous êtes. Avec une belle conclusion pour mettre tout le monde d'accord !!!

L'HISTOIRE DU SLIP


Visiblement l'histoire du slip est un peu confuse. Ça commence mal... nous avons d'emblée quelques difficultés pour dater son apparition, mais apriori elle intervient au début du siècle dernier, ce qui est plutôt récent. Une chose est sûre, c'est que le slip ne s'est pas imposé tout de suite, et qu'il n'a jamais cessé d'évoluer, comme une réponse à des contraintes de plus en plus identifiées.

En effet, il faut imaginer que nos arrières grands-pères ne mettaient peut-être pas de sous-vêtements durant leur adolescence mais utilisait leur chemise, attachée à l'aide d'un rabat à l'intérieur de leur pantalon. L'expression "être cul et chemise" prenait alors toute sa dimension. Parfois un caleçon long faisait l'affaire aussi...


Voici les événements qui ont marqué l'histoire du slip homme :

1906 : Les premiers sous-vêtements identifiés comme slips se retrouvent dans le catalogue Manufrance. Ils sont en tricot de laine et destinés aux sportifs.
1913 : Apparition du mot "slip", l'élastique remplace les boutons.
1918 : Petit Bateau commercialise les premiers slips "grand public" en décidant de supprimer les jambes de ses caleçons longs.
1927 : Jil invente le premier slip à poche.
1934 : Apparition du slip "Jockey" brodé en Y à l'envers à partir de 1938 par la société américaine éponyme. Le premier slip qui "soutient" l'attirail est né. Le slip a enfin la classe !
1939 : Damart invente le premier slip 100% pure coton blanc qui se lave enfin sans laisser de trace. Le slip est enfin propre !
1944 : Invention du slip "Kangourou" par la marque Musingwear qui détient donc une poche spéciale et qui rajoutera par la suite une ouverture horizontale dans cette poche.
1953 : Damart invente le premier slip en Thermolactyl et devient le slip anti-rhumatisme. Le slip n'a plus la classe !
1960 : Eminence devient leader mondial du slip en surclassant son modèle 108 slip qui contient des poches fines 100% coton.
1970 : Premier mini-slip fabriqué par la marque Hom. Le slip se réduit encore !
1976 : Premier slip sans ceinture élastique, uniquement avec du textile issu de la chimie.

ET PUIS C'EST TOUT !!! AUCUNE INVENTION MARQUANTE DEPUIS PLUS DE 30 ANS !!!

DE LA VISION DU SLIP PAR BERNARD VINAIGRE...


Eve Huile : Vous-même, avez-vous des slips ? Si oui, les portez-vous ?

Bernard Vinaigre : Très bonne question Eve. Merci de me l'avoir posée. Je pense que vous allez tenir un scoop : je suis en possession d'un seul et unique slip, un slip kangourou blanc 100% coton. Je reconnais l'avoir essayé 2 ou 3 fois devant une glace en ricanant, et l'avoir mis pour courir une fois. Ça m'a irrité tellement fortement les adducteurs que je n'ai jamais recommencé ni la course à pieds, ni le port du slip. C'était en 1997.

EH : Pensez-vous que les hommes aient un complexe par rapport au port du slip ?


BV : Oui. 100 fois oui. Un complexe pas originel, mais qui grandit avec eux. C'est le syndrome dit du "chippendale". La faute est tout d'abord imputable à la presse féminine (et parfois masculine) qui focalise depuis des années sur 2 choses : la ringardise définitive du "slip à papy" et l'apologie des corps slipés comme des BIG-JIM. Ensuite je pense que beaucoup d'hommes ne savent pas bien acheter leurs slips, tellement honteux et méfiants (en plus d'être obnubilés par l'idée de ne pas en prendre un lot trop craignos) qu'ils ne se soucient même plus de la taille, et comme ils ne les essaient pas pour des raisons d'hygiène, c'est la catastrophe. Je serais curieux de savoir combien de pourcents de slips achetés ou offerts ne sont jamais portés.

EH : Que mettriez-vous derrière le slip ?

BV : C'est "coton" comme question, si vous voulez bien m'excuser ce petit trait d'humour. Disons que derrière le slip, je mettrais en avant surtout sa fonction première : maintenir, soutenir, plaquer. Il a été conçu pour ça avant tout. Des générations entières de pro-caleçons vous confirmeront les soucis générés par le manque de soutien. Mais bon, quand on opte pour l'esthétique avant le confort, en général on finit perdant. C'est la loi de la nature. Il faut aborder également la problématique de la couleur : pourquoi le slip a-t-il mis des décennies avant d'être décliné dans une autre couleur que le blanc ? je n'ai pas la réponse, du coup derrière le slip, je mettrais volontiers un peu de couleur sur un fond blanc, pour évoquer cela.

EH : Pensez-vous que les femmes soient réticentes au port du slip ?

BV : Vous voulez dire réticentes au port sur elles de nos slips ?

EH : Non, non. Réticentes au fait que leur homme porte des slips par exemple...

Pardon, je n'avais pas compris ! Non, je ne crois pas. Je pense que le slip a toujours fasciné la femme, tantôt un fantasme chez certaines, tantôt une évocation de la petite enfance en culotte courte chez d'autres. D'aucunes poussent même le vice jusqu'à mettre les slips de leur homme afin de les dominer encore un peu plus, d'où ma confusion ! Je pense que si quelques femmes en ont une sacrosainte horreur, c'est avant tout à cause du phénomène "slip/chaussettes" paralysant qu'elles ont pu vivre parfois dans un lit, ou en lien avec une humiliation de bord de mer générée par un slip de bains un peu court. Mais globalement, elle aiment se moquer de nous en slip et nous on n'aime pas trop ça...

EH : Le mot "sexy" est-il à vos yeux associable au slip ?

BV : J'avoue avoir un peu de mal avec ce concept du "sexy dans mon slip". Quelques experts savaient par le passé porter le slip et l'assumait. Il suffit de se rappeler le côté décontracté et à l'aise de Jean-Pierre Marielle, en slip dans nombre de ses films, qui tend à prouver que s'il y a un
savoir bien porter son slip, il y a aussi un savoir bien le retirer. Après quant à savoir si l'on est sexy dedans ou pas, cela n'intéresse que les juges d'une société nourrie à la presse adolescente et/ou à scandale. D'ailleurs ne peut-on pas considérer que le sexy, c'est plutôt le nu total ?

EH : Qu'avez-vous fait de votre slip ?

BV : Désormais, il sert à cirer des mocassins en Normandie.

...A LA VISION DU SLIP PAR EVE HUILE

Bernard Vinaigre : Mais bon sang de bois que diable s’est-il passé avec le slip ?

Eve Huile : Gardez vos nerfs Bernard et laissez-moi vous répondre. De mon humble point de vue, le slip est à l’homme ce que le poil est à la femme dans notre civilisation occidentale : contesté. Souverain chez nos grands-pères qui l’arboraient fièrement au sortir du bain en sifflotant, questionné chez nos pères qu’il commençait à gêner aux entournures de la virilité plus-toute-puissante, il est culturellement banni chez l’homme hétérosexuel d’aujourd’hui. Une génération toute entière de rebelles sans cause s’est élevée : "Le slip : il ne passera pas par moi" et plus personne pour leur dire : "Tu vas voir c’est super". Boxer et Caleçon sont devenus les deux testicules - passez-moi l'expression - de l’underwear masculin, assurant maintien et décontraction en toute volupté. Le slip, vaincu, n’a eu d’autres choix que de battre en retraite et trouver refuge dans des niches diamétralement opposées entre ringardise absolue et sophistication extrême... avec le confort comme ultime justification.

BV : Oui je veux bien...mais pourquoi POURQUOI le slip n’a-t-il plus la côte auprès des femmes ?

EH : En somme, vous voulez savoir ce que nous, les femmes, nous mettons derrière un slip. Je vous préviens : on ne vous fera pas de paquet cadeau.

BV&EH : Rires.

EH : Je reprends et je pense m'exprimer au nom d'une majorité de femmes. L’idée du confort comme poche argumentaire des défenseurs du slip donc. Aux antipodes de l’idée que l’on peut se faire de l’érotisme. Si nos Jackies aiment quand ça soutient bien et bien ce sera toujours ça de gagné. Parce que pour le reste...euh. Ils peuvent toujours en faire un choix politique mais c’est le meilleur moyen d’arriver à 40 ans, toujours puceau. Oui, d'une seule voix, nous pourrions nous écrier : “Un slip mais c’est horrible” avec la moue qui découvrirait une tête de cafard dans un macaron Ladurée. Non vraiment, le slip est pour nous directement associé aux beaufs/seniors.... à sandales tiens... donc no fucking way. Par ailleurs, si l’on va au-delà de cette répulsion collective, qui se rattache, je vous l’accorde, davantage à la culture qu’à l’individu, force est d’admettre, que le slip ne flatte pas la plupart des hommes.

BV : Voulez-vous dire par là que certains ports prohibent le corps du slip ?

EH : Me demandez-vous par là si certains corps prohibent le port du slip ?


BV : Hem...oui...voilà.


EH : Et bien, je vous répondrai sans détour. Oui. Esthétiquement, le slip ne doit être là que pour sublimer car il n’entretiendra aucune illusion optique sur votre anatomie chers messieurs. Si vous êtes doté d’un physique que d’aucuns - dont votre mère - appelleraient modeste, sans nouvelle de vos abdos depuis qu’ils sont partis un beau matin chercher des cigarettes, si vos copains vous surnomment Belly Jean, enfilez un caleçon, ce sera plus simple. En tout cas, moins douloureux.

BV : Mais ce que vous nous dites là, c’est que c'est donc complètement foutu pour le slip ?

EV : Je serais tentée de vous dire oui et cependant... je constate que, depuis quelque temps, le slip sort du placard... et pas seulement dans la communauté gay chez qui son succès ne s'est d'ailleurs jamais complètement démenti. En effet, le géant American Apparel, qui n’aime rien moins que l’injustice, a décidé de donner au slip un nouveau look pour une nouvelle vie via des formes réactualisées et des couleurs audacieuses. Par ailleurs, chez Armani, notons que David Beckam, un temps considéré comme le chef de station du métro Sexuel, incarne parfaitement l’homme en slip... à l’abri de la commotion cérébrale. Et c’est grâce à ce genre d’initiatives qu’à l’effroi commence à succéder l’émoi... purement plastique. Et oui, même en nous éloignant de l’imagerie papy-plouc, on ne gagne pas forcément en érotisme.

BV : Pensez vous donc que c’est l’homme qui fait le slip et non l’inverse ?

Oui... finalement... je ne suis pas loin de penser que c'est bien l’homme qui fait le slip. J’en veux pour exemple Christian Troy, décadent chirurgien esthéthique de la série Nip/Tuck, le Miami Vice à lui tout seul, fort de quintaux de conquêtes féminines, plus sûr de lui que vous ne le serez jamais. Et bien figurez-vous qu’il porte des slips... et pourrait même lui donner ses lettres de noblesses modernes. Et pourquoi donc... et bien paradoxalement, parce qu’il colle à l’image du mec à l’ancienne, fort en gueule et en carrure, dont la virilité est un présupposé absolu à la personnalité. Oui, il porte bien le slip. Il parvient à l'érotiser de surcroît. Hardu.

CONCLUSION

Bernard Vinaigre : Dans le slip, tout est bon. Sauf l'élastique. Ça irrite.

Eve Huile : Le slip doit être porté au premier degré par des hommes, des vrais, que la nature n’a pas trop obligé à cultiver le second, pour l’érotiser au dernier.

dimanche 19 juillet 2009

Le Gang des Barbours

Jeudi matin, 10h23, le gouvernement officialise la baisse du taux de rémunération du Livret A par l'intermédiaire de la Ministre de L'Economie, Christine Lagarde. En effet, cette rémunération est passée en 1 an d'un taux de 4,5% à 1,25%, et cela aurait pu être pire si le gouvernement n'avait pas pris des mesures afin de limiter cette baisse.

Jeudi après-midi, 17h54, d'autres chiffres tombent, et cette fois-ci en hausse. Le nombre de violences crapuleuses ou gratuites a augmenté de 4,36% de juillet 2008 à juin 2009 par rapport aux douze mois correspondants précédents, selon le bilan de l'Observatoire national de la délinquance (OND).

Vendredi matin, 11h53, une tribu de 7 sexagénaires attaque avec une extrême violence (crachats, jet de Mephistos, claques avec gants en cuir...) La Poste de Neuilly sur Seine. Leurs revendications sont simples : ils souhaitent que le taux de rémunération du Livret A soit désormais indexé sur les chiffres de la délinquance !

Face à la montée de cette violence des livretistes, le gouvernement a publié un communiqué auprès de l'ensemble des guichetiers des banques françaises afin de les prévenir des risques encourus :

"Les membres du gang sont organisés sous forme de bande, ils sont vêtus de vestes Barbours et sont considérés comme très dangereux. Ils ont arraché leur capuche (d'après les témoins) avant de s'enfuir en injuriant le gouvernement, tout en adressant des bras d'honneur et en faisant des doigts à la caméra de surveillance."

Faut-il y voir un lien avec les contestations anarchistes récentes contre l'interdiction de se regrouper en bandes, vêtu d'une protection sur le visage ? c'est fort probable.

En tout cas face à ce risque de propagation en tâche d'huile d'une contestation anarchico-bourgeoise sur l'ensemble du territoire, le gouvernement a pris très au sérieux ces menaces. Brice Hortefeux reconnaît d'ailleurs l'importance de ces événements :

"Nous les avons sous-estimés. S'ils venaient à s'organiser dans les jours à venir, nous serions peut-être dans l'obligation de baisser encore la rémunération du Livret A pour faire pression sur eux, ou d'amender la Loi sur le port de la cagoule en bande afin d'en étendre son champ à celui de la capuche".

Quoi-qu'il arrive, l'équipe de LaMoucheDuCoq vous donne un précieux conseil : dépêchez-vous de déplacer votre argent de votre Livret A vers une cagoule de mitaine. De toutes façons, dans les 2 cas, ces outils ne vous seront plus d'aucune utilité dans leur fonction de base !!!

vendredi 19 juin 2009

Les pieds de Damoclès


"On regarde en l'air et l'on ne voit pas ce que l'on a à ses pieds."
Lucien - La Double Accusation

Notre ami le philosophe grec Lucien, qui devait être un de ces branques qui zonait en spartiates dans le quartier de l'acropole à Athènes, ne croyait pas si bien dire en l'an 125...mais parlait-il de métaphysique ou de l'hygiène de ses propres pedems ? Vaste interrogation que nous suscite là l'ami grec... mais nous tenterons d'y répondre une autre fois.

Sa citation en appelle surtout une autre bien plus fondamentale que nous allons essayer de décrypter:

"On regarde en l'air et l'on ne voit pas ce qu'elles ont à leurs pieds."
Bernard Vinaigre - Vous êtes toutes Coupables

Dans bons nombres de cas, le regard de l'homme moderne vis à vis de la femme moderne se porte naturellement sur le visage, le décolleté, le fessier... La conséquence de ce comportement traditionnel est que certaines jeunes femmes (que nous pouvons appeler Les Petits Chats et qui sont censés représenter des jeunes femmes fraîches, ballerinées ou sandalées, timides et pudiques pour la plupart d'entre elles) cherchent à se faire passer pour de véritables séductrices en portant les artifices fournis par la mode citadine, tout en en contrôlant le dosage afin de ne point trop en faire et d'éviter de tomber dans quelques paradoxes esthétiques. Certaines mauvaises langues diront même qu'elles utilisent vêtements et accessoires autant pour se mettre en valeur que pour se protéger, en essayant à tous prix de ne pas évoquer l'idée d'une quelconque forme de nudité auprès des hommes.

Sont-elles pour autant si sûres que cela de contrôler tous leurs sujets ?

Et bien non, car de véritables experts en détection du nu habillé féminin ont vu le jour en downloadant leur intérêt sur LE seul talon d'achille de la femme dans son rapport à sa propre nudité : le pied.

Certes dans cette catégorie d'hommes de terrain, on y trouve aussi quelques ignares auscultant le sol dans le seul but d'éviter de piétiner une déjection canine, mais une majorité sont des érudits et n'ont que deux objectifs : scruter un maximum de pieds dénudés et accéder à la zone de dénuement optimale. Et il faut reconnaître que pour cela ils sont bien aidés par la complicité du printemps et de l'été, périodes libératrices pour le pied pendant lesquelles se déroule un intriguant festival gratuit de chaussures ouvertes et de pieds à l'air libre en milieu urbain.

Que faut-il en penser ? difficile à dire, peut-être faut-il juste chercher à les comprendre en les observant à leur tour. Pour les trouver, positionnez-vous à proximité d'un Starbucks Coffee en ébullition le mercredi après-midi ou dans un quartier rempli d'étudiantes ayant fini leurs partiels, vous y croiserez peut-être l'un d'entre eux en train de ressentir à ce moment là une forme d'impunité agréable, cachés derrière un journal en terrasse d'un café, le tout en humant tranquillement cet air qui fleure bon pureté et ignorance.

Vous en conclurez alors qu'il existe des hommes sensibles au street barefooting féminin, que les jeunes femmes n'ont pas conscience du cadeau involontaire qu'elles offrent en bradant leurs pieds pendant 4 ou 5 mois par an. Vous vous direz surtout que tout ceci n'est en aucun cas une tentative de réponse à la question métaphysique posée par ce con de Lucien (notre philosophe grec en spartiates), mais plutôt un clin d'œil vinaigré sous la forme d'un pied de nez à l'hiver, ce voleur de nudité.

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