mardi 15 février 2011

Les nouvelles portes de l'âme 2/5


Vous nous demandez, chers lecteurs, qui sont ces individus contestataires qui se vêtissent de treillis et de vestes militaires. Votre sagacité vous a permis de relever, avec malice, cette curieuse manie qui consiste pour des anti-conformistes à arborer des uniformes, symboles de l’ordre établi et de la puissance des règles républicaines. Il est vrai que c’est assez cocasse. On envisage mal des manifestants s’habiller en policier, des syndicalistes fumer le cigare (à part Marc Blondel, mais c’était un patron déguisé), ou des anarchistes enfiler la soutane sans que ce soit pour mieux poser des bombes parmi les bourgeois qui les saluent. Difficile, on en convient, de rallier les foules à sa cause avec des signes extérieurs aussi incohérents. D’autant plus troublants si l’on songe aux gros chiens de race dont ces jeunes gens ne se séparent jamais. Des animaux d’ordinaires compagnons de l’ordre, qui se retrouvent à déambuler comme des prélats parmi les monceaux d’ordures agglutinés sur les lieux de culte de leurs maitres, à la recherche de détritus vaguement comestibles.
Les équipes de la mouche accueillies par une vestale
Vous avez raison. Comme cette époque est mystérieuse ! Mais nous vous répondrons, chers lecteurs, que parmi les lumières de l'intellectualité de notre temps, la Mouche avoue avoir un petit faible pour ces punks à chien. Ils font partie de cette frange audacieuse de jeunes qui s’attachent depuis la décennie dernière à renouveler les arts et spectacles de rue et, bien plus encore, à mettre la connaissance et la spiritualité au service du plus grand nombre.
L'innovation spirituelle en marche et en treillis.
Nous vous voyons sourciller. Et on vous imagine aisément vitupérer devant votre écran « Mon Dieu, la Mouche a été invitée à une fête de punks à chien, ça y est ils s’en font les ambassadeurs». Sauf que nous ne sommes pas journalistes et par conséquent nous ne sommes pas corruptibles. Contrairement à ces derniers, un voyage de presse organisé dans un SPA boueux de Bretagne ne suffit pas à nous convaincre qu’Yves Rocher est l’inventeur de la cosmétique végétale. Non plus qu’une visite dans un champ de pomme de terre normand en compagnie d’acheteurs McDonald’s ne nous convaincra de la vocation nutritive et profondément humaine, équitable et écologique du grand Ronald. Non. Encore une fois, nous ne sommes pas journalistes.
D’autres, plus perfides, nous diront « vous aimez les punks à chien parce qu’ils sentent la merde, et les mouches ça aime ça, la merde ». Pas faux. Mais pour vous dire le fond de notre pensée, puisqu’en vertu du sacro-saint principe de transparence, le monde entier est en droit de tout voir et de tout savoir, nous avons été séduits par la sensualité débordante de ces jeunes gens. Si nous étions publicitaires, ou directeur de rédaction du nouvelobs en mal de titre pseudo intellectuallo-racoleur nous parlerions d’une "tendance au nouvel hédonisme" et nous n’hésiterions pas à braver les interdits, à faire preuve de courage pour publier en une ce cliché emblématique du mouvement, au nom du devoir d’informer :
Les nouveaux hédonistes.
Nous avons enfin mis le doigt, chers lecteurs, sur ce qui dérange tant la société et la presse bien pensante : en réalité, les punks à chien ne se contentent pas de fucker la société, ils se font plaisir dans n'importe quelle circonstance. Comme un certain BHL, ils se caressent en public dès qu'ils le peuvent. Forcément, Le Figaro s'en trouve tout décontenancé, car ce privilège était jusqu'ici réservé à une élite conformiste, à des guides éclairés de notre époque : de BHL à Yann Anus-Bertrand, d'Alain Finkielkraut à Alain Minc, l'onanisme en public a toujours été réservé à une caste élue (la mouche précise qu'elle a bien dit caste, et non peuple élu). Le droit de se tripoter sur des plateaux de télévision, de se masturber en s'écoutant parler lui revient exclusivement. Et cet interdit, les punks à chiens osent le braver. La mouche ne peut que soutenir une telle initiative, un tel courage, une telle volonté d'en finir avec ces privilèges obscènes. 
"Fuck les intellectuels, moi aussi je me touche en public ! " 
Crie ce jeune qui atteint l'ataraxie.
La suite après la pub qui nous nourrit.

1 commentaire:

  1. "D’autant plus troublants si l’on songe aux gros chiens de race dont ces jeunes gens ne se séparent jamais. Des animaux d’ordinaires compagnons de l’ordre"

    Faux , la plupart des chiens de teuffeurs sont des bâtards, ressemblant fortement à des bergers allemand mais non ce sont belle et bien des bâtards.

    En ce qui concerne le treillis , à ma connaissance c'est uniquement pour le prix, effectivement en Bretagne (peut être ailleurs aussi) il y a souvent dans les marchés des vendeurs de militaria vestimentaire à pas cher du tout, moins cher qu'un décathlon etc ...

    et les ZAT dans tout ça ?

    RépondreSupprimer

Recettes les plus consultées