mercredi 16 février 2011

Ethique et Toc




Ce meilleur ouvrier de France nous fabrique une belle morale en bois.

Vous nous demandez ce matin, chers lecteurs, ce qui a bien pu piquer la Mouche pour qu’elle s’en prenne de la sorte à cette vénérable institution, à cette chapelle ardente qu’est le journalisme à la française. Nous sentons bien dans certains des messages que vous avez bien voulu nous adresser, toute l’amertume et l’incompréhension qui sont les vôtres face à des attaques qualifiées tantôt de « gratuites et lâches », « datées et pleines d’amalgames », « insultantes & indignes» ou « humiliantes pour une profession à vocation essentiellement humaniste » (celle-ci, je ne vous le cache pas, recueille toutes mes faveurs).
Il s’agit là d’une erreur d’interprétation et loin de nous l’idée d’offenser l’ensemble d’une profession parmi laquelle nous comptons bon nombre d’amis fidèles et TOTALEMENT dévoués. La mouche nourrit en effet une sympathie particulière envers ce que l’on nomme pompeusement la presse d’opinion et il nous semble nécessaire d’apporter quelques nuances à nos remarques. La première, et tout le monde applaudira la pertinence et l’originalité de l’argument : il est injuste et ingrat de considérer que les journalistes ne forment qu’une seule et même corporation. Dire de la presse féminine, la presse politique, la presse grande conso, la presse économique ou encore sportive qu’elles partagent les mêmes valeurs, les mêmes pratiques et les mêmes centres d’intérêts est en soi profondément faux et injuste. Cela, tout le monde en convient. Mais cela fait partie de ces évidences que les citoyens consommateurs aiment à se rappeler car, s’ils sont épris d’universalité, ils aiment en général la trouver dans les lieux communs. Idées incritiquables, blagues de bon goût, herbes fraîche, eau claire, là rien à dire.
Et pourtant, tous les représentants de la presse, du torchon sensationnaliste au grand magazine engagé possèdent en commun la même carte. De presse. Il est vertigineux de considérer que de ce prestigieux identifiant corporatiste, sont aussi bien titulaires les plus grands éditorialistes de notre temps (des hommes et des femmes visionnaires qui contribuent à faire avancer le débat en brassant des idées et en disséquant la société de leur plume aiguisée comme des scalpels), que d’infâmes scribouillards qui cachetonnent aux faits divers en végétant dans un entresol moisi du XIème, ressassant leur aigreur de ne jamais être parvenu à se faire considérer comme des signatures. Vous noterez que, ironiquement, l’égalité peut être injuste et cela, avec détermination, nous le dénonçons, car nous savons qu’il existe des gens de talent parmi les journalistes, tout comme nous savons que tous les publicitaires ne sont pas frappés de l’incontinence verbale du vieux Séguéla, qui lorsqu’on l’entend, nous fait regretter de ne pouvoir nous essuyer les oreilles avec un papier adapté (doux, moelleux, résistant et pas cher, comme une caresse sur vos tympans).
Maintenant que vous avez compris que nous ne souhaitons pas jeter le discrédit sur tous les journalistes, et que nous restons, à jamais, épris de justice, penchons-nous sur l’épineuse question de la moralité de nos amis les punks à chiens. On nous dit que ces derniers seraient à la spiritualité ce que Stéphane Guillon est à l’humour subtil : le degré 0,01 (juste un cran avant que le cerveau ne gêle).
Ainsi, certains d’entre vous qui vous passionnez pour les débats initiés par les guides spirituels de notre temps, vous êtes sentis violés par la métaphore de la masturbation publique que nous avons employée pour caricaturer, à gros traits certes, le niveau d’ivresse égotiste de vos prélats. On nous rapporte que la comparaison avec les punks à chien aurait été ressentie comme brutale et vulgaire, qu’elle participe, accrochons-nous, à une volonté de marginaliser les penseurs, car nous sommes dans une époque qui veut tuer l’intelligence. Tant et si bien qu’assimiler les indétrônables élites de la pensée à des marginaux reviendrait à leur faire perdre tout crédit auprès d’une jeunesse déjà perturbée par la régression du niveau de l’éducation nationale. La belle affaire. La régression de la jeunesse, ce n’est qu’un retour au stade anal et ça, les punks à chien ont su le comprendre avant tout le monde. De tous temps (formule soufflée par Priscilla, notre cousine qui passe le brevet cette année) l’avant-garde a été moquée, critiquée, dévalorisée, pourchassée, arrêtée, séquestrée, humiliée. Alors Zob. Les penseurs, on s’en branle nous aussi. Justement.
La suite après la pub qui nous nourrit.

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