mardi 6 juillet 2010

The Gaslight Anthem enfonce le clou

Avec son précédent effort (The '59 Sound), The Gaslight Anthem avait frappé un grand coup. De ceux dont il est difficile de se relever : 12 hymnes (anthem) punk-folk dans la lignée d'Against Me !, une science imparable du chorus qui fait mouche, un panache et une force d’évocation sans pareils. Passé, présent et futur réunis en un seul jukebox. Au bout du compte, un album unanimement salué par la critique, 100 000 copies écoulées sans le moindre soutien des radios et un auditeur vaincu par KO à la douzième reprise.

Difficile dans ces conditions de ne pas céder à la redite. American Slang débute pourtant là où s’arrêtait The '59 Sound : dans les plaines d’un arena rock sincère et généreux. Mais plutôt que de démarrer en trombe pour une virée express dans l’Amérique banlieusarde, ce troisième opus nous offre 35 minutes au volant d’une Lincoln un soir de retour. Celui d’un frontman parti pour Brooklyn mais qui n’oubliera jamais les rives de l’Hudson. « I’ve got your name tattooed inside of my arm » scande le titre éponyme dans une déclaration à vous redonner la foi.



American Slang s’éloigne du punk des origines pour des sentiers jonchés de folk, de soul et de blues. En route, les quatre du New Jersey affirment encore un peu plus leur filiation avec les grands de l’Americana, Bruce Springsteen en premier. Un encombrant voisin longtemps dissimulé sous les tatouages mais désormais assumé avec la simplicité de ceux qui ne cachent plus leurs origines. « The clothes that I wore just don’t fit my soul anymore » semble regretter Orphans comme si les atours punk étaient devenus trop étroits. L’époque où on jouait le plus fort possible pour se faire remarquer s’éloigne. Brian Fallon, 30 ans, regarde dans les yeux l'Amérique qui grandit à l'ombre des gratte-ciels ; le temps qui passe défile à vive allure dans le rétroviseur.


Plus risqué et ambitieux que son prédécesseur, American Slang n’en oublie pas ses origines working class. En découle un précipité de morceaux de bravoure directs et entêtants et de compositions auxquelles il faut laisser le temps de décanter. We Did It When We Were Young conclut cet opus sur la preuve de cette maturité nouvelle : plutôt que de livrer un crescendo attendu, l’album s’achève dans un soupir. Superbe.

Avec le culot de ceux qui avancent sans rien renier, American Slang perd en immédiateté ce qu'il gagne en profondeur. Au fil des écoutes, ses dix compos d'une cohérence parfaite l’imposent comme un classique à ranger entre London Calling et Born to Run ; une bande son idéale pour road trip estival ; une fenêtre sur le passé qui ouvre la porte à  bien des futurs. L’anachronique « recorded in full frequency stereo sound » de la pochette sonne comme un avertissement : le songwriting impeccable de Brian Fallon a quelque chose d’intemporel. Comme la nostalgie d’une époque que l’on n’aurait pas (encore) connue.

The Gaslight Anthem – American Slang (SideOneDummy Records), disponible depuis le 15 juin.

1 commentaire:

  1. Que c'est bien dit, je n'aurais pas mieux traduit ma pensée concernant ce génialissime album !!!
    Juste un regret : pourquoi aucune date de concert en France ???
    Lascotte

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