jeudi 24 février 2011

Kadhafi, icone de pub.

Mouammar, à propos duquel la légende voudrait que Jack Lang n'ait pu réprimer un rosissant commentaire "quel bel homme ! " lorsqu'il vint planter sa tante dans les jardins de l'hotel de Marigny, a curieusement été peu utilisé en publicité. Pourtant, carrure sportive, port altier, cheveux frisés et regard noirs de jais, prestige de l'uniforme, goûts pour les tentes auraient pu en faire une icone gay SM. Ou un fantasme de MILF. Mais non, rares sont les marques ayant capitalisé sur la photogénie du guide de la révolution de la Jamahiriya.


Ma signature a le pouvoir de pisser sur une pétition.
Pardon, dans un violon.

Mais utiliser l'image d'un dictateur en publicité est un exercice périlleux à double titre. En premier lieu parce que cela peut sembler super facile pour des publicitaires de nous mettre (nous, les masses pensantes, l'opinion publique) de leur côté sur une cause entendue pour vendre une idée (pas nécessairement politique) ou un produit : "regardez cet homme qu'on vous présente, il incarne le mal, vous ne pouvez qu'être d'accord avec nous si on le tourne en dérision". Notre raison se fait kidnapper, prendre en otage. Si on adhère pas au message, on est un gros enfoiré.

Faire appel à l'imagerie populaire du tyran, c'est renvoyer les foules à leur représentation fantasmée d'une tyrannie qu'ils ne connaissent pas car, forcément, il n'y a que dans les démocraties qu'on peut se livrer à ce genre de fantaisie marketing. Il est notable que les grandes causes et autres associations philanthropico-droitdelhommistes (y compris les plus foireuses) ont beaucoup recours à cette technique, ce qui achève d'annihiler l'esprit critique.


Derrière le despote, l'homme de media.

Non seulement, donc, l'exercice est convenu, mais il est lâche et irrespectueux pour les consommateurs-citoyens (nouveau mot valise à rallonge censé prendre acte de la conscience et de la responsabilité des masses bêlantes). En effet, ce que nous disent les publicitaires c'est : " les gars, on sait que c'est facile, mais de toute façon on vous soupçonne pas d'être capable d'avoir un autre avis". A l'ouest, le terrain psychologique a déjà été soigneusement préparé par les médias et les méchants sont tous désignés.

Sur le fond, c'est également périlleux car se servir de l'image d'un tyran, c'est toujours le servir. Mouammar, Kim-Jong-il, Mugabe s'en branlent comme de leur premier opposant disparu d'être caricaturés dans la presse des gentils. Au contraire même, ça sert leur image de despote légendaire. Ca nourrit leur mythe personnel.


Les suisses remettent les pendules à l'heure.


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