mercredi 28 octobre 2009

Roky Erickson, légende vivante désincarnée...



Vous avez dit psychédélique ?
"J'aurais pu être une légende... j'ai été une star du rock psyché... désormais je ne suis plus rien, ou presque." Voici comment pourrait se résumer la vie de Roger Kynard Erickson, alias Roky Erickson, musicien incontournable de la scène garage et psyché des années 60, qui reste injustement méconnu du grand public bien que considéré par les spécialistes comme le père fondateur du rock psychédélique.

Flashback
Roky est un guitariste compositeur texan né en 1947. En 1956, il crée son premier groupe, The Spades, à Austin. Cette première expérience sera décisive car elle lui permettra de rencontrer ses futurs musiciens lors de tournées au Texas : Ronnie Leatherman (bassiste), John Ike Walton (batteur), Stacey Sutherland (guitariste) et Tommy Hall, qui a la particularité de jouer de la cruche électrique. Cet instrument sera déterminant dans le projet qui réunira les 5 musiciens en 1966 : The 13th Floor Elevators.



Le groupe marquera l'univers musical des années 60 en définissant le concept de psychedelic music à travers ses morceaux, les artworks de ses pochettes d'album et sa philosophie de groupe basée sur la quête de la pureté mentale - en opposition à l'aliénation mentale - parfaitement illustrée par la citation préférée de Roky : "Le nouvel homme voit l'ancien homme (sous-entendu l'homme aliéné) comme l'ancien homme voit le singe" .

En 4 ans le groupe réussira à produire 3 albums : The Psychedelic Sounds Of The 13th Floor Elevators (1966), Easter Everywhere (1968), Bull Of The Woods (1969) et un live Live 66 en 1968, et cela malgré les excès de folie de Roky liés à une consommation très intensive de drogues hallucinogènes et non-hallucinogènes, problème d'ailleurs partagé par l'ensemble des membres du groupe. A cette époque, tous ont eu affaire avec la justice pour possession et consommation de drogues. Plusieurs d'entre eux furent d'ailleurs condamnés à des peines de prison. Roky, lui, y échappa en plaidant la folie au tribunal. "Je suis un martien" aurait-il déclaré au juge.

Le déclin de Roky
Pourtant, cette anecdote symbolisera à la fois la fin de la carrière de Roky Erikson et sa perte totale de toute forme de réalité. En effet, dans la foulée le groupe se sépare et Roky est enfermé dans un centre de détention strict dans lequel on lui administre des neuroleptiques à hautes doses. Roky en sortira  paranoïaque au bout de deux ans. Il se met alors à voir des extraterrestres ou le diable un peu partout. L'artiste va alors entamer un long chemin de croix durant lequel il restera dans l'ombre de longues années, ne signant que quelques compositions en solo ou en collaboration avec d'autres artistes, pendant ses rares moments de 'lucidité' (1975, 1980 pour l'album Roky Erickson & The Aliens, 1986 pour Don't slander me et 1987 pour The Holiday Inn tapes).

De la fin des années 80 à 2005, Roky ne produira plus rien. Il est en plein déclin physique et mental, et cela pendant plus de 10 ans. N'ayant jamais pu toucher ses droits d'auteur, son frère Summer interviendra juste à temps pour l'aider en montant la fondation Roky Erickson, destinée à collecter les fonds nécessaires pour le soigner. Il réussira même à le persuader de chanter à nouveau... c'est dans ce contexte qu'en 2008 le groupe écossais Mogwai l'invite à collaborer sur le titre Devil Rides que l'on peut retrouver sur leur maxi Batcap Ep. La voix de Roky, lancinante et envoûtante, interprète de façon très personnelle les paroles de ce titre qui évoque l'omniprésence de fantômes le poursuivant sans cesse :

Where evil dwells, I hide my face. In empty rooms, the ghostly chains. Did you miss me? I seemed so sure. Today seems longer, now you're gone. The devil rides right next to me. My broken thoughts, my last relief. Did you miss me? I seemed so sure. Today seems longer, now you're gone. Did you miss me? I seemed so sure. Today seems longer, now you're gone. Try as I might, I'll never understand. What's inside the hearts of strangers...

Le documentaire hommage

L'histoire de Roky Erickson inspira le réalisateur Keven McAlester. Emu par l'histoire de ce musicien à qui la vie n'a pas fait de cadeaux, il lui a consacré un documentaire : You're Gonna Miss Me, sorti en 2005. Sur certaines images, on le voit s'essayer à nouveau à la guitare et au chant, encouragé par ses proches. Cet hommage à Roky Erickson illustre bien les épreuves récurrentes auxquelles il a du faire face. Tourmenté par ses démons, ravagé par l'excès de drogues, il n'a jamais eu la reconnaissance qu'il méritait. Les images montrent pourtant que son talent ne l'a jamais quitté.


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